Consommation

accros au plastique

Le plastique est comme Dieu dans le petit catéchisme : il est partout. Depuis son arrivée dans nos vies, dans les années 60, l’humanité a produit 8 milliards de tonnes de plastique, dont 80 % ont fini dans les dépotoirs. À quel point sommes-nous devenus des drogués du plastique ? Pendant un mois, notre journaliste a banni de sa vie tout plastique jetable. Et en parallèle, notre photographe a collecté la totalité des articles de plastique jetable consommés par sa famille. Récits d’une véritable dépendance.

UN DOSSIER DE KATIA GAGNON ET DE MARTIN TREMBLAY

Un mois zéro plastique

« Vous savez que vous mâchez du plastique, présentement ? »

Mon crayon s’arrête. Je regarde mon interlocuteur, un écologiste bien connu. J’ai sûrement l’air du chevreuil qui vient d’apercevoir les phares d’une voiture. Une fois de plus, et cette fois par totale inadvertance, je viens d’enfreindre la règle que je me suis imposée pour le prochain mois : zéro plastique jetable.

Car la gomme à mâcher est effectivement faite… de plastique. Du polyisobutylène, plus précisément, la même matière qu’on retrouve dans les chambres à air de vélo. Recyclable, même : une entreprise américaine, Gumdrop, recueille les vieilles gommes mâchées et les transforme en peignes, en crayons ou en bottes.

Vivre un mois en n’ayant recours à aucun plastique jetable, est-ce possible ? J’ai essayé. Armée de ma brosse à dents en bambou, de mon shampooing en barre et de mes essuie-tout réutilisables, j’ai banni tous les emballages de plastique. Adieu, le Saran Wrap et les sacs Ziploc. J’ai couru les épiceries zéro déchet avec mes contenants, rempli mes bouteilles de lait en verre et découvert les noix de lavage. Et l’expérience s’est parfois révélée proche de la cure de désintoxication.

AVANT LE JOUR J

L’opération zéro plastique a nécessité une petite préparation. Sur le web, on découvre facilement des sites comme Life without plastic, fondé par un couple de Canadiens qui se spécialisent dans la vente d’articles de remplacement au plastique. En quelques clics, la commande était passée. Dans la section pharmacie : du déodorant, du dentifrice et de la soie dentaire en pot de verre ; une brosse à dents en bambou, avec soies en charbon souple. Un shampooing/revitalisant en barre. Dans la section cuisine : des sacs à sandwichs et à légumes en tissu, une paille en bambou, de la pellicule lavable faite en cire d’abeille et un sac réutilisable pliable, transportable dans un sac à main.

Bref, j’étais prête (du moins, je le croyais).

JOUR 1

Après m’être brossé les dents au charbon et lavé les cheveux avec ma barre (avec des résultats peu concluants dans les deux cas), direction le supermarché du quartier. Il était urgent de faire des achats : le seul article dans mon frigo qui n’avait pas transité dans le plastique était… une aubergine.

Avant aujourd’hui, je n’avais jamais réalisé à quel point nos épiceries sont un océan de plastique. Aucun achat possible dans le comptoir des viandes, évidemment, ni à ceux des charcuteries ou des fromages.

En arrivant au comptoir de la boucherie avec mes contenants réutilisables, on m’informe que cette pratique est interdite chez Metro. Au fil des semaines, je ferai la même demande à quatre supermarchés de chaînes différentes, et aucun d’entre eux n’acceptera de remplir de viande ou de poisson mes contenants de plastique réutilisables.

En fait, dans plusieurs rangées du supermarché, il est impossible d’acheter quoi que ce soit. Les biscuits, les craquelins ? On oublie ça. Tout est dans le plastique. Le surgelé ? Éliminé en totalité. Les pâtes ? Les boîtes – en carton – ont toutes leur petite fenêtre de plastique.

Dans l’allée des produits ménagers, je réalise qu’il faudrait régler deux délicates questions d’ici la fin de la journée : le papier toilette et les sacs à déchets. Et une question surgit : ça existe, des sacs à déchets sans plastique ?

« Quand je vais au supermarché, maintenant, je ne vois plus les aliments, je vois des déchets », résume Marie-Soleil L’Allier, cofondatrice des épiceries zéro déchet LOCO, où je me suis rendue pour compléter mes achats.

Le principe de l’épicerie zéro déchet est simple. Vous apportez vos contenants. Vous les pesez sur place. Vous écrivez le poids sur le plat ainsi que le code du produit avec lequel vous le remplissez. À la caisse, le poids du contenant est déduit.

Bon choix de vrac, céréales, fruits secs, noix, farines, nouilles de riz. Il y a aussi du lait en vrac !

Belle section de produits de beauté et d’entretien en vrac, et même du maquillage. La question du papier hygiénique est réglée : chez Loco, on le reçoit par boîtes de 100 rouleaux, emballés dans du papier.

