Portrait de la francophonie 2018

Le français progresse, mais…

La francophonie progresse sur la planète grâce à l’essor de l’Afrique. Mais elle doit affronter de grands défis. Les conclusions de l’ouvrage La langue française dans le monde, à paraître aux Éditions Gallimard, seront présentées ce matin à la Grande Bibliothèque, à Montréal. Voici les faits saillants.

300 millions

Nombre de francophones dans le monde en 2018, soit une hausse de près de 10 % depuis 2014. Le français occupe le cinquième rang parmi les langues les plus parlées au monde après le mandarin, l’anglais, l’espagnol et l’arabe. Le français est la troisième langue des affaires et du commerce et la quatrième langue de l’internet. Il s’agit de la langue officielle de 32 États et gouvernements. Plus de 50 millions de personnes l’apprennent comme langue étrangère. En 2070, on projette qu’il y aura entre 477 et 747 millions de francophones dans le monde.

Quelle définition employer ?

« Les francophones regroupent tous les locuteurs du français, car ils ont un rapport quotidien avec la langue. Cette définition permet d’intégrer des gens pour lesquels on n’a aucun doute sur leur appartenance à la francophonie. Je pense à Dany Laferrière, dont la langue maternelle est le créole. Si on ne retenait que ceux dont la langue maternelle est le français, on se retrouverait avec 80, 85 millions de personnes. L’idée, ce n’est pas de gonfler les chiffres. Mais c’est de démontrer la réalité du fait français », explique Richard Marcoux, directeur de l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone.

Le francophone type en 2018

> C’est un jeune Africain. 

> Il a moins de 30 ans.

> Il habite au Sénégal, au Gabon, en Côte d’Ivoire ou au Mali. 

> Il réside en ville.

> Il a fait des études, car le français est la langue d’enseignement.

Émergence en Afrique 

« Presque 60 % des locuteurs quotidiens du français se trouvent en Afrique, indique Alexandre Wolff, coordonnateur de La langue française dans le monde, fruit de l’Organisation internationale de la Francophonie. Ce qui montre que l’avenir de la langue française semble se situer sur ce continent. Dans sa partie subsaharienne, la croissance du français dépasse 17 % depuis 2014. Pour chacun de ces pays, il y a souvent plusieurs langues nationales. Par exemple, il y en a plus de 250 au Cameroun. Dans ce contexte plurilingue, le français est une langue de communication. Et c’est à l’école qu’elle est enseignée. » 

Et le Québec ? 

« Au Québec, le nombre de francophones est en hausse, dit Richard Marcoux, professeur titulaire à l’Université Laval. Mais leur proportion reste la même dans l’ensemble canadien. » Pour Alexandre Wolff, les Québécois et les Franco-Canadiens jouent un « rôle essentiel » dans le monde francophone. « Ils sont les représentants de la francophonie sur un continent dominé par l’anglais », dit le responsable de l’Observatoire de la langue française à l’Organisation internationale de la Francophonie. De plus, ajoute-t-il, le Québec est reconnu pour concevoir de nouveaux termes permettant de décrire la réalité moderne des univers numériques et scientifiques. Un exemple célèbre : le courriel.

Trois grands défis

L’éducation : l’instabilité politique dans certains pays africains exerce une pression sur le système scolaire, principal lieu de transmission du français, constate Richard Marcoux. De plus, la croissance démographique et la hausse du nombre d’élèves par classe font craindre une dilution de la qualité de l’enseignement.

L’expression : on assiste à des variations de langages, remarque Alexandre Wolff. Par exemple, en Côte d’Ivoire, le nouchi, un « parlé urbain » basé sur le français, s’est développé au-delà des normes communes. Il est devenu peu compréhensible pour d’autres francophones.

L’information : pour conserver son attrait, le français doit être utile pour les études, le travail et l’insertion sociale, dit M. Wolff. Il doit garder sa place dans le monde de l’information, des affaires, de la culture et de la recherche scientifique, entre autres.

Hausse fulgurante des comportements suicidaires chez les jeunes

Entre 2015 et 2018, le nombre de jeunes qui ont été vus aux urgences de l’Hôpital de Montréal pour enfants pour des gestes ou des idées suicidaires a augmenté de 55 %. Ces données font écho à une tendance alarmante qui est aussi observée chez les jeunes Américains et que vient de documenter le médecin montréalais Brett Burstein dans une étude qu’il cosigne ce mois-ci dans la revue JAMA Pediatrics. Entrevue.

Que sait-on de la situation aux États-Unis ?

