EN BREF

Pour l’économie britannique, jusqu’ici, tout va bien

BREXIT

L’économie britannique semble pour l’instant déjouer les pronostics en affichant une bonne santé malgré le vote pour le Brexit, mais les analystes préviennent que le ciel risque de s’assombrir dans les prochains mois. Les statistiques officielles les plus récentes sont quasi unanimes pour montrer que l’activité n’a pas marqué le pas depuis le référendum du 23 juin, à la grande surprise des analystes qui avaient déjà intégré dans leurs prévisions un ralentissement de l’économie. L’économie britannique tient bon, à l’image des ventes au détail, publiées hier, qui ont nettement rebondi de 1,4 % en juillet, bien plus que prévu par les analystes, ce qui laisse penser que les consommateurs n’ont pas changé leurs habitudes. Les magasins ont même pu compter sur les dépenses des touristes dont le pouvoir d’achat se trouve gonflé par la faiblesse de la livre. — Agence France-Presse

Analyse

Une autre année de croissance anémique

La difficulté du Québec à exporter jusqu’ici cette année lui fera sans doute rater encore une fois la cible de croissance visée par le ministère des Finances.

Dans son budget, le ministre Carlos Leitao avait tablé sur une augmentation de 2,8 % des volumes d’exportations pour l’année en cours. Après six mois cette année, les données de l’Institut de la statistique du Québec indiquent plutôt un recul de 1,3 % par rapport à la même période en 2015.

Voilà qui a incité hier les Études économiques de Desjardins à ramener de 1,3 à 1,2 % sa prévision de croissance réelle pour l’année en cours.

Du côté de la Banque Nationale, on reste avec une prévision de croissance de 1,3 % en rappelant qu’une augmentation des exportations pour l’ensemble de l’année est « implicite ». Sa non-matérialisation impliquerait donc une révision à la baisse.

M. Leitao a misé sur une croissance réelle de 1,5 % pour 2016, ce qui représenterait une amélioration par rapport à la faible expansion de 1,1 % observée en 2015. Dans son budget de 2015, son scénario tablait sur une croissance de 2,0 % pour 2015 et 2016.

À moins d’un rebond spectaculaire peu probable en seconde moitié d’année, la performance de l’économie du Québec sera une nouvelle fois décevante cette année.

Dans son budget, M. Leitao a aussi tablé sur une croissance de 3,2 % de la taille de l’économie exprimée en dollars courants. La faiblesse de l’inflation limitera plutôt l’augmentation du produit intérieur brut (PIB) nominal à 2,9 %. Le PIB nominal donne la meilleure approximation de la taille de l’assiette fiscale.

Si les nouvelles prévisions de Desjardins s’avèrent, alors le Québec ne pourra cette année encore faire mieux que la moyenne canadienne. Malgré les récessions albertaine et terre-neuvienne, la croissance canadienne réelle est projetée à 1,2 % par Desjardins pour l’année en cours. L’an dernier, elle a été limitée à 1,1 %, comme celle du Québec.

L’institution lévisienne croit davantage aux chances d’un redressement des exportations canadiennes qu’à celles des exportations du Québec. Elle prévoit une augmentation de 1,8 % pour l’ensemble de l’année dans l’ensemble du pays, mais de seulement 0,3 % pour le Québec.

CROISSANCE ONTARIENNE

Si les exportations canadiennes ont davantage de chances de se redresser, c’est avant tout grâce à l’Ontario. Le dynamisme de l’industrie automobile fera bondir les exportations ontariennes de 4,4 % cette année. La province se dirige vers une croissance annuelle de 2,5 %, une marque qu’elle devrait franchir pour la troisième année d’affilée.

L’autre grande différence entre les deux provinces se trouve dans les investissements. Desjardins prévoit qu’ils reculeront au Québec pour la quatrième année d’affilée, alors qu’ils seront en hausse pour la troisième année de suite dans la province voisine.

Cette prévision de Desjardins diffère de celle du ministre des Finances, qui mise plutôt sur une stabilisation des investissements cette année avant une remontée progressive.

Un recul des investissements est d’ailleurs attendu à l’échelle du pays. Il s’explique avant tout par l’annulation de projets d’expansion dans le secteur des sables bitumineux et des hydrocarbures en général, compte tenu de la faiblesse des prix du pétrole et du gaz naturel.

Le secteur manufacturier met beaucoup plus de temps que projeté initialement par la Banque du Canada à prendre le relais.

Une étude toute récente de TD attribue ce retard à la faible croissance de l’économie américaine jusqu’ici cette année, au déstockage pratiqué par les entreprises et surtout au recul de leurs investissements.

Même si une accélération du rythme d’expansion est attendue aux États-Unis, elle ne permettra pas à l’économie canadienne de retrouver sa cadence d’avant la récession. La faiblesse des gains de productivité et le vieillissement de la population la ralentissent.

Ajoutons à cela que la surchauffe observée à Vancouver et à Toronto dans le marché de l’habitation ne pourra perdurer, et on retrouve tous les ingrédients essentiels d’une croissance modeste marquée par une faible création d’emplois, tant au Canada dans son ensemble que dans sa société distincte.

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