Dans les dessins de…

Caroline Merola

Chaque semaine, Pause vous fait découvrir le travail d’un illustrateur ou d’une illustratrice.

Avec ses animaux colorés, ses monstres attachants et ses personnages énergiques, Caroline Merola a illustré plus de 50 livres jeunesse. Son style ? « Le réalisme magique, répond l’illustratrice et auteure. J’aime les histoires du quotidien, auxquelles j’ajoute juste un petit quelque chose de bizarre. Mes livres ont toujours une petite twist, une affaire à l’envers. Les enfants aiment ça. La lecture devient un jeu. Les profs que je rencontre me disent que même les petits garçons aiment ça. »

Son atelier loge à l’étage d’un duplex du quartier Ahuntsic, à Montréal. De grandes fenêtres laissent entrer la lumière – et les petits personnages farfelus. « Je n’ai jamais l’angoisse de la page blanche, indique l’artiste, particulièrement simple et accueillante. Souvent, je commence à dessiner, et l’inspiration vient. Le dessin a un pouvoir d’évocation. »

Encre et crayon

C’est d’abord au crayon à mine que Caroline Merola travaille le scénario-maquette (story-board) de ses albums. « Puis, je fais des crayonnés détaillés, toujours à la mine, explique-t-elle. Je travaille les ombres et la mise en pages. C’est ce que je présente aux éditeurs. » La troisième étape consiste à retracer les dessins sur des cartons, avant de les colorer à l’encre et aux crayons de bois. « Comme c’est de l’encre soluble, il ne faut pas postillonner ou échapper du café », observe-t-elle en riant. Les illustrations sont enfin remises à la maison d’édition, souvent en mains propres, littéralement.

« Je raconte ce que j’ai le goût de raconter, dit Caroline Merola, qui est à la fois l’auteure et l’illustratrice de plusieurs de ses livres. Ça me permet de toucher 10 %, alors que les illustrateurs reçoivent normalement 5 % [NDLR : il s’agit des redevances versées sur le prix de vente des livres], mais ce n’est pas pour ça que je le fais. Je me trouve vraiment privilégiée de faire mes trucs personnels et que ça soit publié. »

Les livres de Caroline Merola ont été traduits en anglais, mais aussi en espagnol, en arabe, en tchèque, même en coréen – c’est le cas de son album Lili et les poilus, dont les illustrations lui ont valu le prix du Gouverneur général en 2011.

« Le bon côté de cela, c’est que parfois on m’invite à l’étranger. Je suis, par exemple, allée à la Foire internationale du livre de Séoul. J’ai rencontré les gens, je suis allée dans des écoles, ce n’est pas une visite en surface comme quand tu es un touriste. »

— Caroline Merola

De père en fille

Toute petite, Caroline Merola dessinait déjà. Son père est le sculpteur, muraliste et peintre Mario Merola, à qui on doit notamment l’impressionnante verrière du métro Charlevoix et l’incandescente sphère orangée du métro Sherbrooke. « À 13 ans, j’ai compris qu’on pouvait faire des dessins pour des livres, dans la vie, se souvient Caroline Merola. Mon rêve était de faire des albums en couleurs. Je les trouvais tellement merveilleux. » Après un baccalauréat en beaux-arts à Concordia, elle a fait des bandes dessinées et des contrats d’illustration, avant d’être happée par l’album et le roman jeunesse.

Les illustrations de Maurice Sendak, connu pour Max et les maximonstres, et de Tomi Ungerer, derrière Les trois brigands, habitent Caroline Merola.

« Les livres des années 60 m’inspirent beaucoup. Ils avaient beaucoup de liberté, à l’époque, et c’est encore très bon, particulièrement audacieux. »

— Caroline Merola

Tout comme le travail de Caroline Merola, comme on le constate en savourant La bête à 4 z’yeux, qui vient de paraître chez Édito jeunesse. Les animaux de la forêt, dont un renardeau vêtu d’un pantalon rouge, y craignent un monstre à quatre yeux, dont l’existence est rapportée par une (fausse) rumeur. C’est à la fois rigolo, mignon et hardi.

Le retour de la petite bestiole

Ses prochains projets ? Caroline Merola a illustré le documentaire poétique À qui le coco ?, de Mireille Messier, qui paraîtra au printemps chez L’Isatis, ainsi qu’un prochain livre d’Angèle Delaunois. Elle planifie également la suite de L’histoire de la petite bestiole, adorable conte aux revirements inattendus, dont elle est aussi l’auteure, publié à La courte échelle.

« Depuis cinq ans, je me consacre entièrement aux albums, souligne-t-elle. C’est une joie, pour moi, de travailler la couleur. Il y a des artistes qui font des trésors quand ils sont jeunes. Moi, j’ai mis du temps avant de devenir bonne. J’espère devenir encore meilleure… »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.