Hockey

Nouvelle stabilité pour les entraîneurs

La Ligue nationale de hockey vit un phénomène rare cet hiver.

Avec moins de deux semaines à faire en février, aucun entraîneur n’a été congédié.

Il faut remonter à la saison 1964-1965 pour retrouver pareille situation. À l’époque, aucun homme n’avait encore posé un pied sur la Lune et Toe Blake dirigeait toujours le Canadien !

Une piste d’explication ? Parmi les quatre pires clubs au classement, trois, Arizona, Buffalo et Vancouver, comptent des entraîneurs embauchés l’été dernier. Plutôt gênant de les congédier avant leur première saison complète.

À Ottawa, Guy Boucher en est à sa deuxième saison et il a mené l’équipe à un petit but de la finale de la Coupe Stanley huit mois plus tôt.

Chez le Canadien, Claude Julien en est à la deuxième année d’un contrat de cinq ans qui lui rapporte cinq millions par saison. À Edmonton, Todd McLellan gagnera trois millions par saison pour les deux années suivantes. À New York, Alain Vigneault touchera un salaire supérieur à quatre millions par année jusqu’en 2019-2020.

« Le salaire accordé aux entraîneurs est un élément nouveau qui doit entrer en ligne de compte, explique l’ancien coach Guy Carbonneau. Avec Mike Babcock et Claude Julien, à sept et cinq millions [par année], tu dois y penser à deux fois. Non seulement le salaire des entraîneurs a augmenté, mais celui des directeurs généraux aussi. Tout le monde est plus patient. »

« Par le passé, on voyait beaucoup de DG poser des gestes de panique qui pouvaient être nuisibles à l’équipe parce qu’ils sentaient leur propre emploi menacé. »

— Guy Carbonneau, ancien entraîneur-chef du Canadien

Coups d’épée dans l’eau

Il est vrai que les congédiements d’entraîneurs en pleine saison n’ont pas toujours donné les résultats escomptés. Il y a eu Pittsburgh en 2009, après le congédiement de Michel Therrien au profit de Dan Bylsma. Le truc a fonctionné à nouveau en 2016 pour les Penguins avec Mike Sullivan, le remplaçant de Mike Johnston. Los Angeles a remporté la Coupe en 2012 lorsque Darryl Sutter a succédé à Terry Murray. Mais combien de coups d’épée dans l’eau ?

Une seule équipe parmi les Islanders de New York, les Blues de St. Louis, les Panthers de la Floride, le Canadien et les Bruins de Boston a franchi le premier tour l’an dernier (St. Louis) après avoir congédié son entraîneur en pleine saison.

« Ça change tellement d’une année à l’autre, poursuit Carbonneau. Tampa a raté les séries l’an dernier et c’est l’une des meilleures équipes de la LNH. Ça aurait été facile de congédier Jon Cooper. Il faut que tu regardes à long terme. C’est ce qu’ils font maintenant. Le Canadien était en première place de sa division quand Michel Therrien a été mis à la porte. Je trouve ça injuste. »

Guy Carbonneau a été congédié par Bob Gainey en mars 2009 alors que le CH avait une fiche de 35-24-7 et remporté cinq de ses sept derniers matchs. Gainey l’a remplacé, l’équipe a remporté seulement six de ses 16 derniers matchs avant d’être balayée en quatre matchs par les Bruins lors du premier tour.

« J’aurais aimé être capable de passer à travers la petite tempête de janvier et février. J’aurais été un meilleur entraîneur et j’aurais pu voir ce que j’avais sous la main. C’est facile quand ça va bien. Tous les joueurs paraissent bien, tout le monde est fin, tout le monde tire la couverture du bon bord. Quand ça va mal, plusieurs individus sont montrés du doigt et tu vois le vrai caractère de certains joueurs. »

Guy Carbonneau estime qu’une tendance à long terme semble s’établir. « Les équipes bien nanties vont payer [grassement] les meilleurs entraîneurs. Et les équipes moins riches seront plus patientes avec les gars qu’elles ont. »

Cette stabilité nouvelle ne constitue pas une bonne nouvelle pour les entraîneurs à la recherche d’un emploi. Dave Tippett, Bob Hartley, Michel Therrien, Dan Bylsma, Darryl Sutter et Lindy Ruff attendent toujours que le téléphone sonne.

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