Chronique

Ne cachez plus ce zizi !

C’est inscrit noir sur blanc dans leurs contrats. Les comédiens qui incarnent les danseurs nus de la nouvelle télésérie Le cheval-serpent de Radio-Canada, dont le chanteur tatoué Claude Bégin, ont tous accepté de montrer leur pénis au petit écran. Tu refuses de retirer ton slip ? Tu restes chez toi.

Au Québec, la nudité frontale masculine est rarement – voire jamais – montrée à la télévision. C’est tabou. Encore plus tabou : un membre en érection, ce qui fait partie de l’univers des clubs comme le 281, qu’explorera cette série.

Si jamais la situation de l’érection se pointe, la créatrice du Cheval-serpent, Danielle Trottier, assure que le traitement sera « artistique », pas du tout trash. « Moi, personnellement, j’aime mieux regarder le derrière que le devant », dit-elle en rigolant.

Après une trentaine de jours de tournage, les cinq comédiens qui interprètent ces effeuilleurs, soit Sacha Charles, Claude Bégin, Alexandre Landry, Pier-Olivier Paquet et Randy Simons, ont rangé leur gêne au placard et pris l’habitude de se foutre complètement à poil – ou avec une poche de thé qui recouvre leurs parties intimes – devant une foule 100 % féminine.

Pendant trois mois, ces cinq acteurs ont respecté une diète stricte, suivi des leçons de danse et un entraînement physique intense. Certains devaient perdre du gras. D’autres, prendre de la masse musculaire. L’ancien mannequin Francisco Randez fait aussi partie de la troupe. Il joue Pete, le doyen des danseurs qui surveille maintenant la porte du club.

« Des corps d’hommes qui se dénudent, il y en a dans les 10 épisodes. On les voit dans les douches, dans le vestiaire, sur la scène. Ce sera fait avec goût. Les choses les plus choquantes feront partie des intrigues »

— Danielle Trottier, qui signe aussi Unité 9

Le réalisateur Sylvain Archambault (Mensonges, Les pays d’en haut) enchaîne : « On raconte une histoire. Ce ne sera pas du voyeurisme et je ne fais pas de gros plans de pénis. La nudité, on finit par en revenir ».

Hier après-midi, Sylvain Archambault, sous l’œil attentif de la productrice Fabienne Larouche, tournait une scène de danse chorégraphiée où les cinq gars sortaient des coulisses déguisés en pompiers. Les figurantes s’époumonaient comme au bachelorette de leur chum de fille. La machine à fumée surchauffait. Et les hommes-objets avaient tous le physique de l’emploi. Oui, on a vu des fesses, mais pas de pénis, si vous voulez tout savoir.

Le cabaret Cheval-serpent a entièrement été recréé dans un hangar des studios Mels de Saint-Hubert, pas très loin des décors de La voix. C’est un endroit très classe, en teintes de mauve, rose, noir et doré. La scène, qui s’avance dans le public, a même une forme phallique.

« Le catwalk, ça existe surtout dans les bars de danseuses. On trouvait ça intéressant de l’intégrer dans Le cheval-serpent », remarque Danielle Trottier.

Volontairement, l’auteure a choisi d’écrire deux rôles principaux de lesbiennes. Dorice (Sophie Prégent) gère Le cheval-serpent, un établissement réputé pour ses soirées festives qui rapportent beaucoup d’argent. Depuis 25 ans, Dorice forme un couple avec Dominique (Élise Guilbault), une féministe très connue.

Selon Danielle Trottier, c’est important de mettre ce type de personnage en avant-plan. « C’est encore difficile de faire passer la réalité homosexuelle dans le public plus large. Ce n’est pas encore accepté », constate Danielle Trottier.

Dorice et Dominique ont eu une fille, Simone (Catherine St-Laurent), avec David (Guillaume Lemay-Thivierge). David bosse au bar avec Dorice. Ils forment une belle famille moderne.

Le cheval-serpent, destiné à l’Extra de Tou.tv pour la saison prochaine, racontera des histoires de pouvoir. Pouvoir sexuel, financier et politique, tout ça s’entremêlera. Louise Portal, Daniel Parent, Paul Savoie, Martin Vachon et Marie Tifo y apparaîtront également.

Quant à l’auteur-compositeur-interprète Claude Bégin, un habitué de la nudité dans ses vidéoclips, « son personnage n’a pas beaucoup à dire, mais beaucoup à faire », note la scénariste Danielle Trottier. Une scène où il ondule dans une cage avec une future mariée risque de faire beaucoup jaser, me dit-on.

Et pourquoi la série porte-t-elle ce nom étrange ? Le cheval, pour la force et la dignité. Le serpent, pour le danger et la tentation.

Chiffrier du mardi

Unité 9 reste au sommet avec ses 1 725 000 accros, suivie de District 31 (1 154 000). À 21 h, la lutte demeure chaude entre Mémoires vives (793 000) et O’ (869 000). Lundi soir, Les pays d’en haut a été regardée par 1 082 000 fans, et non 1 030 000 comme je l’ai rapporté hier.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.