Pénurie de main-d’œuvre

Dix idées pour contrer la pénurie

Comment s’attaquer au problème numéro un de l’économie québécoise ? Pour clore notre grande série sur la pénurie de main-d’œuvre, voici 10 idées qui peuvent faire partie de la solution.

Que les employeurs collaborent

Encourager certains employeurs à collaborer entre eux pour différer leurs horaires de production. Cette collaboration permet aux employés saisonniers, entre autres, de prolonger le nombre de semaines de travail. Et aux employeurs d’avoir plus de main-d’œuvre. C’est actuellement le cas dans l’industrie bioalimentaire du secteur sud de la Gaspésie. Ainsi, de 25 à 45 employés prolongent leurs périodes de travail de plusieurs semaines et 6 employeurs résolvent une partie de leurs besoins de main-d’œuvre.

— Francis Vailles, La Presse

Investir dans les technologies

La solution à la pénurie de main-d’œuvre passe aussi par des investissements plus importants dans l’équipement, estime Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). « On va probablement investir de façon importante en automatisation, en robotisation, en numérisation, pour améliorer la productivité par employé et diminuer la dépendance des entreprises à l’embauche, dit-il. Or, malgré tout, on va quand même avoir besoin de l’immigration. Pour qu’une entreprise investisse, elle doit savoir qu’elle va pouvoir amortir ces investissements-là sur plusieurs années, et elle veut savoir que la main-d’œuvre va être au rendez-vous. »

— Nicolas Bérubé, La Presse

Construction : diversifier et retenir les travailleurs

« On parle de pénurie, mais il faut aussi mettre en place des moyens de garder nos gens dans l’industrie », dit Éric Boisjoly. Le directeur général à la FTQ Construction recommande de donner l’ancienneté aux travailleurs. Et d’améliorer le système de références qui permet aux employeurs de trouver de la main-d’œuvre. « Ça permettrait aux 50-55 ans, qui ont fait carrière, d’être priorisés, dit-il. Et de donner la chance à nos apprentis de 3e et 4e année de finir leurs apprentissages. » Par ailleurs, tout comme Diane Lemieux, présidente de la Commission de la construction du Québec (CCQ), il encourage la conciliation travail-famille, un sujet important pour les jeunes travailleurs. Avec l’ensemble des acteurs de l’industrie, les deux dirigeants souhaitent également attirer plus de femmes (2,1 % de la main-d’œuvre), d’immigrants (7 %) et d’autochtones (1,3 %).

— Réjean Bourdeau, La Presse

Alléger les cotisations au RRQ

Avec le vieillissement de la population, il faut encourager les travailleurs plus âgés à rester sur le marché du travail. Québec offre déjà des crédits d’impôt. Mais on pourrait aussi éliminer les cotisations au Régime des rentes du Québec qui découragent les retraités de retourner au boulot. Avec un taux de cotisation de 5,5 %, les travailleurs qui gagnent 57 400 $ doivent verser jusqu’à 3000 $ par année. Pour les travailleurs autonomes qui paient en double, la contribution grimpe à 6000 $. Il est vrai que ces cotisations bonifient ensuite la rente… mais pas beaucoup. Cela décourage les aînés qui ont l’impression de cotiser dans le beurre.

— Stéphanie Grammond, La Presse

Construction : améliorer l’efficacité des travaux

Les différentes associations de la construction, patronales et syndicales, collaborent avec Québec pour trouver des solutions à la pénurie de main-d’œuvre. Ils se réunissent aussi pour améliorer la planification et l’efficacité des travaux. Un exemple ? Le mois dernier, l’Association de la construction du Québec (ACQ) et la Fédération des commissions scolaires du Québec ont mis sur pied le Comité sur l’étalement des travaux dans les écoles. « On examine la possibilité de réaliser des travaux de rénovation majeurs au-delà de la période estivale », explique Guillaume Houle, porte-parole de l’ACQ. Une autre idée ? « Avec tout le travail à faire, l’industrie pourrait utiliser davantage les nouvelles technologies (logiciels, drones, etc.) sans pour autant créer de pertes d’emplois », précise Diane Lemieux, de la CCQ.

— Réjean Bourdeau, La Presse

Se faire voir dans les autres provinces

Faire de la publicité et des démarches pour attirer des travailleurs des autres provinces, dont beaucoup parlent français. Pendant le boom pétrolier, l’Alberta avait multiplié les initiatives du genre avec succès entre 2004 et 2014, attirant de nombreux Québécois et résidants des Maritimes. Le professeur émérite Jacques Légaré, de l’Université de Montréal, suggère même d’instaurer des mesures incitatives pour rapatrier les Québécois du reste du Canada.

— Francis Vailles, La Presse

Combattre la discrimination

Pour atteindre une plus grande intégration des personnes immigrantes sur le marché du travail, il faut s’attaquer à l’éléphant dans la pièce : la discrimination à l’embauche, croit Julia Posca, chercheuse à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). « L’intégration se fait quand même mieux qu’il y a dix ans, en partie à cause des besoins économiques des entreprises. Mais le problème est quand même persistant. Une enquête de la Banque de développement du Canada a démontré que plus de 50 % des entreprises qui ont des difficultés à recruter du personnel ne considéraient pas la possibilité d’embaucher des personnes immigrantes, même si elles ont des postes à pourvoir. La discrimination est au cœur du problème, et malheureusement, on n’a pas entendu du tout le gouvernement de la CAQ parler de ça. »

— Nicolas Bérubé, La Presse

Davantage de vacances

Bonifier les vacances de certains travailleurs d’expérience fortement demandés pour les inciter à rester plus longtemps sur le marché du travail. Par exemple, ajouter une semaine de vacances pour chaque année additionnelle de service à partir de 60 ans. De 4 semaines à 60 ans, les vacances passeraient alors graduellement à 9 semaines à 65 ans. Le financement d’une telle mesure pourrait être réparti également entre le gouvernement, les entreprises et les travailleurs.

— Francis Vailles, La Presse

Mieux intégrer les personnes qui vivent avec un handicap

Il y a environ 300 000 personnes qui vivent avec un handicap au Québec. Mais leur intégration sur le marché du travail est semée d’obstacles, ce qui fait en sorte que leur taux d’emploi est beaucoup plus faible que celui des personnes sans incapacité. En leur donnant un coup de main, les employeurs peuvent donc accéder à un vaste bassin de main-d’œuvre, à du personnel impliqué qui risque moins de changer d’emploi. Pour y arriver, Québec a annoncé au début de juin l’injection de 238 millions de dollars sur cinq ans afin d’aider les personnes handicapées à intégrer le marché du travail. Parmi les 33 mesures au programme, il est question d’offrir une meilleure orientation scolaire, de fournir un guide sur l’utilisation des transports en commun et de faciliter les démarches pour dénicher un emploi d’été ou un premier emploi.

— Stéphanie Grammond, La Presse

Revoir les subventions

Cesser graduellement de subventionner les industries où la pénurie est criante, comme le tourisme ou l’informatique. Les subsides gouvernementaux ont pour effet de créer des besoins en main-d’œuvre et donc de jeter de l’huile sur le feu de la pénurie. La situation est plus problématique dans le tourisme, où les salaires sont peu élevés. Certaines régions particulièrement dépendantes du tourisme pourraient cependant être épargnées.

— Francis Vailles, La Presse

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