Mode sportive

Les textiles de demain

Faire du sport avec un t-shirt 100 % coton qu’on détrempait de sueur, c’était la norme il n’y a pas si longtemps. Aujourd’hui, les matières restent sèches. Quelles seront les prouesses des textiles de demain ?

La Presse l’a demandé à Christine Harding et Florian Carpentier, directrice technique et ingénieur textile chez Vestechpro, un centre de recherche et d’innovation en habillement de Montréal. Leur mandat ? Développer de nouveaux produits – ou les améliorer – pour des ingénieurs et détaillants. « On doit rester à l’affût des nouveautés dans les matériaux pour répondre aux besoins de nos clients, qui sont toujours plus gourmands de technologie », indique M. Carpentier.

Améliorations

L’innovation passe par l’amélioration des textiles actuels. « Par exemple, si on parle des Cool Dry, ces tissus qui sèchent très rapidement quand on transpire, on s’est aperçu qu’ils sont très performants, mais qu’ils ont des défauts : ils gardent les odeurs et les taches, dit M. Carpentier. Ils ne conviennent pas à monsieur et madame Tout-le-Monde, qui portent ces t-shirts plus longtemps que leur activité sportive, contrairement aux athlètes. » Les fabricants cherchent donc à créer des textiles antihumidité avec traitements antibactériens et antitaches. « Les nouveaux tissus vont résister à différents aléas liés soit au corps humain, soit au climat », résume l’ingénieur.

Innovations chimiques

« On parle beaucoup de matières avec effet déperlant, dit Mme Harding. Si on échappe du café dessus, le liquide n’est pas absorbé, il roule complètement. » Des traitements imperméabilisants existent déjà, notamment en aérosol. « C’est de la chimie de surface, pas de la chimie durable », observe M. Carpentier. Après quelques lavages, la protection n’est plus là. « L’idée actuelle, c’est d’intégrer ces traitements directement dans la fibre, lors de sa fabrication, pour que ça devienne permanent », explique-t-il.

Innovations mécaniques

D’autres prouesses attendues sont… mécaniques. « Fabriquer des fils synthétiques, c’est comme faire des spaghettis, illustre l’ingénieur. Vous avez une pâte visqueuse de polymère qui passe dans une plaque avec des trous de différentes formes. Les propriétés des filaments sont différentes selon les formes. Dans un vêtement Cool Dry, les fibres ne sont pas rondes. Elles ont une forme de trèfle, pour que la transpiration aille dans les gouttières du trèfle et soit transportée loin de la peau. » D’autres fibres sont triangulaires, en forme d’os, etc.

Adaptabilité

Le sportif amateur aura bientôt encore plus de choix, à bon prix. « Certaines technologies seront plus abordables, ce qui fait que le consommateur pourra les adopter pour un port journalier », prévoit M. Carpentier. Le manteau avec tissu anti-UV acheté pour le ski de fond sera gardé pour aller au travail. « Un des gros projets du futur, c’est l’adaptabilité, confirme Mme Harding. De plus en plus de gens demandent des vêtements qui peuvent être portés du matin au soir et répondre à différentes demandes. Il y aura, notamment, des tissus qui changent de couleur en fonction des ambiances, de la température du corps ou externe. » Pourquoi pas un pantalon orange pour être visible à pied le matin, devenant noir une fois au boulot ?

Durabilité

« Une grande tendance, c’est de rendre le processus de manufacturation des fibres plus écologique, indique M. Carpentier. Des études montrent que le polyester n’est pas plus polluant que le coton à fabriquer. Le problème, c’est la fin de vie. Le coton va se dégrader, pas les fibres chimiques. » Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) travaille, avec DuPont, à l’élaboration de nouveaux textiles biodégradables, indique Mme Harding. « On a aussi entendu parler de cuir végétal fait à base de kombucha [NDLR : une boisson fermentée faite avec des champignons] », ajoute-t-elle.

Ces innovations seront d’abord commercialisées par les grandes marques, qui investissent beaucoup en recherche et développement. « Après, souligne Mme Harding, tout le monde va en faire des dérivés plus abordables. » Pauvre t-shirt 100 % coton, son heure de gloire sportive est vraiment derrière lui.

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