Opinion

La décennie de l’innovation au Québec

Le chroniqueur économique Francis Vailles a rapporté récemment les propos l’économiste de la Banque Nationale qui décrivait ainsi la vigueur de l’économie du Québec : « Il se passe de quoi. »

Ces cinq mots résument parfaitement la situation.

Rien n’est à tenir pour acquis et nous ne sommes pas à l’abri d’un ralentissement économique mondial. Mais, dernièrement, le Québec réussit très bien.

L’innovation au Québec est florissante. Les perspectives de croissance sont plus grandes qu’avant et qu’ailleurs, et les investisseurs le comprennent clairement en travaillant avec de plus en plus d’entreprises performantes.

Le Québec peut maintenant compter sur une chaîne de financement forte et sophistiquée. Le capital est disponible et accessible, et les investisseurs sont présents pour soutenir les entreprises dans leurs projets d’innovation et de croissance.

En effet, 2019 sera probablement encore une année record en capital de risque pour le Québec (investissements dans les jeunes entreprises au fort potentiel de croissance). Après les trois premiers trimestres, on avait atteint en dollars le même niveau que pour l’année complète en 2018. Excellente performance également en ce qui concerne le capital de développement (investissements dans les entreprises établies qui veulent croître significativement), où le Québec enregistre six transactions en capital de développement sur dix au Canada !

Le Québec arrive au 44e rang des plus importantes économies du monde et il ne peut compter sur sa population et la taille de son marché pour être compétitif. Il est essentiel d’accroître notre capacité d’innovation et il est donc crucial de soutenir les entreprises pour ce faire.

Nos politiques publiques doivent non seulement l’encourager, mais le provoquer.

Un signal clair pour stimuler l’innovation

Pas besoin de chercher bien loin pour trouver l’inspiration. Depuis 20 ans maintenant, on a réussi de belle façon au Québec à faire de la formation et du développement de la main-d’œuvre une priorité. Cela s’appuie sur un travail de sensibilisation et, surtout, par le passage à l’action en entreprise. Avec une loi, le gouvernement a même obligé les entreprises à investir un minimum de 1 % de leur chiffre d’affaires en formation, en exigeant de celles qui ne le font pas qu'elles versent une contribution à un fonds collectif.

Pourquoi ne pas appliquer l’approche à l’innovation ? Le duo « carotte et bâton » fonctionne pour la formation et on peut penser qu’il en serait de même pour l’innovation.

En complément aux mesures incitatives existantes, le gouvernement pourrait facilement appuyer l’innovation dans les entreprises pour lesquelles ça compte par une approche plus « contraignante », tout en évitant d’ajouter une lourdeur bureaucratique comme il a réussi à le faire avec le temps pour la formation.

L’idée mérite en tout cas d’être évaluée et discutée.

L’exigence d’innover

Une telle approche favoriserait une sensibilisation accrue à l’égard de l’importance d’innover à tous les niveaux de l’entreprise. C’est d’autant plus nécessaire que plusieurs PME n’ont pas les moyens ni la pression d’innover en raison notamment d’un manque de main-d’œuvre et d’une pleine capacité de production, mettant de côté des projets qui pourraient améliorer leur compétitivité et leur permettre de croître.

Donnons les moyens à nos entreprises d’ici de se développer à leur plein potentiel, de croître et de devenir des fleurons. Le Québec est dans une position favorable pour le faire.

Ne laissons pas cette occasion passer.

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