Réalité virtuelle

Vos rénovations, comme si elles étaient terminées

Grâce à la réalité virtuelle, Nancy Mainville et Michel Pouliot ont pu voir, le mois dernier, à quoi ressemblera leur maison une fois rénovée.

Casque de réalité virtuelle sur la tête et manettes dans les mains, ils ont oublié qu’ils étaient en plein chantier. Ils ont exploré leur demeure telle qu’elle sera lorsque les travaux seront terminés, découvrant tous les éléments dont ils ont discuté avec le designer d’intérieur Denis Bourgeois.

« On dirait que je suis dedans, c’est fou. Michel, le foyer, tu vas aimer cela. Tu vas capoter ! »

— Nancy Mainville, la première à enfiler le casque

Tout de suite, elle remarque l’évier solitaire dans l’îlot. « Cela en prend deux », rappelle-t-elle au designer avant de se rendre dans la salle de lavage, où elle admire la porcelaine sur les murs. « Je l’aime », précise-t-elle.

Quand vient son tour, Michel est tout aussi enthousiaste. « Je trippe ben raide », indique-t-il en cliquant sur une des deux manettes pour avoir une meilleure perspective de la future penderie, de style walk-in, qui sera attenante à la chambre principale. « C’est un peu petit, reconnaît-il par la suite, mais je le savais. Il faudra bien l’organiser. »

Le couple, qui investira environ 225 000 $ pour transformer de fond en comble le spacieux bungalow qu’il vient d’acquérir à Carignan, sort ravi de l’expérience. « Cela donne vraiment l’idée de ce qu’on va avoir, indique Nancy. C’est impressionnant. »

Toujours à l’affût des dernières tendances, le designer d’intérieur Denis Bourgeois veut ajouter une corde à son arc et explorer la réalité virtuelle. « Cela peut valoir la peine dès que les gens s’apprêtent à dépenser 10 000 $ ou 15 000 $ pour rénover une cuisine ou une salle de bains, croit-il. Plus les travaux sont importants, plus le facteur de risque est élevé. Tous ne sont pas capables de comprendre des plans et d’imaginer le produit fini. C’est d’autant plus logique d’offrir ce service quand des clients investissent 100 000 $ ou 200 000 $. »

Énormément de travail a été fait en amont avec Nancy Mainville et Michel Pouliot, fait-il remarquer. « Nous avons eu beaucoup de discussions avant de trouver l’aménagement optimal. Corriger un plan, ce n’est rien. Mais tasser de 2 pieds un mur en cours de route, c’est la catastrophe ! »

Par l’entremise du logiciel de modélisation en 3D SketchUp, il a conçu les plans du rez-de-chaussée de la maison, qui ont ensuite été convertis en réalité virtuelle à l’aide de la technologie mise au point par l’entreprise montréalaise SimFusion. Avec sa toute nouvelle filiale AzzaVr, celle-ci veut répondre, notamment, à divers besoins dans le secteur résidentiel.

Le recours à la réalité virtuelle peut s’avérer fort utile lors de rénovations et à l’achat d’une propriété sur plan ou de mobilier, fait valoir Félix LeBlanc, vice-président opérations chez SimFusion.

En pleine expansion

La réalité virtuelle a le vent dans les voiles. Louis-Philippe Pratte, président fondateur de l’entreprise À Hauteur d’homme (Hh), qui conçoit et fabrique des meubles et des cuisines avec un souci écologique, a commencé à y avoir recours, car il croit qu’un jour, son utilisation deviendra la norme.

« Cela a du sens dans un domaine où les gens dépensent des sommes importantes d’argent. On s’en sort bien avec des images, mais c’est bien d’avoir un outil supplémentaire pour valider, par exemple, la couleur, le fini, l’emplacement d’un îlot. C’est pertinent d’être dans l’espace, en 3D. »

— Louis-Philippe Pratte, président fondateur de l’entreprise À Hauteur d’homme

Il se sert d’un casque de réalité virtuelle dans lequel il insère son téléphone intelligent. « Ce n’est pas parfait, convient-il. Mais le fait d’utiliser la réalité virtuelle contribue à la réflexion. »

Il a tenté une première expérience avec un couple, qui rénove la cuisine de son appartement dans Habitat 67 et désire qu’elle soit toute noire d’un côté et en chêne blanchi de l’autre. En se trouvant au milieu de la pièce, les clients ont pu déterminer lequel des deux agencements ils préféraient. « Ils ont été agréablement surpris », précise M. Pratte, qui offre actuellement gracieusement l’option RV, mais facturera 500 $ à compter de septembre.

Un outil pour vendre sa maison

La réalité virtuelle peut aussi servir les propriétaires qui désirent vendre leur maison. Au lieu d’effectuer des travaux coûteux qui pourraient ne pas plaire aux futurs acheteurs, qui recommenceront tout à leur tour, l’entreprise montréalaise ArchVyz propose l’option « virtual staging ». « On peut réaliser différentes configurations en fonction des goûts des clients ciblés, comme une famille ou un couple qui aime la déco contemporaine, explique Jérémie Abbou, cofondateur de l’agence 3D, qui marie le jeu vidéo et la réalité virtuelle pour donner l’impression de marcher à l’intérieur d’une propriété. C’est très populaire aux États-Unis. »

Le coût ? De 2000 $ à 10 000 $, selon l’ampleur de la modélisation.

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