Télévision

TFO, de télé publique à « puissance numérique »

Une vingtaine d’applications mobiles, autant de canaux YouTube, des plateformes d’enseignement ou d’aide aux parents : on est loin de la télévision traditionnelle avec TFO. Engagée discrètement depuis 2011 dans un virage numérique, la chaîne francophone publique pour enfants de l’Ontario a officiellement annoncé ses couleurs, hier, en publiant sa stratégie. Entrevue avec son président, Glenn O’Farrell.

Pourquoi TFO, que beaucoup perçoivent comme une télévision publique classique, l’équivalent ontarien de Télé-Québec, a senti le besoin d’effectuer ce virage qui en a fait une « puissance numérique », selon le Financial Post ? C’était une question de survie ?

Le numérique, c’est la planche de salut d’une entreprise publique éducative comme TFO. Ça nous a permis de partir d’une situation où nous étions en déclin, il n’y a pas de doute, par la fragmentation de l’offre vers d’autres plateformes. Il fallait être sur ces plateformes. Et ce qu’on a découvert, c’est qu’il y a des preneurs pour ces contenus éducatifs et numériques que nous produisons.

Parlons un peu de ces contenus, notamment de ce « Laboratoire d’univers virtuels » ? Qu’est-ce que c’est concrètement ?

Jusqu’à tout récemment, la production que nous faisions chez nous était traditionnelle, avec des décors, des personnages. Ce qu’on a découvert, c’est qu’il y avait des outils de production, des logiciels de jeu qui pouvaient s’adapter très bien à nos ambitions. On filme sur écran vert et on peut ensuite y transposer un décor qui réagit au personnage. Tout prochainement, nous commençons une série dramatique pour enfants qui s’appelle Minivers, des émissions de 11 minutes qui sont faites dans le LUV. On peut changer de décor très rapidement.

Idello, une plateforme d’apprentissage numérique, Edululu, un outil pour repérer les bonnes applications mobiles éducatives, une vingtaine de chaînes YouTube, autant d’applications mobiles conçues par TFO…. On est loin de la télévision classique. Quelle est votre stratégie ?

On s’est décrits dans notre énoncé de positionnement que nous publions [hier] comme étant numériques, éducatifs et francophones. On voit dans ces trois mots le résumé de notre mandat. Pour être pertinent en 2017, il faut de toute évidence être un acteur du numérique. Nous le sommes. Nous avons des projets déjà en marche, d’autres qui s’en viennent. C’est un document qui cherche à déclencher une conversation avec nos partenaires, les gouvernements provincial de l’Ontario et fédéral. On a 335 millions de visionnements sur nos canaux YouTube. D’ici la fin de l’année, on souhaite atteindre les 500 millions. On bouge et on pense qu’on peut faire encore plus avec certains soutiens.

Vous voulez donc aller encore plus loin dans ce virage ?

Ce qui est intéressant, c’est que le numérique était à la fois une nécessité et une occasion. Je pense qu’on a encore beaucoup d’accélération à prendre, mais on commence à sentir le momentum. Il faut essayer d’être plus près du devant de la parade que de l’arrière.

De toute évidence, avec tout ce que vous avez mis sur pied depuis 2011, vous ne traînez pas trop en arrière de la parade…

Je ne vous cacherai pas qu’on est très fiers de nos réalisations. Mais il faut être très modeste en numérique, ça change tellement rapidement, et il y a tellement de nouveautés qui nous obligent constamment à être en réflexion qu’il ne faut rien tenir pour acquis. On est dépendants d’un écosystème sur lequel notre ascendant est très limité.

Quelle proportion de vos activités relève encore de la télévision classique ? Arrivez-vous à la chiffrer ?

Je dirais que la télé est toujours au cœur de nos activités, mais j’aurais de la difficulté à mettre un chiffre exact. Je suis un gars de chiffres, et avant d’en avancer un, je veux l’avoir en main… La plateforme télévisuelle demeure au cœur de l’entreprise, mais sans tout ce qu’on a fait dans le numérique, aurions-nous encore une plateforme de télévision ? Je ne suis pas certain.

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