Entre 2007 et 2015, le nombre d’enfants qui ont été vus aux urgences en raison de gestes ou de pensées suicidaires a doublé, passant de 580 000 à 1,12 million. Les Américains estiment qu’il s’agit là d’une situation de crise de santé mentale majeure. Au Canada, selon les données les plus récentes de Statistique Canada, le suicide est la deuxième cause de décès chez les 15 à 34 ans et la troisième chez les 10 à 14 ans.

Les augmentations sont-elles importantes ici aussi ?

Notre étude a porté sur les Américains parce que les États-Unis, grâce aux Centers for Disease Control and Prevention (CDC), disposent d’une base de données nous permettant de répertorier et de catégoriser toutes les visites aux urgences, ce que nous n’avons malheureusement pas pour le Canada. Mais la hausse de 55 % de visites pour gestes ou idées suicidaires qui a été enregistrée à l’Hôpital de Montréal pour enfants entre 2015 et 2018, c’est une augmentation énorme.

Qu’est-ce qui explique des hausses aussi importantes en une si courte période de temps ?

On se l’explique mal pour l’instant. Certains pensent que les réseaux sociaux y sont pour quelque chose, mais je doute qu’on puisse cibler une cause en particulier. C’est probablement multifactoriel. C’est ça, le problème : on en sait très peu sur les causes et très peu sur les solutions. Ce que l’on savait du phénomène il y a 15 ans ne s’applique plus nécessairement. On aurait vraiment besoin de davantage d’études et surtout de documenter les approches qui semblent vraiment fonctionner.

Pourquoi est-ce si important d’être attentif au risque suicidaire des jeunes ?

Parce qu’une première tentative de suicide est le premier de tous les facteurs de risque et ça vaut pour toute la vie. Il faut prendre très au sérieux tout drapeau rouge.

Les pensées ou gestes suicidaires sont sans doute très différents selon qu’il s’agit d’enfants ou d’adolescents.

Les adolescents que l’on voit sont plus nombreux à avoir des plans précis – à savoir par exemple à quelle heure précise passe le train, à avoir déjà écrit leur lettre d’adieu, etc. Chez les enfants, c’est : ça irait mieux sans eux. Aussi, quand les enfants décident de passer à l’acte, les moyens qu’ils croient mortels le sont moins souvent.

Les enfants qui sont vus aux urgences sont-ils bien pris en charge ?

L’un des gros problèmes, c’est qu’aussi bien aux États-Unis qu’ici, 90 % des enfants sont vus dans des hôpitaux autres que pédiatriques. Bien sûr, s’il y a une blessure qui nécessite des soins rapidement, on se rend à l’hôpital le plus proche, mais un hôpital qui soigne essentiellement des adultes n’a pas les ressources pour faire une évaluation approfondie de ces jeunes et assurer un suivi optimal. De façon générale, il manque aussi cruellement de psychiatres et d’autres professionnels pour prendre rapidement en charge les enfants.

Si vous avez besoin d’écoute ou que vous avez des idées suicidaires, n’hésitez pas à communiquer avec Tel-Jeunes par téléphone au 1 800 263-2266 ou par texto au 514 600-1002. Vous pouvez aussi téléphoner au 1 866 APPELLE (1 866 277-3553)

Consultation sur l’Interdiction des armes de poing et d’assaut

Des positions « diamétralement opposées » et des résultats « biaisés »

Les positions sur l’interdiction des armes de poing et d’assaut sont « diamétralement opposées ». C’est ce que conclut une consultation dont une partie des résultats sont « biaisés », de l’aveu même du ministre de la Réduction du crime organisé, Bill Blair.

« Les points de vue sont très divergents sur la question de l’interdiction et de la restriction de l’accès […]. Dans les deux camps, de nombreux intervenants ont des opinions très tranchées sur l’interdiction », note-t-on dans le rapport rendu public jeudi.

Le gouvernement Trudeau, qui avait lancé cette consultation en octobre dernier, devra maintenant se faire une tête. Et toutes les options sont sur la table, a insisté le ministre Blair en entrevue à La Presse, jeudi.

« Des discussions sont en cours au gouvernement. Je suis conscient qu’il reste peu de temps au Parlement avant la prochaine élection, mais il y a des gestes que l’on peut poser à court terme », a-t-il exposé sans toutefois préciser sa pensée.

La consultation a été menée sur plusieurs fronts. On a organisé des tables rondes, consulté des provinces, invité divers acteurs à soumettre des mémoires et sollicité l’avis de la population au moyen d’un questionnaire en ligne.

Résultats « biaisés »

Or, il était possible de répondre à ce questionnaire un nombre illimité de fois.

