Vivre en solo

Le retour du dynamisme urbain

Montréal est la capitale nord-américaine du vivre seul, selon Daniel Gill, urbaniste et professeur agrégé à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal.

« L’accès à un logement dans les quartiers centraux agréables et à des prix intéressants a favorisé l’explosion du fait de vivre seul, observe l’urbaniste. Quand on regarde à l’échelle canadienne, que ce soit à Toronto ou à Vancouver, c’est ici qu’il y a la plus forte proportion de gens qui vivent seuls et c’est aussi ici qu’on retrouve les loyers les plus bas. »

Les familles se sont dirigées vers les banlieues. À Montréal, dans les quartiers centraux, M. Gill constate qu’il y a beaucoup de trois et demie et de quatre et demie, des dimensions qui correspondent aux standards des gens qui vivent seuls. « Les gens seuls vont avoir une vie plus dynamique. Ils vont sortir de chez eux, aller dans les cafés avec leur ordinateur, vont manger au restaurant... La famille vit davantage autour d’un cocon qui est celui de la maison unifamiliale et sort moins. »

« Les gens seuls ont favorisé le retour du dynamisme urbain, car ils ont réinvesti les quartiers centraux. »

— Daniel Gill, urbaniste

PLUS D’AÎNÉS

Là où Daniel Gill se fait alarmiste, c’est au sujet des personnes âgées. Il évoque le fait que d’ici 15 ans à Montréal, c’est près d’un logement sur deux qui sera occupée par une personne âgée de plus de 65 ans.

D’une part, ce sont des personnes âgées à faibles revenus qui vivent sur des petites prestations de vieillesse. D’autre part, les aménagements urbains ne vont plus leur convenir puisqu’il peut être compliqué pour un aîné de marcher plusieurs minutes pour aller à la pharmacie ou à l’épicerie.

L’autre aspect à ne pas négliger est l’accessibilité. Les aînés qui n’ont pas un appartement situé au rez-de-chaussée pourraient avoir des problèmes. « Ces prochaines années, on verra des personnes seules, des femmes pour la plupart, qui habitent au deuxième ou troisième étage d’un immeuble sans ascenseur, explique M. Gill. Quand l’escalier est à l’extérieur et que, l’hiver, il est enneigé… Ça devient un milieu hostile pour ces personnes qui auront tendance à s’isoler dans leur logement. Personne ne se préoccupe de la petite dame de 75 ans qui habite au deuxième étage. »

Ce qui l’inquiète, c’est que ces personnes risquent d’avoir de la difficulté à déménager pour des raisons économiques. « Elles n’auront pas les moyens de se payer une résidence pour personnes âgées. Il faut penser à construire du logement social pour ces personnes seules vieillissantes. La solitude aussi va être un problème quand on n’a pas eu beaucoup d’enfants. » L’urbaniste met en garde contre le vieillissement les baby-boomers. Ils sont encore actifs, mais pour combien de temps ? s’interroge-il.

Daniel Gill rappelle qu’on parle beaucoup des jeunes familles, alors que ce n’est plus le modèle dominant. « La famille ne représente plus qu’un ménage sur trois, note-t-il. Un autre tiers est composé des couples sans enfant, et le dernier tiers, ce sont les personnes seules. »

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