MUSIQUE  TIRE LE COYOTE

L’album de la confiance

Tire le coyote, de son vrai nom Benoît Pinette, lance aujourd’hui son troisième album, Panorama. Entrevue et discussion sur l’histoire du folk, les guitares Martin et Boucher, la clarinette de Sidney Bechet, Stéphane Lafleur et la confiance.

À la fin de notre entrevue, Benoît Pinette nous montre les deux guitares qui ont fait le voyage avec lui de Québec à Montréal. Une brunette George Martin conçue et autographiée par Jeff Tweedy, de Wilco, et une blonde Boucher aux attributs personnalisés.

« Elle a le même pickguard qu’une guitare spéciale faite pour Paul Daraîche. Nous sommes les deux seuls à avoir un pickguard de cette forme-là, détaille-t-il en souriant. Je trippe. »

Pas de doute, Benoît Pinette, l’homme derrière Tire le coyote, carbure à la musique. Il en compose, il en écoute, il s’en inspire et il s’en instruit. Le mélomane adore se plonger dans l’histoire et les racines du folk. « Je lis beaucoup là-dessus. On parle souvent de Neil Young et [Bob] Dylan, mais ce qu’il y avait avant eux m’intéresse beaucoup. »

Après un deuxième album, Mitan, enregistré dans une église « avec du reverb et de grands espaces », Benoît Pinette nourrissait le désir d’en enregistrer un troisième – dont il allait signer la réalisation – avec une approche « vintage et analogique ». Sur bandes, à l’ancienne. Avec du banjo, du violon, de la mandoline, du pedal steel, de l’harmonica, une contrebasse et même de la clarinette.

« L’idée de la clarinette m’est venue en écoutant du Sidney Bechet [célèbre musicien jazz mort en 1959]. Beaucoup de ses disques sont inspirés par les formes blues. Je voulais aller chercher le côté folk un peu plus bluesé. »

« Moi qui me passionne pour l’histoire du folk, je voulais entendre des influences blues et country du folk dans les années 20, 30 et 40. »

— Benoît Pinette

Avec l’aide de Benoît Villeneuve, Benoît Pinette se réjouit d’avoir pu recréer la richesse du son d’un album comme Harvest de Neil Young, par exemple. Il n’a fallu que trois jours pour « tout enregistrer live » au Studio Victor. « J’ai toujours tapé mes albums live avec le plus de spontanéité possible, mais je trouve que nous en sommes arrivés à une définition et à une chaleur. »

Panorama part sur la route de Kamouraska à Rouen. « Après Mitan, j’ai fait beaucoup plus de shows, donc les chansons se sont construites sur la route. J’ai eu envie de parler des endroits que je visitais en action avec les personnages de mes tounes… Je suis influencé par la musique américaine, mais, dans les mots, je veux rester ici. »

S’ASSUMER

Comme Neil Young, Benoît Pinette a une voix de fausset. « Je ne m’en cache pas. Les premières tounes que j’ai grattées sont du Radiohead et du Neil Young. Mais j’ai toujours eu plus de facilité à aller chercher les notes hautes. C’est mon registre et, à un moment donné, je l’ai assumé. Cela donne une particularité au projet. »

C’est justement ce qui a changé la genèse et la production de Panorama. Le musicien de 34 ans masqué derrière le nom de Tire le coyote a gagné en confiance et en assurance, notamment sur scène avec les nombreux spectacles qui ont suivi Mitan.

« Je sais plus ce qui marche. Ça m’a pris du temps à assumer ce que je faisais et ce que j’étais. »

— Benoît Pinette

« Les shows ont également apporté l’équilibre entre des chansons up tempo et d’autres plus introspectives » de Panorama, souligne Benoît Pinette. « Mitan est plus concept, et les chansons plus lentes passait mieux avec le fait d’avoir enregistré dans une église avec du reverb. »

« TROUVER SA COULEUR »

Un artiste folk ne peut pas se réinventer comme un interprète pop. Il peaufine plutôt son art. « Trouver son lexique, son style, sa couleur… Je suis très influencé par Desjardins et Stéphane Lafleur, qu’on reconnaît tout de suite. J’aspire à cela. »

Parlant de Lafleur, le réalisateur et auteur-compositeur signe la chanson de Panorama intitulée Les chemins de serviettes. « J’ai fait des premières parties d’Avec pas d’casque. Je ne m’en cachais pas : je lui disais qu’il était mon idole », raconte Benoît Pinette.

Alors qu’il hésitait sur un titre qui allait faire ou non l’album, il a écrit un courriel à Lafleur. « Je ne pensais pas chanter le texte de quelqu’un d’autre. Lafleur est probablement le seul au Québec, mais ça marchait trop et c’est une fierté. »

Benoît Pinette est en apprentissage constant par rapport à sa musique et à sa carrière. « J’ai encore l’impression d’être sur une pente ascendante. Les salles qu’on booke sont plus grandes… Je suis content. »

À vos calendriers : Tire le coyote se produira à La Tulipe, le 16 avril.

FOLK

Panorama

Tire le coyote

La Tribu

Lancement ce soir à La Quincaillerie

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.