Chroniques pour jeunes en congé

Nouvelle arnaque par virement Interac

À l’occasion de la semaine de relâche, les quatre chroniqueurs de la section Affaires de La Presse s’adressent aux adolescents en congé, à tour de rôle. À lire jusqu’à vendredi.

Un chèque ? De l’argent comptant ? Pour mes ados qui n’ont jamais un billet de banque dans leurs poches, il s’agit de reliques du XXe siècle, autant dire de l’époque des cavernes.

Les virements électroniques sont tellement plus pratiques, que ce soit pour transférer la paie hebdomadaire, partager une facture entre amis ou payer des petits comptes à gauche et à droite.

Pas étonnant que les virements Interac enregistrent une croissance phénoménale. En 2017, il y a eu plus de 241 millions de transactions au Canada, soit une hausse de 52 % par rapport à l’année précédente.

Coup d’œil sur les virements Interac

Le service Virement Interac est utilisé 660 000 fois par jour, en moyenne.

La valeur moyenne des virements Interac est de 382 $.

L’utilisateur moyen envoie au moins trois virements par mois.

Les trois quarts (76 %) des virements sont effectués avec un appareil mobile.

Malheureusement, les fraudeurs à l’imagination fertile ont déjà inventé des arnaques pour piéger les utilisateurs de virements électroniques.

Hey, les jeunes (et les moins jeunes), soyez sur vos gardes.

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Gabriel Roussin-Léveillée, 19 ans, s’est fait attraper en vendant son téléphone mobile à partir du site web de petites annonces Kijiji. L’acheteur lui avait proposé de payer la note de 850 $ par virement Interac.

Pas de problème, s’est dit le jeune homme. Avec ce genre de transfert, la personne qui reçoit l’argent n’a qu’à fournir son numéro de téléphone ou son adresse courriel à l’expéditeur. Personne n’a accès aux données bancaires. La transaction est confirmée grâce à une question de sécurité préparée par l’expéditeur.

En utilisant ce mode de paiement, Gabriel ne pensait pas commettre une imprudence. Jamais il n’a cru qu’il pourrait être victime de fraude.

Après avoir obtenu la confirmation que l’argent avait été transféré dans son compte, le jeune homme a donc remis en mains propres son téléphone à l’acheteur, croyant que tout était réglé.

Quelques jours plus tard, il a été bien surpris de constater que la banque avait gelé son compte bancaire. En se rendant à sa succursale de la Banque Royale, il a appris que l’acheteur de son téléphone l’avait payé en puisant l’argent dans le compte d’une autre personne qu’il avait piratée.

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Au départ, la banque a dit à Gabriel que les 850 $ seraient retirés de son compte. « Ça n’a aucun sens ! s’est-il exclamé. Je me suis fait frauder. La banque devrait être responsable. » Alors, Gabriel a tenu son bout. « Ç’a été l’enfer. Au début, ils disaient que c’était ma faute, que c’était à moi de prendre mes précautions », raconte-t-il.

Finalement, la banque a accepté de laisser l’argent dans son compte. Voilà la preuve qu’il vaut la peine de se battre, quitte à porter sa plainte devant l’ombudsman de la banque dont le rôle est d’examiner les litiges des clients d’un œil plus détaché.

Mais Gabriel n’est pas encore au bout de ses peines, car on lui interdit de faire et recevoir des virements électroniques… jusqu’à la fin de ses jours !

Pour retrouver le droit de faire des virements, la banque lui demande de fournir des preuves de la vente de son téléphone. « Les documents seront envoyés à notre groupe de fraude qui va les examiner conjointement avec Interac », m’a expliqué le porte-parole de la Banque Royale, Denis Dubé.

Le malheur, c’est que Gabriel n’a aucune facture de la transaction. Il avait simplement échangé des messages textes avec l’acheteur qu’il a effacés avant de lui remettre son téléphone. Il ne lui reste que l’annonce placée sur Kijiji et une capture d’écran de certains échanges avec l’acheteur.

Espérons que cela sera suffisant pour faire plier la banque et Interac. À suivre…

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Mais peu importe le dénouement, la mésaventure de Gabriel prouve qu’il faut être très vigilant avec les virements Interac, en particulier sur les sites d’enchères et de petites annonces où les fraudeurs se cachent souvent.

« Le service devrait être utilisé comme une alternative pour de l’argent liquide ou chèque, ce qui veut dire qu’un client devrait envoyer ou recevoir les fonds seulement d’une personne qu’il connaît et à qui il fait confiance », m’a expliqué Interac par courriel.

Méfiez-vous aussi des messages inattendus qui vous annoncent qu’un montant d’argent vient de vous être versé par virement électronique. Si le message vient d’une source inconnue, n’y répondez pas et ne cliquez pas sur le lien, insiste Interac. Il s’agit certainement d’une forme d’hameçonnage dont le but est de vous voler vos informations financières.

Par exemple, certains fraudeurs utilisent le nom de l’Agence du revenu du Canada (ARC) pour attraper des poissons. Si vous recevez un courrier vous indiquant qu’un remboursement d’impôt vous attend, ne vous faites pas d’illusions. Le fisc n’utilise pas le service Virement Interac. Transférez plutôt le courriel à phishing@interac.ca

Si vous êtes victime d’une arnaque, vous pouvez aussi contacter le Centre antifraude du Canada

Et comme mars est le mois de la prévention de la fraude, vous pouvez apprendre à mieux vous protéger en consultant le site web du Bureau de la concurrence qui organise la campagne de sensibilisation avec Option consommateurs, la Sûreté du Québec et le Centre antifraude.

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