Parti conservateur  Maxime Bernier

En campagne avec l’Albertain de la Beauce

La Presse a accompagné Maxime Bernier durant une récente visite de deux jours à Calgary pour mieux jauger l’appui qu’il obtient dans cette province, bastion du mouvement conservateur au pays.

CALGARY, le lundi 10 avril

11 h 00 UN PREMIER FAN

Maxime Bernier entre dans l’aire de récupération des bagages de l’aéroport international de Calgary. Un autre voyageur, David Ramson, qui travaille dans le secteur pétrolier à Calgary, l’interpelle : « Je suis votre campagne avec intérêt. Je suis membre du Parti conservateur et je compte voter pour vous. » Maxime Bernier lui serre la main tout en prenant sa carte d’entreprise. « Je vais vous appeler au cours des prochains jours », lui dit-il.

11 h 10 LA STRATÉGIE

Dans le VUS conduit par un chauffeur bénévole, Maxime Bernier explique à La Presse la stratégie qu’il entend suivre au cours des deux prochaines semaines. D’abord s’entretenir avec les députés et sénateurs conservateurs qui n’ont pas encore choisi leur camp pour les convaincre de se rallier au sien. Puis téléphoner aux députés et sénateurs qui appuient les autres candidats pour les convaincre de l’appuyer aux deuxième, troisième et quatrième tours du vote. Cela fait déjà un an qu’il fait campagne pour diriger le Parti conservateur.

11 h 45 LE PLUS RICHE

À l’hôtel Delta du centre-ville, Maxime Bernier est accueilli par son principal organisateur de l’Alberta, Art Agolli, PDG de Petrosonic Energy, qui fait un survol des rencontres prévues durant son séjour de deux jours. Il lui fait aussi un rapport des dons obtenus et des objectifs à atteindre. « Nous avons 85 000 $ en salaires à payer par mois, en plus des dépenses de voyage et autres. Il faut continuer sur notre lancée », explique Maxime Bernier, rappelant que sa campagne avait recueilli près de 2 millions de dollars jusqu’ici, loin devant les autres candidats dans la course.

12 h 15 ENCORE UN APPUI

Art Agolli, qui a passé près de 20 ans à Washington avant d’œuvrer dans le domaine financier à Calgary, escorte à pied Maxime Bernier à sa toute première rencontre de la journée, chez Peters & Co., une firme qui se spécialise dans les investissements dans le secteur pétrolier et gazier. Maxime Bernier se fait de nouveau interpeller par un automobiliste en train de garer sa BMW. L’homme est un Québécois qui vit en Alberta depuis 10 ans. Les deux hommes échangent sur l’allure de la course, et son interlocuteur lui souhaite bonne chance.

12 h 30 « 40 SIÈGES AU QUÉBEC »

Dans les locaux de Peters & Co., Maxime Bernier est accueilli par les principaux dirigeants de la firme. Une douzaine d’employés s’installent autour de la table. Maxime Bernier avale la moitié de son sandwich rapidement. « L’Alberta est mon deuxième chez-moi, leur dit-il. Je crois au libre marché. Notre campagne va bien ici parce que je défends des principes fondamentaux : la liberté individuelle, la responsabilité, le respect et l’équité. Si je gagne, ces engagements seront au cœur de la plateforme du Parti conservateur durant les prochaines élections. » Il énumère les principaux : abolir la gestion de l’offre, mettre la hache dans les subventions aux entreprises, réduire les impôts des particuliers et des entreprises une fois l’équilibre budgétaire rétabli. « Le cartel des produits laitiers ne me fait pas peur », prend-il soin aussi de souligner. Durant la rencontre d’environ une heure, on lui demande comment il pourra vendre de telles idées au Québec, s’il appuie la construction de nouveaux pipelines, mais surtout, comment il s’y prendra pour battre Justin Trudeau. « La majorité des Québécois sont d’accord avec mes idées, répond-il. Le Québec est l’endroit où les impôts et les taxes sont les plus élevés. Je peux gagner 40 sièges au Québec. »

14 h 30 OPÉRATION SÉDUCTION

Art Agolli juge que le discours devant les employés de Peters & Co. a été bien accueilli ; cela devrait se traduire par de nouveaux dons. La BMW conduit le candidat au Ranchman’s Club, où il doit donner des entrevues. Maxime Bernier en profite pour téléphoner à une députée provinciale du Wildrose, Leela Aheer, qui serait tentée de l’appuyer. « J’endosse votre document de réflexion sur la réforme du programme de péréquation, lui affirme Maxime Bernier. Je veux que ce programme soit plus équitable pour des provinces comme l’Alberta. Ce programme est un piège à pauvreté pour ma propre province. » L’appui de Mme Aheer sera confirmé le lendemain.

