OPINION : AÉROPORTS DE MONTRÉAL

L’attitude d’Ottawa n’est pas nouvelle

Le débat actuel sur l’attente des passagers à l’aéroport Montréal-Trudeau n’est finalement, pour reprendre une expression bien connue, que l’arbre qui cache la forêt.

En effet, les différentes parties prenantes au développement économique de la métropole réclament depuis plusieurs années une attention plus particulière de la part d’Ottawa en ce qui a trait au développement de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau.

Déjà en 2014, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) dans son bulletin de mars soulignait que l’aéroport Montréal-Trudeau se positionne comme le premier aéroport sur les 38 aéroports nord-américains qui accueillent plus de 10 millions de passagers si l’on tient compte de la proportion des passagers transfrontaliers et internationaux.

Selon des données de 2012 compilées par la CMM, 61,4 % des passagers qui transitent par l’aéroport de Montréal sont des passagers transfrontaliers et internationaux. À titre comparatif, Toronto occupe le deuxième rang derrière Montréal avec 60,9 % alors que New York (JFK) se place troisième avec un pourcentage de 50,9 % des passagers transfrontaliers et internationaux.

UNE CROISSANCE QUI NE DATE PAS D'HIER

En tenant compte de la croissance soutenue du trafic aérien à Montréal depuis 2003, il est évident que la planification des ressources à déployer à l’aéroport Montréal-Trudeau a été déficiente puisque l’augmentation de l’achalandage était prévisible.

Fait intéressant à noter, le silence d’Air Canada dans ce dossier est tout aussi surprenant que la lenteur de réaction d’Ottawa. Dans la lettre adressée au ministre de la Sécurité publique, c’est Air France-KLM qui signe le document comme représentant des transporteurs desservant l’aéroport Montréal-Trudeau. Or, Air Canada, censé être le transporteur national, n’a que très peu réagi à la situation à l’aéroport de Montréal.

Cela dit, ce n’est pas la première fois qu’Ottawa donne peu d’importance au développement de l’aéroport de Montréal.

En effet, il aura fallu que la communauté d’affaires de la métropole s’organise en groupe de travail pour faire pression sur le gouvernement fédéral pour augmenter le nombre de liaisons directes internationales à partir de Montréal.

Avant l’arrivée d’Air China, en septembre 2015, Montréal n’avait aucune liaison directe avec les grandes métropoles d’Asie et d’Amérique du Sud. À titre comparatif, pour la saison d’hiver 2014, l’aéroport de Toronto desservait 91 vols directs hebdomadaires vers l’Asie et 32 vers l’Amérique du Sud alors que Montréal n'en comptait que 5 vers l’Asie (le Qatar et la Jordanie) et aucun vol vers l’Amérique du Sud. Selon Michel Archambault, président du Bureau des gouverneurs de la chaire de tourisme Transat de l’ESG UQAM, cette situation se traduit par une perte de plus de 300 millions de dollars.

En résumé, le gouvernement fédéral n’est certainement pas le seul acteur dans le dossier de la gestion de l’aéroport Montréal-Trudeau. Néanmoins, ce dernier doit soutenir la métropole québécoise dans le développement de son aéroport s’il l’on en croit la volonté du gouvernement libéral de créer de grands pôles de développement économique. Eu égard à la forte présence des élus montréalais dans le caucus et dans le cabinet du premier ministre Trudeau, espérons que ce dossier sera réglé rapidement.

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