Chronique

Pas si dramatique, l’endettement des ménages

Ceux qui s’inquiètent de l’endettement des ménages au Canada doivent absolument lire l’étude de la Banque Nationale parue hier.

En faisant une comparaison fine des paramètres de l’endettement, les économistes Matthieu Arseneau et Stéfane Marion concluent que la situation n’est pas aussi dramatique qu’on le pense.

Actuellement, la dette des ménages canadiens représente 160 % de leur revenu personnel disponible (revenu après impôts). Cette dette est en forte hausse depuis quelques années, elle se situe dans le premier tiers des pays industrialisés et elle suscite donc des craintes.

La réalité, selon la Banque Nationale, c’est que ce taux d’endettement ne tient pas compte de la santé économique relativement solide des familles et du pays. En effet, plus une population est instruite et active sur le marché du travail, plus elle est en mesure de supporter un fardeau d’endettement élevé.

Or, le Canada se situe au sommet mondial pour ces deux facteurs, qui s’ajoutent à d’autres éléments enviables comme la croissance du produit intérieur brut (PIB), la santé des finances publiques et la qualité des mesures sociales.

Compte tenu de tous ces paramètres fondamentaux de notre économie, le taux d’endettement des Canadiens pourrait être plus élevé en regard de celui des autres pays.

Plus précisément, ce taux pourrait grimper jusqu’à 200 %, et les Canadiens seraient alors dans une position financière semblable aux autres ménages des principaux pays industrialisés, selon l’étude.

Les économistes ont notamment redressé certaines statistiques pour les rendre comparables. Actuellement, le taux d’endettement des ménages américains utilisé pour les comparaisons est de 104 %. Or, quand on adapte ce taux à la définition canadienne, il passe à 141 % !

Plus encore, quand on tient compte que les ménages américains doivent consacrer une part importante de leur revenu disponible aux soins de santé, le taux comparable grimpe à environ 170 % aux États-Unis, soit davantage que les 160 % du Canada (et 149 % au Québec). Le Danemark a le taux le plus élevé (290 %), tandis que la Suède est à 183 %, le Japon, à 135 % et la France, à 110 %.

La maison est responsable d’une grande part des dettes des ménages. Au Canada, près de 70 % des ménages canadiens sont propriétaires, un niveau semblable à la médiane des pays industrialisés. Parmi ces ménages canadiens propriétaires, 40 % ont un emprunt hypothécaire.

Bref, la situation de l’endettement des Canadiens est moins pire qu’on le croit, estime la Banque. Ce constat ne signifie pas que l’endettement n’est pas critique pour certains ménages. Il n’est pas davantage une invitation aux ménages à courir s’acheter une télé à crédit !

N’empêche, les graphiques de l’étude de 18 pages font la démonstration de la nette avance du Canada dans une multitude de secteurs.

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