Chronique

Le beau dimanche connaît ses classiques

En télé, un pilote sert à ajuster un concept pas au point ou à tester des trucs plus risqués avant la mise en ondes. C’est extrêmement rare qu’un réseau montre le pilote d’une de ses productions en chantier aux chroniqueurs télé.

Radio-Canada croit tellement en sa nouveauté qu’elle l’a fait, hier matin, pour Le beau dimanche de Jean-Philippe Wauthier et de Rebecca Makonnen, un talk-show qui assume pleinement ses influences américaines et qui dépouille ce type d’émission de tous ses artifices.

Ce qu’il reste ? Un (très joli) pupitre vintage. Deux tasses foncées pour les animateurs. Un band en studio. Un magnifique décor d’inspiration « mid-century ». Et un numéro de stand-up d’ouverture. C’est simple, efficace, dynamique et pétillant.

Avant de poursuivre, voici une déclaration d’intérêts bien personnelle. Je connais Rebecca Makonnen et Jean-Philippe Wauthier depuis de nombreuses années, bien avant qu’ils n’atterrissent à la télévision de Radio-Canada. Ça serait malhonnête de ma part de ne pas le divulguer.

La chimie entre ces deux amis de longue date opère naturellement. Ils sont très bons et apportent une énergie plus jeune à cette case horaire jadis occupée par Jean-Luc Mongrain et Marie-Soleil Michon, qui naviguaient davantage dans les affaires publiques pures et dures.

Le format du Beau dimanche s’approche plus de la « variété-actualité ».

Le ton est plus baveux, sans aller trop loin et sans se vautrer dans les gags d’initiés. Et l’atmosphère (électrique) en studio s’apparente plus à celle de La soirée est (encore) jeune qu’à celle chez Marina Orsini, mettons.

Vissé derrière son pupitre en bois, c’est Jean-Philippe qui mène la barque. Rebecca l’assiste sans forcer ses interventions. Le pilote, qui ne sera jamais diffusé, réunissait le candidat libéral dans Gouin, Jonathan Marleau, l’humoriste Jay Du Temple et le chef Danny St Pierre, tandis que Les Trois Accords officiaient comme groupe musical de service.

Jay Du Temple, prochain animateur d’Occupation double, a livré un numéro super drôle et reviendra dans un des 16 épisodes réguliers au cours de l’été. Car oui, en plus des prestations musicales, Le beau dimanche inclura des portions où des humoristes pratiqueront leur art devant public. Virginie Fortin et Katherine Levac s’inscriraient parfaitement dans ce segment.

Pour sa grande première dimanche à 21 h, relayée en simultané à la radio de Radio-Canada, Jean-Philippe Wauthier et Rebecca Makonnen accueilleront Magalie Lépine-Blondeau, Patrice L’Ecuyer et Patrick Lagacé. Ariane Moffatt, Marie-Pierre Arthur et Salomé Leclerc se chargeront de la portion musicale.

Pour les semaines suivantes, Julie Snyder, Louis-José Houde, Sugar Sammy, Hélène Bourgeois-Leclerc et Michel Côté ont déjà confirmé leur présence.

Surprenant Bégin

Tout comme Le beau dimanche de Radio-Canada, le talk-show Y’a du monde à messe de Télé-Québec utilise un logo avec des lettres en néon qui grésillent. On détecte une tendance printanière ici.

Cela dit, Christian Bégin a piloté une première émission prometteuse vendredi soir dans son église transformée en beau plateau de télévision. Selon la firme Numeris, 144 000 curieux ont visionné l’épisode, un score très honorable à ce temps-ci de l’année.

La touche de la productrice Marie-France Bazzo, qui a longtemps piloté Bazzo.TV, se ressent dans Y’a du monde à messe : la disposition des invités, le choc des idées, le mélange de pointu et de populaire. L’influence de Tout le monde en parle est également indéniable.

L’animateur Christian Bégin n’a pas hésité à brasser – de façon civilisée, quand même – Gilbert Rozon, Sophie Durocher, Webster, Mitsou et Bernard Drainville. Plusieurs discussions intéressantes ont jailli et des flèches ont été décochées d’un bord à l’autre de la table. J’aime quand les invités se collettent, s’obstinent dans le respect et s’écartent du consensus mou.

Christian Bégin ne maîtrise pas encore l’art d’interrompre poliment ses convives pour une pause publicitaire ou pour relancer un échange. Ça viendra. On l’a senti un peu chancelant dans les premières minutes et ça se comprend. Diriger le trafic avec autant de têtes fortes est un art qui s’apprend à l’usage. Nul besoin de sortir le cilice ou le fouet. Pour l’instant, du moins.

Et le sondage donne ?

Le gala Artis de TVA est demeuré stable dans la course aux cotes d’écoute avec ses 1 656 000 téléspectateurs dimanche soir, soit un peu moins que les 1 751 000 fidèles de l’an passé. À partir de 19 h, le tapis rouge chauffé par Anouk Meunier, Jean-Philippe Dion et Maripier Morin a été suivi par 1 294 000 personnes.

Sans rien enlever aux performances des deux émissions spéciales de TVA, il faut toutefois spécifier que la compétition aux autres chaînes était quasiment inexistante.

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