Et maintenant, la question qui tue : est-ce plus cher ? Réponse : oui. Mais vous achetez un produit de meilleure qualité, biologique et issu de producteurs locaux.

Cependant, il n’y a pas de viande. Un peu de poisson, du tempeh, emballés dans du plastique. Bref, je n’ai toujours rien pour souper… Je découvre le Saint Graal au marché Jean-Talon : alléluia, le poissonnier du marché emballe dans du papier. Le boucher et le marchand de saucisses acceptent sans peine de remplir mes contenants réutilisables. Ce sera le cas dans la majorité des petits commerces que je fréquenterai assidûment au cours du prochain mois. Boucheries, fromageries, poissonneries : à peu près partout, on accepte les contenants réutilisables.

Pourquoi pas au supermarché ? Question de salubrité, explique le président de l’Association des détaillants, Pierre-Alexandre Blouin. « On est responsables de fournir au consommateur un produit qui ne mettra pas sa santé en danger. » Concrètement, après avoir rempli chaque contenant apporté de l’extérieur, le boucher (ou le poissonnier) doit désinfecter de nouveau son plan de travail pour s’assurer qu’aucune bactérie ne le contamine. « On ne peut pas se permettre de faire ça avec l’affluence qu’on a dans nos supermarchés. »

JOUR 2

Amazon me livre la bible des opposants au plastique : le livre Plastic Free, de l’Américaine Beth Terry, une comptable d’Oakland qui vit depuis plus de 10 ans sans avoir recours à aucun emballage ou objet fait de plastique, incluant les bons vieux plats Tupperware ou les bouteilles réutilisables. Après avoir vu la photo d’un squelette d’oiseau dont l’estomac était rempli d’articles de plastique, elle est devenue une militante antiplastique. En parcourant son ouvrage, on réalise à quel point le plastique fait intimement partie de nos vies. Il est dans nos frigos et nos placards, dans nos ustensiles de cuisine, de ménage, dans nos pharmacies, nos portefeuilles, nos placards à balais, dans nos vêtements, nos souliers, dans le ruban gommé, le matériel de plein air, les boîtes de mouchoirs… Le plastique est au troisième rang des matériaux les plus fabriqués par l’homme, après le ciment et l’acier.

Ironiquement, mon colis est livré dans une boîte en carton… remplie d’une pléthore de petits sacs de plastique gonflés d’air. Bonjour, le paradoxe.

JOUR 6

C’est l’histoire de ma vie : il n’y a plus rien dans le frigo. La nuée de sauterelles qui vit chez moi a (encore) tout dévoré. Il est 17 h et je n’ai pas beaucoup de temps. Direction : mon supermarché de quartier. Au comptoir des poissons, le préposé m’informe que des sacs de papier sont offerts. Je regarde les sacs d’un œil suspicieux. Extérieur apparence aluminium, intérieur probablement plastifié. Mais bon, pour ce soir, ça ira. Pendant que j’ai le dos tourné, le commis emballe mon gros morceau de poisson… dans une barquette de plastique et deux couches de film alimentaire. « C’était trop gros pour tenir dans nos sacs de papier », me dit-il piteusement en tendant l’emballage.

Je baisse les bras. Je n’ai ni le temps ni l’énergie de courir ailleurs. Ce soir, mon repas sera full plastique.

JOUR 8

J’ai fini par dénicher des sacs à déchets sans plastique, faits d’amidon de maïs, et pas faciles à trouver. Maintenant, il faut régler la partie « lavage ». Et surgit cette question : pourquoi les fabricants insèrent-ils systématiquement une mesure de plastique dans chaque boîte de savon à laver ? Imaginez le nombre de mesures de plastique qui se retrouvent (inutilement) à la poubelle chaque année… Enfin. Que de questions.

Je débarque à l’épicerie zéro déchet pour remplir mon contenant réutilisable de savon à linge. On m’y parle des noix de lavage. Ces noix sont saturées de saponine, une molécule produite naturellement par les plantes qui se dissout dans votre eau de lavage et agit comme un détergent. On place les noix dans un petit sac de tissu et hop, on lave. Ça dure quatre ou cinq lavages. Et ça marche.

JOUR 10

Avec plusieurs membres de ma famille, je participe à un événement sportif. Quelques jours avant, j’ai dû faire des achats dans un magasin de sport. Tout est emballé dans le plastique. Je n’ai pas vraiment d’autres options. Mais la défaite est totale quand je réalise que j’ai oublié mon sac réutilisable. Je ressors du magasin avec l’ennemi numéro un en main : le sac de plastique.

