discipline des ados

Les parents québécois plus américains que français

Les parents ont des relations très semblables avec leurs jeunes adolescents au Québec et aux États-Unis, selon une nouvelle étude québécoise. Les enfants de 11 à 15 ans sont traités avec beaucoup moins de contrôle et de discipline ici qu’en France.

« Je pensais que le Québec serait au milieu entre la France et les États-Unis pour les parents d’ados », explique Michel Claes, professeur de psychologie à l’Université de Montréal, qui a présenté ses résultats au dernier congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) à Montréal, plus tôt en mai. « Mais finalement, les résultats sont presque identiques à ceux des États-Unis. »

Grosso modo, selon les évaluations faites auprès de 1700 adolescents de cinq pays, les parents québécois et américains sont plus proches sur le plan affectif de leurs jeunes adolescents, moins enclins à contrôler leur comportement et moins sévères si l’enfant ne respecte pas les règles.

Les mères françaises sont cependant presque aussi proches affectivement que les mères québécoises, et les pères français ont recours à des punitions plus sévères que les mères françaises, qui ont toutefois des résultats plus élevés que les Québécois.

Si on demandait par contre aux parents s’ils étaient proches affectivement de leurs enfants, ils répondaient la même chose tant aux États-Unis, au Québec, en France et au Mexique. Les autres réponses des parents reflétaient mieux les perceptions des adolescents des différents pays.

Au Québec, les punitions et la proximité affective ne changent pas beaucoup au fil de la préadolescence et du début de l’adolescence. Le contrôle parental, par exemple l’heure de rentrée et de coucher ainsi que les notifications quand on va ailleurs qu’à la maison après l’école, diminue beaucoup durant cette période, selon M. Claes. Les garçons s’estiment plus souvent victimes de punitions et plus contrôlés que les filles. Cela dit, très peu d’enfants de moins de 16 ans n’ont aucun couvre-feu, dans les cinq pays.

Cette permissivité est-elle une bonne chose ? « En France, il y a encore des parents qui donnent une gifle à leur adolescent, déplore M. Claes. En Amérique du Nord, on a des sociétés plus individualistes où l’enfant n’est pas lié, rattaché à ses parents. On favorise l’autonomie. Certains diront que le Québec est une société molle, mais je ne tombe pas dans ce genre d’analyse, je crois que nous sommes une société plus moderne. J’ai un collègue suisse qui a comparé les gens des montagnes et de la ville et a constaté que plus les gens sont scolarisés et citadins, plus ils sont tolérants envers leurs adolescents et plus ils ont recours à la négociation en cas de difficulté. »

Le Mexique avait des scores comparables à ceux de la France, alors que les parents d’ados italiens se trouvaient dans une position mitoyenne entre le pôle Québec- États-Unis et le pôle France-Mexique.

Les parents d’ados en France et au Québec

CONTRÔLE DES MÈRES QUÉBÉCOISES 

33,1

CONTRÔLE DES MÈRES FRANÇAISES 

36,8

CONTRÔLE DES PÈRES QUÉBÉCOIS 

20,2

CONTRÔLE DES PÈRES FRANÇAIS 

24,5

PUNITIONS DES MÈRES QUÉBÉCOISES 

19,4

PUNITIONS DES MÈRES FRANÇAISES 

22,9

PUNITIONS DES PÈRES QUÉBÉCOIS 

19,8

PUNITIONS DES PÈRES FRANÇAIS 

24,4

LÉGENDE : Résultat des mères et des pères à une échelle de contrôle parental (savoir où son adolescent va passer la soirée, heure de rentrée) et de style disciplinaire (punitions ou sanctions), selon la perception des adolescents. L’échelle du contrôle va de 9 à 45 et celle de la discipline, de 10 à 50.

SOURCE : Université de Montréal

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