Conseils

Pour ne pas se faire avoir

Pas toujours simple de s’y retrouver quand on veut réserver une chambre d’hôtel sur l’internet. Beaucoup de chiffres, d’incitations à agir rapidement et des algorithmes qui ne disent pas toujours la vérité. Pour en retirer le meilleur et éviter le pire, voici un guide des principaux écueils.

À Saint-Ours comme à Paris

Mais que se passe-t-il à Saint-Ours le lundi 11 septembre 2017 ? Selon Booking et Expedia, tout le monde veut y réserver une chambre ! C’est du moins ce qu’évoquent les messages qui s’affichent sur notre écran lorsque nous magasinons les hôtels : « Très populaire ! Seulement 1 disponible », dit Expedia, « À saisir ! Forte demande : il ne reste plus que 1 hébergement ! », peut-on lire sur Booking. Vérification faite auprès de la Ville de Saint-Ours, il n’y a rien de prévu. On s’en doutait. L’algorithme ne fait aucune différence entre les villes glamour et les destinations plus discrètes. « Mettre de la pression, c’est une stratégie connue, rappelle Me Elise Thériault, d’Option consommateurs. Les commerçants l’utilisent quand vous allez dans les boutiques. On suggère de ne pas prendre de décisions rapides et de réfléchir avant d’acheter. »

Pouce levé, un gage de qualité ? 

Sur Booking, une petite main au pouce pointé vers le haut est parfois affichée à côté du nom de l’hôtel et de ses étoiles. Vous pensez que c’est l’indication que cet hôtel est meilleur que les autres ? Qu’il offre un meilleur rapport qualité-prix ? Un meilleur service ? Qu’il a eu une meilleure note auprès des clients ? Pas nécessairement. Plusieurs hôteliers nous ont confirmé qu’ils payaient 3 % de commission supplémentaire à Booking pour avoir droit au pouce levé. Acheter le « pouce levé » permet aussi d’être mieux référencé. Les hôteliers payent de 15 à 30 % du prix des chambres d’hôtel pour être sur Booking et Expedia.

Des offres exclusivement plus chères… pour vous

Vous venez d’acheter des billets d’avion avec Expedia et l’agence vous récompense en vous offrant des prix exclusifs, juste pour vous, le bon client membre. Logique, non ? C’est d’ailleurs écrit clairement et surligné en vert : « Offre exclusive – Parce que vous avez réservé un composant de voyage (vol) ». Et pourtant, une vérification rapide nous a permis de constater qu’Expedia avait offert, en fait, des prix plus élevés. Nous l’avons testé en ouvrant une deuxième fenêtre de navigation et en faisant une recherche d’hôtels sur Expedia en tant que non-membre. Comme en témoigne la capture d’écran, l’hôtel Villa Bello annoncé comme « Offre exclusive – Parce que vous avez réservé un composant de voyage (vol) » était à 243 $ pour le membre, à droite, comparativement à 223 $ pour le non-membre, à gauche. Joint au téléphone, l’équipe des communications canadiennes d’Expedia a avoué que cette situation était incorrecte. « Nous pensons que c’est un “problème informatique” », nous a-t-on expliqué.

De vrais rabais pour les membres

Bonne nouvelle ! En vous inscrivant comme membre de l’agence Hotels.com, vous recevrez régulièrement des infolettres par courriel. Nos recherches ont démontré que lorsqu’on annonce « Félicitations ! Vous avez été sélectionné pour accéder aux Prix secrets », les prix sont vraiment moins élevés que sur les autres sites. Moins élevés aussi que si vous n’êtes pas membre. Par exemple, l’Hôtel du Capitole, à Québec, le 16 septembre 2017, nous est offert en « Prix secret » à 215 $, alors que comme client occasionnel, la facture s’élève à 269 $. Au même moment, Booking et Expedia proposent pour les mêmes dates 239 $. Une astuce ? Magasinez sur Hotels.com, attendez quelques jours et l’agence vous enverra ses fameux prix secrets pour la ville ou le pays que vous cherchez.

Désolé, plus de place pour vos dates… Vraiment ?

