Critique

Les racines du bien

Act of God
Texte et mise en scène de Marie-Josée Bastien et Michel Nadeau
Au Prospero jusqu’au 11 février
3 étoiles

Présentée il y a trois ans à Québec, Act of God arrive enfin à Montréal. Un cas exemplaire de coproduction de qualité en provenance de Québec.

La catastrophe comme moteur dramatique et comme métaphore. Voilà un beau sujet qu’ont développé ici avec doigté Marie-Josée Bastien et Michel Nadeau.

Deux couples sont bouleversés par une tragédie commune. L’un est formé d’un biologiste obsédé par les racines d’arbres et les champignons et d’une femme qui a fait fortune dans les bulles technologiques.

L’autre couple ami est composé d’un photographe de guerre attiré par la violence qu’il capte en images et d’une enseignante de physique au secondaire fascinée par le boson de Higgs.

Entre eux (à cause d’eux ?), des enfants malheureux. Des ados laissés à eux-mêmes, tentés par le péril extrême, voire le suicide.

La pièce et la mise en scène de Marie-Josée Bastien et de Michel Nadeau renvoient au cinéma. Act of God fourmille de flash-avant, flash-arrière, gros plans, suspense, action, plans-séquences et scènes courtes entremêlées…

Dans un récit non linéaire et haletant, et par moments incompréhensible malheureusement, la « caméra » des artisans de la pièce nous promène du Québec au Japon en passant par le Moyen-Orient.

La pièce y gagne en action et en suspense, mais y perd parfois en émotion.

Les comédiens réussissent cependant le tour de force de passer d’un rôle à l’autre pour défendre le mal-être de ces contemporains trop occupés à réussir leur vie professionnelle et qui oublient leurs proches.

Dans ce contexte à risque, les accidents sont inévitables, les catastrophes surviennent. L’erreur est humaine et la nature a horreur du vide, pourrait-on ajouter.

C’est là que la thèse des dramaturges prend toute sa force. Au-delà de l’anecdotique et des petits gestes du quotidien, du cynisme des plus jeunes et des désillusions de leurs aînés, des forces innées agissent, aidant à refaire les solidarités.

Les catastrophes, naturelles ou pas, bouleversent les vies humaines. Mais la nature, humaine ou non, sait recréer les liens, refermer les blessures. À l’envers du mal, quand on croit que tout est perdu, quelque chose comme… les racines du bien.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.