15 h 00 « UN VRAI CHEF CONSERVATEUR »

Maxime Bernier accorde une entrevue au chroniqueur Rick Bell, du Calgary Sun. Le député de Beauce étale son credo conservateur. Le chroniqueur n’en croit pas ses oreilles. « Après toutes ces années, le Parti conservateur va avoir un vrai chef conservateur pour la première fois », lance Rick Bell. Maxime Bernier révise ensuite le discours qu’il doit prononcer mardi matin à Edmonton, alors qu’il doit confirmer l’appui de huit députés provinciaux de l’Assemblée législative.

18 h 00 DANS LE « WESTMOUNT » DE CALGARY

Art Agolli a organisé une levée de fonds au domicile de Patricia Moore, femme influente dans les cercles conservateurs reconnue pour ses activités philanthropiques. La maison est située sur l’avenue Prospect, dans un des quartiers huppés de Calgary. En brouille avec le Parti conservateur sous Stephen Harper, Mme Moore est revenue au bercail et compte appuyer Maxime Bernier. Une trentaine de militants de longue date sont présents. Maxime Bernier reprend certains des thèmes évoqués durant sa première rencontre et répond à chacune des questions qui lui sont posées.

19 h 30 « TO FREEDOM ! »

Maxime Bernier et Art Agolli filent en direction de l’Université de Calgary, où des membres du club étudiant du parti l’attendent. Cette rencontre est jugée cruciale pour obtenir des votes mais aussi recruter des bénévoles. Bière et nachos succèdent au vin et amuse-gueules. « Maxime Bernier propose de vraies idées conservatrices. Il est l’Albertain du Québec. Il est le meneur de cette course », s’exclame Nick Kardash, président du club étudiant, en présentant son invité. « J’aime beaucoup être en Alberta. C’est comme mon deuxième chez-moi. Vous comprenez comment ça fonctionne, l’économie », lance le candidat après avoir enlevé son veston et roulé ses manches de chemise. Après son discours, Maxime Bernier saisit un verre de bière et propose un « toast » : « To freedom ! » Les jeunes lèvent leur verre en répétant ses mots. Parmi eux, on remarque Katie Harper, la nièce de l’ancien premier ministre Stephen Harper. Maxime Bernier prend ensuite le chemin de l’aéroport pour son vol de 23 h pour Edmonton.

EDMONTON et CALGARY, le mardi 11 avril

h 00 LE PLEIN D’APPUIS

Maxime Bernier rencontre les huit députés provinciaux de l’Alberta qui ont décidé de l’appuyer, soit sept députés du Wildrose (qui forme l’opposition officielle) et un du Parti progressiste-conservateur. C’est plus que tous les autres candidats à la direction du parti. « Je suis heureux d’appuyer l’Albertain du Québec. Maxime a peut-être un accent français prononcé quand il parle anglais, mais il parle surtout la langue du bon sens si cher à l’Alberta. Il est le seul candidat qui défend les intérêts de l’Alberta. Il veut réformer le programme de péréquation. Il veut faire le ménage des finances à Ottawa. Il représente véritablement mes intérêts et ceux de mes commettants », affirme le député du Wildrose Derek Fildebrandt. 

12 h 25 PAS DE PASSE-DROIT EN BEAUCE

Maxime Bernier juge plus utile de faire le trajet de retour vers Calgary en voiture pour appeler d’autres députés et sénateurs. Ses organisateurs ont organisé un « Meet and Greet » Maxime sur l’heure du midi au Metropolitan Convention Center de Calgary. Quelque 300 personnes l’attendent. Son discours d’une trentaine de minutes est ponctué de blagues et il est applaudi à plusieurs reprises. Il raconte notamment qu’il avait opposé une fin de non-recevoir à une demande d’un constructeur de vélos de sa circonscription de Beauce d’imposer des tarifs sur les vélos fabriqués en Chine. « Cela aurait eu pour effet d’augmenter le coût de chaque vélo de 95 $ environ. Je ne voulais pas que les Canadiens paient plus cher pour leur vélo simplement pour protéger une entreprise dans ma circonscription. Aujourd’hui, cette même entreprise fabrique des vélos haut de gamme qui se vendent plus de 3000 $. La moitié des coureurs du Tour de France achètent leur vélo de cette entreprise ! » Il conclut avec cet avertissement : « Je ne vais pas créer des emplois. Je ne veux pas d’un gros gouvernement. Je veux que ce soit vous qui créiez des emplois. »

14 h 30 COMMENT BATTRE TRUDEAU ?

Dernier grand rendez-vous de la tournée : Maxime Bernier se rend dans les locaux de Canoe Financial afin d’y rencontrer Rafi Tahmazian, un haut dirigeant de l’entreprise qui se spécialise dans les investissements dans le secteur pétrolier et gazier, et Clay Riddell, milliardaire de Calgary qui a fait fortune dans les ressources naturelles. Tahmazian bombarde son invité de questions. « Je trouve ton programme assez audacieux. Mais comment vas-tu t’y prendre pour battre Trudeau ? » « Les gens ne vont pas voter pour moi parce que j’ai de beaux cheveux ou de beaux yeux, répond le Québécois. Ils vont voter pour moi parce que j’ai les bonnes idées. Des idées fondées sur la liberté et la responsabilité individuelle. »

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