Du 6 au 9 mars

Contrairement à ce que nous avons écrit hier matin, c’est bien la semaine prochaine (et non cette semaine) que seront présentés les mondiaux juniors en Croatie. Les premières compétitions seront disputées le 6 mars. Vous pouvez trouver l’horaire complet et toutes les informations sur les championnats au : http://www.isuresults.com/events/fsevent03111662.htm.

Marjorie Lajoie et Zachary Lagha

Deux surdoués qui n’ont pas de temps à perdre

Triples champions canadiens juniors en danse sur glace, Marjorie Lajoie et Zachary Lagha seront à Zagreb, en Croatie, la semaine prochaine pour les Championnats du monde. Ceux qui s’entraînent à Saint-Henri avec les réputés coachs Marie-France Dubreuil et Patrice Lauzon ont pourtant bien failli partir chacun de leur côté il y a quelques quelques années.

« Nous étions avec un autre entraîneur, dans un club de la Rive-Sud, et nous avons décidé de prendre un break, rappelait Marjorie Lajoie, la semaine dernière, en entrevue. C’est quand nous sommes arrivés ici [à l’école Montréal International] que nous avons recommencé ensemble… »

Patrice Lauzon, qui avoue avoir contribué aux retrouvailles, explique : « En danse, c’est toujours un atout d’être ensemble depuis longtemps et ils [Marjorie et Zachary] patinaient justement ensemble depuis des années. Nous étions convaincus qu’ils avaient le potentiel pour progresser encore beaucoup et c’est ce qu’ils font présentement. »

Zachary Lagha le reconnaît : « Cela a vraiment été un gros bond quand nous avons commencé à travailler ici. On a vite appris des nouveaux pas plus complexes et nos programmes ont beaucoup évolué. »

Lajoie étudie pour devenir comédienne, alors que Lagha est déjà un pianiste classique de talent. Ces dons artistiques sont évidents sur la glace. « C’est toujours une histoire que nous racontons sur la glace, et ce que j’apprends avec mes profs, sur l’interprétation des émotions, des sentiments, m’aide à créer des personnages », explique la patineuse.

« Moi, c’est sûr que le piano m’aide à mieux comprendre la musique, à pouvoir y saisir les émotions, surtout cette année avec le programme que nous avons [sur la musique du Concerto de Varsovie de Richard Addinsell], souligne son partenaire. J’ai joué un concerto de Tchaïkovski récemment en compétition, une pièce difficile, très philosophique, où l’on retrouve un peu l’histoire de la Russie, celle de Tchaïkovski lui-même aussi. Le début est joyeux, mais on voit ensuite beaucoup de vulnérabilité. C’est cette sensibilité qui m’aide sur la glace. »

Même si Lagha juge que le couple peut encore beaucoup progresser sur le plan de l’interprétation, c’est aussi sur le plan technique que les patineurs travaillent sans relâche.

« Les pas sont complexes, les enchaînements, difficiles, mais l’objectif, c’est que tout ça ait l’air facile. »

— Marjorie Lajoie

Lauzon souligne que Lajoie et Lagha sont parmi les plus assidus sur la glace : « Ils ont toujours envie d’être là et travaillent vraiment beaucoup. Ils répètent sans cesse afin de soigner tous les détails de leurs programmes et ça paraît vraiment. »

« Quand on est passionné, on ne compte pas les heures, assure Lagha, qui poursuit aussi ses études collégiales. C’est quand on n’a pas de buts que c’est difficile d’être motivé. Nous, nous avons des objectifs très clairs et nous savons aussi que pour les atteindre, il n’y a qu’un chemin : le travail. »

Avec les meilleurs

Le patinage artistique canadien traverse présentement une mutation avec le départ à la retraite de plusieurs champions et l’arrivée d’une nouvelle génération d’aspirants aux premiers rôles. Lajoie et Lagha sont de ceux-là.

« L’objectif, c’est d’aller jusqu’au bout, assure Lajoie. On veut aller aux Olympiques, aux grandes compétitions, mais en même temps, c’est loin tout ça et on préfère privilégier le court terme, avec des objectifs précis qui nous permettent d’être bien concentrés sur ce qu’on a à faire, sans perdre la tête. »

À respectivement 18 et 19 ans, Lajoie et Lagha pourraient encore compétitionner chez les juniors la saison prochaine. Mais après trois titres nationaux, des victoires en Grand Prix et quatre participations aux Mondiaux juniors, ils se sentent mûrs pour faire la transition vers les seniors.

Et ce n’est pas le niveau très élevé de la danse sur glace au Canada et ailleurs qui les effraie. Chaque jour, à l’école internationale de Dubreuil et Lauzon, ils peuvent côtoyer plusieurs des meilleurs couples au monde sur les glaces du centre Gadbois.

« Il faut parfois se fixer des objectifs très élevés, presque irréalistes, pour franchir une étape, quitte à ne pas les atteindre, explique Lagha. On ne veut pas rester dans le “piège” des juniors. Plusieurs patineurs ont eu de belles carrières chez les juniors, mais ils n’ont pas eu les mêmes succès par la suite. »

« On se voit un peu déjà comme des seniors et c’est l’impression que nous voulons donner sur la glace. On est jeunes, mais en même temps, on n’a pas de temps à perdre. » — Marjorie Lajoie

Les Mondiaux de Zagreb pourraient donc être la dernière compétition junior pour Lajoie et Lagha. Ils devront y affronter les trois paires de patineurs russes qui les avaient devancés, en décembre, à la finale du Grand Prix à Vancouver. Les Canadiens avaient raté le podium par trois centièmes de point…

« En ce moment, on ne pense pas trop au résultat, parce qu’il y a encore tant de choses à intégrer au niveau technique, souligne Lagha. Quand on sera sur la glace, c’est sûr qu’on va y aller pour gagner, c’est le but de la compétition, mais on va surtout vouloir faire une bonne performance, atteindre nos niveaux techniques et faire plaisir à nos entraîneurs.

« Honnêtement, si nos entraîneurs sont contents, je pense qu’on va avoir atteint notre objectif. »

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