Certaines phrases peuvent laisser croire qu’il n’y a plus de place à l’hôtel que vous avez choisi, alors que c’est faux. Un porte-parole d’Expedia, Adam Francis, nous l’a confirmé : « Ça veut dire qu’il n’y a plus de place sur notre site, mais il peut y en avoir ailleurs, sur Booking ou même sur le site de l’hôtel. » En France, Expedia a été condamné pour cette pratique. Me Elise Thériault, d’Option consommateurs, souligne que dans certains cas, c’est une information trompeuse. « Si c’est parce que son quota est atteint sur son site et non parce qu’il n’y a pas de place à l’hôtel, il faut que ce soit écrit comme ça. » En téléphonant directement à l’hôtel, vous aurez l’heure juste.

Le prix le plus bas n’est pas toujours où vous le croyez

Les contrats signés entre les hôteliers et les deux géants, Booking et Expedia, interdisent aux hôtels d’afficher sur leur propre site un prix plus bas que sur les plateformes. Une pratique maintenant interdite dans tous les pays d’Europe à la suite de pressions exercées par la France, l’Allemagne et l’Italie. Au Québec, les hôteliers sont encore obligés d’offrir les mêmes prix. Mais ça vaut la peine de téléphoner directement à l’hôtel, car parfois, le prix peut être révisé. « On conseille aux Québécois qui voyagent ici d’utiliser les agences en ligne pour faire un repérage, explique Xavier Gret, directeur général de l’Association Hôtellerie Québec. Ensuite, vous réservez directement avec l’hôtel. Si jamais le prix n’est pas plus bas, l’hôtelier pourra vous offrir un déjeuner gratuit ou un surclassement de chambre. On souhaite que l’argent reste au Québec. »

Le numéro de téléphone trompeur

Sur Expedia et Hotels.com, à côté du nom de l’hôtel, on vous donne une adresse et un numéro de téléphone. S’il s’agit bien de l’adresse de l’établissement, le numéro de téléphone est plutôt celui d’Expedia ou d’Hotels.com. Les agences en ligne souhaitent que vous communiquiez directement avec elles plutôt qu’avec les hôtels. Quand vous composez le numéro indiqué, on vous accueille avec un « Thank you for calling ! Pour un service en français, faites le… » sans préciser où vous appelez. Des vacanciers qui ont voulu résoudre des problèmes de réservations avec Hotels.com se sont rendu compte qu’ils téléphonaient en Afrique. Sur Booking et Priceline, on indique seulement l’adresse des hôtels.

Peut-on se fier à Trivago ?

Trivago est conçu pour trouver à votre place les meilleurs prix d’hôtels. Nos tests nous ont permis de constater que les algorithmes sont parfois confus. Les prix de Trivago ne concordent pas toujours avec ceux des sites vers lesquels il nous redirige. Trivago nous annonce qu’Expedia propose l’Hôtel du Capitole, à Québec, à 239 $. Quand on cherche à partir du site Expedia, le prix est plutôt annoncé à 232 $. Lors d’une autre recherche, l’Hôtel et Suite Le Dauphin, toujours à Québec, était annoncé à 129 $, tandis qu’en passant directement par Expedia, le prix proposé était de 150 $. La bonne nouvelle, c’est qu’une fois qu’on a cliqué sur l’hôtel en question, le prix le plus bas est offert, même s’il n’était pas annoncé au départ.

Ne perdez pas vos réflexes de bon consommateur

Pendant que vous magasinez, les slogans enjôleurs tentent de vous inciter à acheter, et vite. Nos recherches ont confirmé qu’« offre de rêve » ne veut rien dire du tout. Souvent, le tarif est identique ou même plus élevé qu’ailleurs. Même constat pour « Jackpot ! Il s’agit du tarif le plus bas que vous ayez vu jusqu’à présent pour vos dates ! » Toutes ces phrases nous induisent en erreur et nos réflexes sont moins aiguisés quand il s’agit du web. « Au Québec, on est habitué à avoir des publicités dans lesquelles tout est relativement vrai. En général, la Loi sur la protection du consommateur et la Loi sur la concurrence sont assez bien respectées, soutient Me Elise Thériault, d’Option consommateurs. Ce qui fait qu’on est toujours surpris quand quelque chose est vraiment faux. On n’a pas tendance à douter. »

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