Éditorial François Cardinal

La transformation tranquille

Après deux ans au pouvoir, on commence enfin à comprendre où s’en va la mairesse Valérie Plante. Pas trop tôt !

Les débuts de son administration avaient été suffisamment laborieux, rappelez-vous, pour que les questions soient plus nombreuses que les réponses après sa première année en poste. La hausse de taxe controversée en début de mandat. Le rouleau compresseur passé sur les réalisations de Denis Coderre. L’élimination malheureuse du règlement anti-pitbulls.

Si bien qu’il y avait lieu de se demander à ce moment-là où s’en allait Projet Montréal ? Quel était son grand plan pour son mandat ?

Disons que de vouloir faire de Montréal une ville « mieux adaptée aux changements climatiques, démographiques et technologiques », comme le déclarait la mairesse, ne nous aidait pas trop à comprendre où elle s’en allait. Surtout après l’hiver dernier, alors que les Montréalais ont dû apprendre à patiner sur les trottoirs glacés…

Or, au terme de sa deuxième année à l’hôtel de ville, la mairesse commence enfin à se révéler. Et pas nécessairement là où on l’attendait.

Celle qui s’était définie comme « la mairesse de la mobilité » agit bel et bien en transport, comme promis. Mais on ne sent pas encore de révolution dans les rues de Montréal, soyons honnêtes, malgré les attentes, les engagements et l’« escouade de mobilité ».

Elle a d’ailleurs reconnu elle-même en rencontre éditoriale que « ça ne va pas à la vitesse souhaitée ».

Celle qui promettait également d’être à l’écoute du monde des affaires, avec lequel elle n’avait pas d’atomes crochus, n’a pas encore démontré de grand intérêt pour le développement économique.

Elle est là pour les petits commerçants, c’est louable, mais insuffisant pour la mairesse d’une métropole.

L’administration Plante, finalement, se distingue ailleurs : dans l’aménagement urbain intelligent et inclusif. Voilà sa marque de commerce, voilà probablement où seront ses plus importants legs au terme de son mandat.

On l’a vu d’emblée avec la révision du projet de réaménagement de la rue Sainte-Catherine Ouest, qui permettra d’accorder plus d’espace aux piétons et au transport actif et, ce faisant, de mieux positionner l’artère dans un contexte où le commerce de détail fléchit.

On l’a vu avec sa bataille menée contre l’un des promoteurs de l’ancien Hôpital de Montréal pour enfants qui n’avaient aucun respect pour les demandes de la Ville. On l’a vu aussi avec sa volonté de bien penser le site de l’ancien Hippodrome Blue Bonnets ainsi que le secteur Bridge-Bonaventure, qui pourrait accueillir un stade de baseball.

Et on l’a surtout vu dans la façon exemplaire avec laquelle l’administration a géré le réaménagement des terrains de Molson. Un accord de développement a été signé avec l’acheteur AVANT que les travaux soient entamés, si bien que des terrains sont prévus pour une école, des parcs, des espaces communautaires, des logements sociaux, etc.

C’est en quelque sorte l’anti-Griffintown. L’anti-Royalmount aussi. La mairesse a manifestement décidé de serrer la bride aux promoteurs pour éviter que leurs gains priment sur l’intérêt public, comme c’est trop souvent le cas dans cette ville. Chapeau !

Entendons-nous. Il faudrait être de mauvaise foi pour résumer les deux dernières années à quelques grands projets urbanistiques.

La mairesse a aussi réussi à faire avancer son projet de ligne rose avec l’étude en cours à la Caisse de dépôt. Elle a aligné la fonction publique municipale avec ses priorités. Elle a annoncé la création d’un immense parc dans l’ouest de l’île. Et elle recevra bientôt sa commande de 300 bus hybrides. Quand même !

Mais si une tendance se dégage à mi-mandat, c’est que l’intérêt, l’énergie et la concentration de la mairesse vont d’abord et avant tout à l’aménagement urbain de Montréal. Ce qui, en soi, est une bonne nouvelle pour une ville qui en a tant besoin.

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