HUMOUR/Cabaret Bio dégradable 2

Parce que les écrits restent…

Créé en 2008, le cabaret Bio dégradable est certainement l’un des spectacles les plus drôles de la dernière décennie. Des comédiens dévoués y font la lecture d’extraits colorés d’autobiographies de vedettes. C’est donc avec bonheur que nous avons appris le retour de Bio dégradable, qui propose plusieurs nouveautés. Aux classiques autobiographies de Mad Dog Vachon, André Montmorency ou Marie-Chantal Toupin, se sont ajoutées celles de Dominique Bertrand, Robby Johnson, Éliane Gamache Latourelle (« la jeune millionnaire »), Julio Iglesias et Michel Girouard. Ahuris, on découvre pourquoi le chanteur beauceron Robby Johnson a anglicisé son nom, le pep talk délirant de « la jeune millionnaire » (qui a fait faillite, finalement) ainsi que la fervente dénonciation de la bisexualité par Michel Girouard. Un must. — Chantal Guy, La Presse

En supplémentaire demain, à 20 h, au Lion d’or

Danse

Quand la danse contemporaine rencontre l’indie rock

Après avoir présenté who we are in the dark en première mondiale à Toronto jeudi, la chorégraphe Peggy Baker transporte sa nouvelle création à Montréal, dès ce soir, à l’invitation de Danse Danse. Une pièce riche qui convoque plusieurs disciplines artistiques, née de la rencontre inattendue, mais fructueuse, entre la réputée artiste canadienne de 67 ans et la jeune violoniste d’Arcade Fire, Sarah Neufeld.

Les graines de cette création ont été plantées en 2015. Invitée à créer une nouvelle pièce pour la première édition du festival torontois Fall for Dance North, Peggy Baker, qui n’avait pas dansé depuis quelques années, a été saisie par l’envie de créer avec « quelqu’un de nouveau » afin de se donner l’occasion de faire « quelque chose de vraiment différent, qu’on n’attendrait pas nécessairement [d’elle] », explique-t-elle au bout du fil.

Le nom de Sarah Neufeld se rend à ses oreilles et la chorégraphe lui lance une invitation, qui débouche rapidement sur le duo fractured black. « Nous avons créé à partir d’une musique qu’elle venait d’inventer. C’était vraiment excitant de travailler avec elle ! Je lui ai demandé d’écrire un prologue. Dans ses paroles, il y avait le titre, “who we are in the dark”. »

Les splendeurs de la nuit

Enthousiasmée par son expérience, Baker a vite fait part à la jeune violoniste de son envie de travailler à nouveau avec elle – un désir partagé par la musicienne. « Tout cela est arrivé vraiment naturellement », souligne la chorégraphe. Le titre est ainsi devenu le point d’entrée de ce nouveau travail. 

Mais si who we are in the dark est née de cette première courte création, elle n’en est pas pour autant la suite ou le développement, et possède sa vie propre. « Ce prologue était tellement riche en connexions, en associations, très poétique », se remémore Mme Baker, qui fut immédiatement inspirée par cette musique, elle qui travaillait pour la première fois avec quelqu’un issu de la scène indie rock. Cette poésie a inspiré une pièce qui se déploie autour de la thématique de la nuit. Ce n’est pas pour autant – ou seulement – une pièce sombre.

« Il y a tellement plusieurs facettes à la noirceur ; c’est un sujet riche, attirant, empreint de beauté. Évidemment, il y a la noirceur séduisante, convoquant l’intimité et la sexualité, le noir inconnu, mystérieux, qui nous plonge dans le subconscient, les secrets… La cruauté et la violence ; le deuil ; la contemplation… »

— Peggy Baker, chorégraphe

Multidisciplinaire, multisensorielle

Né de leurs deux volontés communes, le projet a vite pris de l’ampleur, devenant le plus imposant de la riche carrière de Mme Baker. La nécessité d’un deuxième musicien se faisant sentir, le duo a vite choisi de faire appel au batteur d’Arcade Fire, Jeremy Gara, qui apporte son énergie brute sur scène. 

« Jeremy et Sarah sont vraiment cruciaux dans cette pièce. Ce sont des performeurs très physiques, rapides et précis, ils déploient une virtuosité incroyable », remarque la chorégraphe.

La pièce pour sept danseurs utilise aussi l’art visuel comme pierre d’assise, à travers les canevas suspendus et mouvants du regretté artiste montréalais John Heward, ami de longue date de Peggy Baker et récemment disparu, connu pour son utilisation du pigment noir. « Ses créations portent beaucoup d’énergie brute, les canevas ont un fort impact sur la composition scénique », note celle qui est issue de l’école Martha Graham et qui a fondé en 1990 la compagnie qui porte son nom.

Ajoutez à cela des projections et éclairages créés sous l’égide du Montréalais Marc Parent et l’exploration du son, à travers la voix des danseurs, le souffle des musiciens, la musique qui module, passant de la vibration rampante de l’électro à l’énergie brute du rock indie, et vous obtenez une création multidisciplinaire et multisensorielle à la fois enveloppante et surprenante.

Jusqu’au 2 mars, au Théâtre Maisonneuve

Peggy Baker animera un atelier de danse pour tous le 2 mars, à 14 h.

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