Chronique  Hockey

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Ottawa

Un amphithéâtre trop grand

Il y avait 2000 sièges vides à Ottawa pour le premier match de la série entre les Sénateurs et les Rangers de New York, jeudi. L’affaire a provoqué un déluge de réactions : comment expliquer que l’amphithéâtre n’ait pas été rempli à pleine capacité ?

Ne comptez pas sur moi pour blâmer les gens de l’Outaouais. À quoi bon payer une fortune pour assister à une rencontre dans le haut des gradins quand on peut tripper sur un match éliminatoire pour beaucoup moins cher avec des amis à la maison ?

Le problème réside plutôt dans l’ampleur démesurée de certains amphithéâtres d’aujourd’hui. Pourquoi au juste faut-il 18 000 places à Ottawa ? À Winnipeg, les Jets ne peuvent accueillir que 15 000 spectateurs. Cela crée un effet de rareté, et tous les billets sont vendus d’avance.

Le baseball majeur a compris ça depuis longtemps. Il y a 35 ans, plusieurs équipes jouaient dans d’immenses stades de 55 000 places et plus. Aujourd’hui, le modèle est complètement différent. On privilégie les stades intimes. Résultat, les gens ne sont pas sûrs d’obtenir un siège pour un match attendu, ce qui les incite à acheter leurs billets bien à l’avance.

Les organisations avec des stades ou des amphithéâtres trop grands font face à une autre difficulté. Elles doivent investir des sommes importantes pour se doter d’une force de vente chargée d’écouler les places les moins chères, celles qui rapportent le moins de profits. C’est absurde.

Je l’ai déjà dit et je le répète : à Québec, le Centre Vidéotron est magnifique, mais il compte 2000 sièges de trop. Si les Nordiques reviennent un jour dans la LNH, ils pourraient connaître des ennuis semblables à ceux des Sénateurs jeudi.

Pour des marchés comme Ottawa, Québec et Winnipeg, 16 000 sièges – ou même légèrement moins – est suffisant.

Ces villes peuvent faire vivre une équipe de la LNH, mais elles ne sont pas Chicago, New York ou Montréal.

L’assistance de jeudi vaut aujourd’hui à Ottawa une très mauvaise publicité. Et la LNH s’inquiète peut-être de ces 2000 places vides. Cela ne favorise pas le dossier de Québec, un autre modeste marché canadien.

C’est tout de même ironique : avec leurs 15 000 spectateurs par match, les Jets sont perçus comme un immense succès, un modèle pour la LNH. Les Sénateurs attirent 1000 personnes de plus dans un affrontement éliminatoire et on parle d’un échec. Si l’amphithéâtre correspondait mieux à l’ampleur du marché, ce problème ne serait jamais survenu.

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