Les femmes et le sport

Pied de nez au cancer

Assise dans son fauteuil roulant, Cindy Ouellet se hisse par la seule force de ses bras jusqu’au haut d’une longue corde suspendue au plafond. L’ascension est longue, mais la puissante athlète semble à peine forcer.

Clouée à un fauteuil roulant après avoir été frappée par un cancer des os en 2000, Cindy Ouellet a surmonté plusieurs épreuves et est aujourd’hui une athlète accomplie.

La jeune femme originaire de Rivière-du-Loup a participé aux trois derniers Jeux paralympiques avec l’équipe canadienne de basketball. De 2009 à 2015, elle a obtenu un baccalauréat et une maîtrise à l’Université de l’Alabama en plus de remporter quatre championnats nationaux au sein de l’équipe de basketball en fauteuil de l’établissement. Depuis 2015, Cindy Ouellet planche sur un doctorat en ingénierie biomédicale à la University of Southern California.

C’est aussi en 2015 que la jeune femme de 28 ans s’est mise au CrossFit pour améliorer sa préparation physique. Depuis, elle a remporté des compétitions importantes dans ce sport dans la division adaptée.

Cindy Ouellet tente également actuellement de se qualifier pour les prochains Jeux paralympiques dans l’équipe canadienne de ski de fond en fauteuil.

Une histoire de persévérance

Si, aujourd’hui, rien ne semble à son épreuve, Cindy Ouellet raconte avoir dû surmonter plusieurs embûches avant d’en arriver là. Faisant du ski alpin de compétition et plusieurs sports, son monde s’écroule quand, à 12 ans, elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer des os dans le bassin gauche. La maladie est diagnostiquée par hasard, à la suite d’une fracture subie par la jeune athlète. L’adolescente doit subir un an et demi de chimiothérapie et une opération touchant la moitié de son bassin et une de ses jambes.

Après trois ans de réadaptation intense, Cindy se fait dire qu’elle ne retrouvera jamais l’usage complet de ses jambes. Le choc est immense. « C’est là que j’ai frappé un mur. Rien n’allait pour moi », se souvient l’athlète.

À la même époque, Cindy doit composer avec de l’intimidation à l’école. « En plus de l’intimidation parce que je n’avais pas de cheveux et que j’avais un handicap, j’ai également fait mon coming out. Plus rien n’allait. Je pensais tous les jours vouloir mourir. Une chance que j’ai eu une famille qui m’a soutenue et la musique », raconte la jeune femme, qui joue du piano depuis l’âge de 3 ans.

Puis, à 16 ans, Cindy essaye le basketball en fauteuil roulant. Du jour au lendemain, elle retrouve goût à la vie. « J’ai eu l’espoir qu’enfin, je pouvais refaire du sport à un haut niveau », dit-elle. Un an et demi plus tard, Cindy faisait son entrée dans l’équipe canadienne de basketball en fauteuil roulant et se rendait aux Jeux paralympiques de Pékin.

Amour du CrossFit

Il y a trois ans, Cindy est tombée par hasard sur des vidéos d’athlètes en fauteuil roulant faisant des entraînements de CrossFit. Elle a essayé le sport et est aussitôt tombée sous le charme. « Les gymnases de CrossFit sont très grands et donc très adaptés pour des athlètes en fauteuil », dit-elle.

Même si plusieurs compétitions d’importance ont commencé à intégrer des divisions adaptées en CrossFit, le parcours principal menant aux Jeux mondiaux n’offre pas encore cette possibilité. Une situation que Cindy Ouellet, aidée de l’entreprise Wheel Wod, souhaite corriger.

En participant à la séance photo de La Presse, Cindy Ouellet a voulu livrer un message de persévérance. « Peu importe ce qui t’arrive, tu dois te battre et apprendre de tout ça pour survivre et devenir plus fort », dit-elle. La jeune femme se veut aussi la preuve que malgré des limitations, il est possible de faire du sport de haut niveau et d’un jour pouvoir escalader une corde par la seule force de ses bras. 

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