OPINION

Au-delà du G7

C’est le moment d’exercer notre calme, de défendre nos intérêts et de faire la promotion des valeurs qui soutiennent la paix

Il faut avouer que le comportement de Donald Trump lors du Sommet du G7 dans Charlevoix a laissé beaucoup d’observateurs sous le choc.

Certes, l’imprévisible président américain peut dominer la nouvelle du jour par un gazouillis matinal ou par un geste inattendu orchestré lors d’une photo de groupe avec ses homologues.

Mais de le voir renier sa parole si rapidement à la suite du communiqué adopté unanimement par les pays composants le G7, et ensuite faire une attaque en règle contre le premier ministre Justin Trudeau dépassent tout entendement.

Lors de sa conférence de presse, M. Trudeau a déploré le prétexte de la sécurité nationale pour critiquer les actions de l’administration Trump concernant les tarifs douaniers imposés sur l’acier et l’aluminium.

Justin Trudeau n’a pas dévié des propos qu’il a tenus auparavant en privé comme en public, et ce, devant M. Trump. Donc, pas de véritable surprise ou de trahison de la part du premier ministre canadien.

Observe-t-on l’état-spectacle à la saveur Trump ? Ou est-ce une manœuvre indirecte visant le président de la Corée du Nord à la veille de leur sommet à Singapour pour bien lui montrer sa capacité ou sa force d’affronter aussi bien ses alliés les plus proches que ses adversaires comme Kim Jong-un peut l’être ? Ou bien est-ce simplement la volonté de M. Trump, exprimée depuis son élection en 2016, de modifier unilatéralement les règles que ses prédécesseurs ont promues depuis la dernière guerre mondiale ?

Si c’est le dernier cas de figure, nous avons raison de craindre l’émergence d’un monde moins stable et moins enclin à trouver des solutions diplomatiques.

L’enjeu reste l’autorité morale dont les Américains ont fait preuve depuis des années en matière de mondialisation, de multilatéralisme, de libéralisation des échanges et de promotion de la démocratie et des droits de la personne. De Truman à Obama, et surtout depuis que les États-Unis sont devenus la première puissance sur la planète, on pouvait prévoir un respect et un engagement pour ces grands défis.

Aujourd’hui, le président Trump revient à une approche plus restrictive envers les instances multinationales.

Il provoque la possibilité d’une véritable guerre commerciale et il aliène ses plus fidèles alliés. Gouverner les États-Unis et jouer un rôle de leader mondial ne sont pas équivalent à une transaction immobilière !

Malgré tout, je constate que le comportement de l’administration Trump est loin de faire consensus dans son propre pays. Il a été critiqué par le sénateur républicain John McCain dans les minutes qui ont suivi le retrait de sa signature du communiqué du G7.

Avant tout, c’est le moment d’exercer notre calme au-delà de ce sommet, tout en défendant fermement nos intérêts comme Canadiens et faire la promotion des valeurs qui soutiennent la paix. Cela semble la direction choisie par la classe politique canadienne, et on peut s’en réjouir.

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