Hockey

Le « battant » se bat

Jacques Demers

Hier matin, au Neuro du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Les médecins traitants de Jacques Demers donnent une conférence de presse pour offrir une mise à jour de sa santé, neuf jours après l’accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’a terrassé.

Après la conférence, la Dre Jeanne Teitelbaum, neurointensiviste, spécialiste de l’AVC et cogestionnaire du programme de soins tertiaires de l’AVC, s’adresse à un plus petit groupe de journalistes, en anglais. Elle explique que toutes les 12 heures, « il nous surprend en étant un petit peu mieux que 12 heures plus tôt ».

Et elle enchaîne. « And this guy, I only know in French, mais il est fait fort. »

Quand on parle aux proches de l’ancien entraîneur-chef du Canadien, c’est justement ce trait de caractère qui ressort. C’est pourquoi tout le monde est soulagé, mais pas vraiment surpris, de voir M. Demers progresser de la sorte.

« Ça ne me surprend pas, parce que c’est un battant, tranche la journaliste Chantal Machabée, de RDS, qui est très proche de M. Demers. Il a traversé plusieurs épreuves, même depuis sa petite enfance. »

« Pour lui, un obstacle, c’est fait pour être surmonté. C’est juste un autre gros obstacle. Je lui envoie toutes mes pensées. »

— Chantal Machabée

« Quand on connaît son histoire… D’avoir été capable de coacher et d’être DG dans la Ligue nationale sans savoir lire… C’est quelqu’un qui ne veut jamais abandonner. Il va faire les efforts nécessaires pour se battre », résume Guy Carbonneau, longtemps collègue de M. Demers à RDS, et plus anciennement capitaine du Canadien lors de la conquête de la Coupe Stanley en 1993.

« Il a encore des séquelles, mais il faut rester positif. Lui, il était toujours positif ! », rappelle l’ancien défenseur Gilbert Delorme, qui a joué pour Demers pendant cinq saisons, à St. Louis puis à Detroit. « J’ai bon espoir qu’il reviendra comme avant. Il est bien entouré. C’est un bon bonhomme, j’ai seulement du bien à dire de lui. Il ne faut pas le perdre, pas tout de suite ! »

LES SÉQUELLES

C’est un AVC ischémique qu’a fait M. Demers. C’est le type d’AVC le plus commun, qui survient lorsqu’il y a interruption de la circulation. Les médecins soupçonnent que le cholestérol en est la cause.

Le sénateur souffre encore de faiblesses du côté droit et de troubles de la parole, mais les médecins ne peuvent pas préciser si ces séquelles seront permanentes ou non. Elles se sont toutefois dites encouragées par sa progression. D’un point de vue médical, son état est maintenant jugé « stable ». Il a recommencé à manger jeudi.

« Il est absolument conscient. Il a un très beau sourire. Il dit bonjour, il tend la main, il prend votre main, la tapote. C’est un homme charmant, il peut dire quelques mots maintenant et sa parole s’améliore tous les jours », a énuméré la Dre Teitelbaum.

« Quand tu rentres dans la chambre, c’est le coach de 1993 que tu vois et il interagit clairement, il se souvient des gens qu’il a rencontrés cette semaine. Il est charmant », a ajouté la Dre Angela Genge, neurologue et directrice de l’unité de recherche clinique.

LA SUITE

Le CUSM ne prévoit pas publier d’autre mise à jour au sujet de M. Demers pour le moment, après en avoir essentiellement fourni tous les deux jours depuis l’incident.

M. Demers est en attente d’une place dans un centre de rééducation. « Nous allons commencer à remplir les papiers la semaine prochaine pour lui trouver une place dans un centre », explique la Dre Genge, rappelant qu’il demeure un patient comme un autre.

C’est un séjour de trois mois qui est prévu en centre, mais le patient peut continuer à progresser plus d’un an après l’accident, ont rappelé les médecins. Et en attendant, la rééducation commence déjà à l’hôpital. « Il a commencé la physiothérapie, l’orthophonie, l’ergothérapie, car on sait très bien qu’il faut commencer tôt », explique la Dre Teitelbaum.

PRÉVENTION

Les circonstances dans lesquelles M. Demers a subi son accident demeurent nébuleuses, mais les médecins savent que le patient a été admis plus de six heures après l’AVC, ce qui complique leur travail.

Car si un patient est vu dans les quatre heures, il peut recevoir du tPA, « un liquide qui est essentiellement du Drano pour la tête, qui dissout le caillot », illustre la Dre Teitelbaum. Dans les six heures, on peut encore pratiquer une thrombectomie, « une façon d’aller chercher le caillot dans la tête », explique-t-on.

Les médecins en ont profité pour insister sur la prévention de tels accidents.

« Ce qui est le plus commun, c’est une faiblesse dans un côté du corps, de façon soudaine. Ça peut survenir au réveil ou durant la journée. Aussi, si une personne cesse de bien parler durant une conversation, ne peut pas trouver les mots, la première chose à laquelle il faut penser, c’est un AVC. Avec les avancées médicales, on veut les traiter rapidement. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.