pistes cyclables

Vancouver mise sur la qualité plutôt que la quantité

Vancouver a pris un chemin diamétralement opposé à celui de Montréal pour encourager ses citoyens à troquer l’auto contre le vélo. Plutôt que de miser sur la quantité de pistes cyclables, la troisième ville au pays a décidé de privilégier la qualité, résume son responsable des transports, Dale Bracewell. Et les résultats sont probants.

Le responsable de la planification des transports de Vancouver donne aujourd’hui une conférence dans le cadre du festival Go vélo Montréal. Dale Bracewell détaillera comment sa ville est parvenue à faire passer le cyclisme à la vitesse supérieure en changeant d’approche en 2012.

« Ce qui a changé, c’est notre façon de penser nos pistes. Notre but, c’est de les penser pour les usagers de tout âge et de toute condition physique », résume Dale Bracewell.

Pour inciter le plus grand nombre de personnes à utiliser le vélo, Vancouver a ainsi décidé, plutôt que d’étirer son réseau cyclable, de miser sur des pistes de qualité, dites AAA (All Ages and Abilities ou, en français, destinées aux gens « de tout âge et de toute aptitude »). Celles-ci sont soit physiquement séparées des véhicules, soit dans les rues locales où circulent moins de 500 véhicules par jour pour en augmenter la sécurité.

Pas moins du quart des 310 km de pistes cyclables de Vancouver sont ainsi aujourd’hui considérés comme protégés.

À l’inverse, Montréal vise depuis 2008 l’ajout de 50 km de pistes cyclables par année, afin de faire doubler la taille de son réseau. La majorité des nouvelles pistes sont toutefois à même la rue, ce qui oblige à partager la chaussée avec les véhicules.

La stratégie de Vancouver a porté ses fruits, la part des autres moyens de transport ayant rapidement augmenté. En 2008, 60 % des déplacements à Vancouver se faisaient en voiture. Mais depuis 2015, c’est la moitié, alors que l’objectif était d’atteindre cette cible en 2020. Dale Bracewell a ainsi bon espoir que l’auto ne représente plus que le tiers des déplacements en 2040. « On a fait des progrès significatifs au cours des cinq dernières années », s’emballe-t-il.

En comparaison, l’automobile continue à dominer dans la région de Montréal, les déplacements en voiture progressant plus rapidement que ceux des autres moyens de transport. Selon la plus récente enquête Origine-Destination, l’auto représente près des deux tiers (63 %) des déplacements lors de la pointe du matin.

Miser sur les « projets difficiles »

Pour donner un nouvel élan à la culture cycliste, Dale Bracewell conseille à Montréal de réaliser des « projets difficiles ». Vancouver a par exemple aménagé une piste séparée sur une importante artère, Point Gray Road, afin de donner le ton. « Ce projet traînait dans la pile des projets difficiles, mais on s’est dit que si on voulait changer la culture, il fallait réaliser ce genre de projet. »

Depuis, la pratique du vélo a grimpé en flèche. Vancouver a observé une hausse de la pratique de 30 % en 2015 et une autre hausse de 30 % en 2016. « Les gens étaient prêts à avoir des pistes mieux protégées », dit Dale Bracewell.

Mais pour faire accepter ces projets, Vancouver dit aussi avoir entrepris de consulter davantage ses citoyens sur ses projets majeurs. Après avoir entendu les demandes des citoyens, la Ville soumet ainsi différentes options d’aménagement avant d’arriver avec un projet final.

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