La consultation web a ainsi notamment été prise d’assaut par François Bellemare, un ingénieur québécois adepte du tir sportif, qui s’est vanté d’avoir répondu entre 25 000 et 35 000 fois à l’aide d’un programme qu’il laissait rouler sur son ordinateur la nuit.

C’est ainsi qu’à la question « Devrait-on en faire plus pour limiter l’accès aux armes de poing », 81 % ont répondu par la négative (95 % au Québec). À « Devrait-on en faire plus pour limiter l’accès aux armes d’assaut », 77 % ont dit non (93 % au Québec).

Après avoir défendu la validité de la démarche, Bill Blair a fini par concéder que les résultats étaient « biaisés ». Lui-même ne se laisse « pas induire en erreur », car il « comprend et reconnaît » que des personnes ont faussé les données.

« Et j’espère que les Canadiens le sauront en prenant connaissance des chiffres », a-t-il exprimé au téléphone.

Terminologie revue

Par ailleurs, l’emploi du terme « arme d’assaut » a fait tiquer des gens, si bien que le gouvernement a revu son vocable. Alors que dans la lettre de mandat de Bill Blair, on parlait d’« armes d’assaut », dans le rapport, on privilégie le terme « armes à feu de style arme d’assaut ».

« Les intervenants qui s’opposaient à une interdiction ont soulevé une vive préoccupation », l’expression constituant selon eux « un manque de respect à l’égard de la communauté des armes à feu parce qu’elle contribue à répandre la peur », y note-t-on.

« L’expression “arme à feu de style arme d’assaut” a depuis été adoptée », est-il écrit.

Position du Québec

Le gouvernement québécois, qui n’a pas pris part à l’exercice, « est pour l’interdiction des armes d’assaut », a indiqué à La Presse Amélie Paquet, l’attachée de presse de la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault. « Par contre, c’est de juridiction fédérale, alors on ne veut pas s’immiscer dans le débat. Mais notre position est claire », a-t-elle ajouté.

Montréal

Le cœur de Turcot obstrué pour le week-end

Le coeur du grand échangeur Turcot qui relie entre elles les autoroutes 15 et 20 ainsi que la route 136 (ex-autoroute Ville-Marie), au sud-ouest de Montréal, sera presque complètement obstrué durant tout le week-end. Plusieurs des bretelles seront en service, mais les liens est-ouest entre l’autoroute 20 et la route 136 seront complètement fermés à compter de minuit ce soir, pour toute la fin de semaine. Le seul lien routier direct entre le centre-ville et l’ouest de l’île de Montréal sera hors service jusqu’à 5 h lundi. Même chose dans l’axe nord-sud. Ou presque. Une voie de circulation restera ouverte pour permettre aux automobilistes arrivant du pont Champlain, par l’autoroute 15 Nord, de se rendre jusqu’à l’autoroute Décarie, en direction du nord de la métropole. Pour peu qu’il fasse chaud cette fin de semaine, et que les gens aient envie de cesser leur hibernation, ça pourrait être très, très congestionné dans le secteur.

— Bruno Bisson, La Presse

Toponymie

Une montagne à la mémoire de Bernard Landry ?

Est-ce que ce sera une montagne, un barrage, une autoroute, un pont ou un autre lieu physique ? La Commission de toponymie du Québec est à pied d’œuvre pour trouver le meilleur moyen de perpétuer la mémoire de Bernard Landry. François Legault souhaite en faire l’annonce le 6 novembre prochain, au premier anniversaire de la mort de celui qui, comme lui, a exercé les fonctions de premier ministre du Québec. Des discussions sont en cours avec le Cercle des ami(e)s de Bernard Landry pour faire des propositions. Cet organisme à but non lucratif a été créé récemment par sa famille et ses proches, a appris La Presse. « Nous avons déjà plusieurs projets dans nos cartons », dit Jean-Yves Duthel, initiateur et secrétaire général du Cercle. À l’instar de Québec, des villes feront aussi des gestes. « Le 10 mai prochain, Drummondville nommera un édifice à son nom, précise M. Duthel. Et 10 jours plus tard, pour la fête des patriotes, Verchères baptisera un espace devant l’église “place Bernard-Landry”. Son buste fera face à Papineau. » À son tour, le Cercle s’adressera aux villes et aux municipalités qui ont jalonné son existence : Saint-Jacques (de Montcalm), Montréal, Laval et Québec, pour connaître leurs intentions. — Réjean Bourdeau, La Presse

