Politique Pauline Marois

La nécessité de l’engagement

Nos institutions sont imparfaites. D’expérience, je sais cela. D’expérience, je sais aussi que, malgré leurs défaillances, elles nous ont permis d’avancer dans l’histoire.

Grâce à elles, nous avons conquis le droit de vote et l’égalité juridique des femmes, les droits à l’éducation et à l’accès universel aux services de santé ont été reconnus. Nous avons pu prendre le contrôle de nos ressources hydrauliques, créer une grande caisse pour capitaliser les rentes de retraite. La laïcité de l’État a progressé, les droits des personnes LGBT ont été affirmés, le droit de mourir dans la dignité a été reconnu, la protection de l’environnement est devenue une priorité.

Dans le modèle d’État que nous avons courageusement construit, notre langue commune et notre culture ont été valorisées, l’égalité des chances a progressé, une politique familiale unique en Amérique a été adoptée, et un réseau de garderies et de centres de la petite enfance a été mis en place.

Tout cela est menacé. Je le dis sans aucune ambition personnelle et en toute sincérité, je suis très inquiète.

D’un côté, la désaffection et le cynisme des citoyens à l’égard de la politique et de la chose publique laissent le champ libre à ceux qui rêvent de s’emparer de ressources et de pouvoirs qui nous appartiennent collectivement.

De l’autre, sous le couvert d’une lutte contre les élites, des porteurs d’idéologies extrémistes appuyés par des leaders populistes menacent les institutions démocratiques.

Il est possible de continuer à avancer dans l’histoire. Pour cela, il faut que les hommes et les femmes politiques acceptent et assument avec respect leurs lourdes responsabilités et qu’une nouvelle génération de jeunes prêts à s’investir les rejoignent.

Nos institutions démocratiques ne peuvent vivre sans celles et ceux qui s’engagent, sans les durs combats qu’impose la lutte partisane, sans les débats qui permettent au peuple de choisir celles et ceux qui voteront les budgets et les lois qui nous permettent de vivre ensemble.

Ce sera toujours grâce à l’action politique que nous pourrons faire des choix de société et, je l’espère, réaliser l’ambition d’un grand nombre de Québécoises et de Québécois de nous donner un jour un pays.

— Pauline Marois

Pauline Marois a été première ministre du Québec de 2012 à 2014 et a dirigé neuf ministères au fil d’une carrière politique qui s’est échelonnée sur plus de 30 ans. Elle a été chef du Parti québécois de 2007 à 2014.

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