Élections fédérales 2015

« C’est du bonbon pour nous »

QUÉBEC — La scène se passait à bord de l’autocar conservateur en route pour Trois-Rivières, il y a 10 jours. Le lieutenant politique de Stephen Harper au Québec, le ministre des Affaires intergouvernementales Denis Lebel, breffait ses candidats sur les éléments à mettre en relief durant la conférence de presse qui allait porter sur le niqab.

« C’est du bonbon pour nous, ce dossier », laisse tomber Gérard Deltell, candidat conservateur dans la circonscription de Louis-Saint-Laurent, dans la région de Québec.

« Notre position sur le niqab est très claire. Elle reflète le gros bon sens des Québécois. Mais le NPD et le Parti libéral, leur position est très floue », ajoute le candidat-vedette. « Les gens de la communauté musulmane de ma circonscription nous appuient. Ils me disent que le port du niqab n’est pas une question religieuse, mais un choix culturel. Notre position confirme que nos valeurs conservatrices sont aussi des valeurs québécoises », renchérit un autre candidat de la région de Québec, Pierre Paul-Hus.

COUP DE TONNERRE

Gérard Deltell ne croyait pas si bien dire. La décision des conservateurs de promettre de légiférer au cours des 100 premiers jours pour interdire le port du niqab durant les cérémonies de prestation du serment de citoyenneté a retenti comme un coup de tonnerre dans le ciel durant cette campagne électorale. Cet enjeu a d’ailleurs donné lieu à de vifs échanges durant le débat des chefs en français, jeudi soir à Montréal.

En route sur l’autoroute 40, en ce mercredi 16 septembre, Denis Lebel n’hésite pas à consulter ses deux collègues sur les éléments de l’annonce. Il acquiesce en entendant les commentaires de ses deux collègues et écoute les suggestions de la responsable de la campagne des conservateurs au Québec, Catherine Loubier. Il rappelle aussi que le gouvernement Harper avait déposé un projet de loi en ce sens en juin et insiste que cette mesure est pleinement justifiée.

Quand la délégation conservatrice arrive finalement à Trois-Rivières, après une heure de route, Denis Lebel est le premier à sortir. Il serre la main du candidat local, Dominic Therrien, et de plusieurs des quelque 50 militants venus assister à la conférence de presse. Il échange quelques mots avec certains d’entre eux avant de revoir une dernière fois le plan de match de l’annonce avec Dominic Therrien, ancien joueur de baseball devenu avocat spécialisé dans le droit de l’immigration, et ses autres collègues dans une pièce attenante.

Après l’annonce, les candidats se réunissent à nouveau dans la salle privée pour discuter des dossiers chauds de la campagne. Denis Lebel écoute attentivement les propos des uns et des autres. 

Dans son for intérieur, il sait toutefois que les conservateurs se sont nettement démarqués des autres partis politiques qui aspirent à prendre le pouvoir sur la question du niqab. Et que cet enjeu pourrait faire la différence entre une victoire et une défaite dans certaines circonscriptions.

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