Laïcité

Offensive du Bloc à l’intention des anglophones

Le Bloc québécois lance une offensive publicitaire – en anglais s’il vous plaît, et dans la capitale fédérale – pour défendre sa position et celle du gouvernement du Québec en matière de laïcité. La formation politique, qui reproche à Justin Trudeau son opposition au projet de loi québécois en cette matière, s’est payé une affiche publicitaire à Ottawa. « Quebec knows what’s right for Quebec. Thank you. » (« Le Québec sait ce qui est bon pour le Québec. Merci. »), lit-on sur la pancarte, installée près d’un accès à l’autoroute 417, qui relie Ottawa à Montréal. « Justin Trudeau a besoin d’un message clair du Québec », a justifié le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, en conférence de presse au parlement hier. Le Bloc québécois explique avoir également fait parvenir une lettre ouverte aux médias canadiens et déployé « une opération internet et vidéo » pour faire « passer le message aux élus de la Chambre des communes qu’il revient à l’Assemblée nationale » de décider des règles de laïcité. Le dépôt, il y a deux semaines, du projet de loi sur la laïcité de l'État par le gouvernement de François Legault a fait sourciller les partis d'opposition à Ottawa. Les chefs Andrew Scheer et Jagmeet Singh ont fait connaître leurs réserves, mais ont tous deux affirmé qu'ils respecteraient la légitimité de Québec de légiférer sur la question.

— Mélanie Marquis et Fanny Lévesque, La Presse

Photographie

Lozeau vendu à une entreprise ontarienne

Véritable institution dans le domaine de la photographie au Québec, le détaillant Lozeau a été vendu à l’entreprise ontarienne Henry’s. La valeur de la transaction n’a pas été dévoilée. Fondée en 1927, la boutique de la rue Saint-Hubert vend et loue du matériel pour la photo et la vidéo. Les 125 personnes qui y travaillent aujourd’hui conserveront leur emploi et le nom Lozeau sera maintenu, assure Stéphane Simard-Lozeau, vice-président de l’entreprise. Celui-ci s’est dit « vraiment content » de la tournure des événements. Selon lui, la transaction « a pour but de s’assurer de la pérennité de l’entreprise ». Désormais, Lozeau « fait partie du plus important groupe photographique du Canada ». Lozeau souhaitait avant tout augmenter son pouvoir d’achat et renforcer sa compétitivité dans l’actuel contexte de « férocité du web ». — Simon-Olivier Lorange, La Presse

Pannes d'électricité

La situation semble sur le point de se résorber

Le problème des pannes d'électricité ayant touché des centaines de milliers d'abonnés au Québec dans les derniers jours semble sur le point de se résorber. Hier en fin de soirée, un peu moins de 1500 clients manquaient toujours de courant, surtout dans les régions de Lanaudière et des Laurentides et à Montréal. À Laval, où les résidants ont été durement éprouvés par la météo des derniers jours, 332 abonnés n'avaient toujours pas d'électricité. Au lever du jour, mercredi, le nombre de clients manquant d'électricité s'élevait à 106 000. Au plus fort de la situation provoquée par les pluies verglaçantes du début de la semaine, la panne touchait plus de 313 000 abonnés dans la province. Depuis lundi soir, plusieurs citoyens ont tenté de se réchauffer en utilisant des sources de chauffage d'appoint, ce qui a entraîné des intoxications au monoxyde de carbone. — La Presse canadienne

Montréal

L’autopartage a le vent dans les voiles 

Pour ses 25 ans, Communauto accroît son parc en y ajoutant 285 véhicules, répartis entre l’offre de stations fixes avec réservation et l’option en libre-service, où les voitures sont dispersées à même les emplacements habituels aux abords des rues. À Montréal, 135 nouvelles voitures bonifieront le service sans réservation, soit une augmentation de 23 % du nombre de véhicules déjà disponibles. Le service Auto-mobile de Communauto s’étendra aux quartiers de Saint-Laurent et de LaSalle. De nouvelles stations seront installées à Ahuntsic-Cartierville, alors que des stations verront le jour pour la première fois à Côte-Saint-Luc. « On est rendu à une autre étape, d’un service de niche à quelque chose qui a un impact [important] », a affirmé Marco Viviani, vice-président au développement stratégique de l’entreprise. Près de 3,5 % des foyers montréalais sont abonnés au service d’autopartage, qui compte 2050 véhicules dans la province, a-t-il affirmé en entrevue.

— Isabelle Grignon-Francke, La Presse

Carnage en Nouvelle-Zélande

Nous avons publié le 27 mars dernier un reportage rapportant qu’un site web québécois avait traduit et diffusé le manifeste du tireur de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Dans ce texte, nous avons omis de mentionner que la méthodologie utilisée par notre journaliste pour déterminer l’identité du propriétaire du site web avait d’abord été élaborée par le groupe Montréal Antifasciste. Nous aurions dû attribuer le crédit à ce groupe. Nos excuses. 

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