Sur place, au jour J, c’est le festival du plastique. Les poubelles débordent de bouteilles de Gatorade, de couvercles de verres à café, d’emballages de barres énergétiques… Le repas offert aux sportifs est évidemment présenté dans du plastique : assiette, couverts, film alimentaire, contenant de salade de chou…

Échec et mat du zéro plastique aujourd’hui. Au moins, j’avais ma bouteille réutilisable.

JOUR 19

Visite à l’hôpital Sainte-Justine. À la cafétéria, je cherche à éviter les couverts jetables. Or, c’est impossible. Vérification faite, l’hôpital n’offre aucun couvert non jetable. Tout, absolument tout, les assiettes, les ustensiles, les barquettes, les bouteilles, tout est flanqué à la poubelle ou, pour certains articles choisis, au recyclage. La quantité de déchets générés donne le vertige.

Les vrais mordus du zéro déchet cuisinent beaucoup, apportent leur lunch et, surtout, se promènent en permanence avec leurs contenants repliables et refermables qui incluent les ustensiles, qu’ils utilisent dans les restaurants pour éviter les couverts jetables. J’avoue que je ne me suis pas rendue là.

Un soir, la famille réclame un repas commandé au resto. Après une certaine réflexion (il y a du plastique dans les boîtes de poulet, dans les barquettes de sushis, le libanais est livré dans du styromousse), nous avons opté pour une pizza. Livrée dans un carton.

JOUR 30

Que retenir de cette expérience ? Que le virage vers la réduction du plastique est relativement aisé à prendre quand on y va une étape à la fois. Facile, par exemple, d’aller faire l’achat de quelques sacs de tissu ou de pochettes en filet dans un Dollarama, qu’on apporte à l’épicerie pour y placer ses fruits et légumes. Pas vraiment compliqué non plus d’aller faire de temps en temps le plein de produits ménagers ou de soins personnels dans un magasin zéro déchet, en réutilisant systématiquement ses contenants. Traîner un sac réutilisable pliable, une gourde et une paille en bambou dans son sac à main. Apporter son assiette et ses ustensiles au bureau.

Bref, objectif zéro plastique, mais une étape à la fois.

ET LE RECYCLAGE ?

Pourquoi éviter de consommer du plastique, puisqu’on peut le recycler ? D’abord, il faut savoir qu’au Québec, 82 % des plastiques finissent à la poubelle et non dans le bac vert. De plus, le plastique, contrairement au verre, se dégrade dans l’opération recyclage. Le plastique issu d’une bouteille d’eau, par exemple, ne pourra pas être utilisé pour fabriquer une nouvelle bouteille d’eau. Il sera utilisé pour fabriquer un tapis ou une veste de laine polaire. Il faudra donc produire de nouveau du plastique pour fabriquer une autre bouteille d’eau, ce qui consomme du pétrole, l’ingrédient numéro un du plastique. Le terme downcycling résume bien cette lente dégradation de la matière plastique au fil des recyclages. Au vu des dommages que la production et le rejet de matières plastiques causent à l’environnement, l’idéal est donc de réduire à la source la consommation de matière plastique.

Un mois 100 % plastique

À l’inverse de la reporter Katia Gagnon, qui a banni le plastique pendant un mois, le photojournaliste Martin Tremblay a conservé tout ce que son foyer de quatre personnes a consommé en septembre. Au total, ce sont sept grands sacs à ordures qu’il a ainsi apportés au studio de La Presse pour la séance photo.

Les héros du zéro

Ils vivent leur vie sur le mode zéro déchet et, parfois, en ont même fait leur gagne-pain. Voici cinq héros du zéro. — Katia Gagnon

Andréanne Gauvin et Marie-Soleil L’Allier

Andréanne Gauvin et Marie-Soleil L’Allier ont fondé, avec deux collègues d’université, la première épicerie zéro déchet au Québec il y a deux ans à peine. À sa première année d’exploitation, l’épicerie LOCO, située dans Villeray, atteint le million de dollars de chiffre d’affaires. Depuis, une deuxième succursale a ouvert ses portes à Verdun et une troisième doit ouvrir bientôt à Brossard. Les quatre fondatrices ont maintenant 23 employés. « La demande est là », constate Marie-Soleil L’Allier. En plus d’être offerts pour la plupart sans emballage, les produits de l’épicerie sont issus de l’agriculture biologique et, souvent, de producteurs locaux. « Notre objectif était de verdir le secteur de l’alimentation au Québec », explique Andréanne Gauvin.

Marion Demers

L’aventure de l’entrepôt Nousrire a commencé en 2015. Trois colocataires ont créé un groupe d’achat de produits biologiques sur Facebook et ont enregistré 50 commandes. Trois ans plus tard, Nousrire, c’est une communauté de près de 10 000 acheteurs qui se retrouvent partout au Québec et une équipe rémunérée de 35 personnes. L’entreprise enregistre votre commande et vous la livre à l’entrepôt, quelques semaines plus tard, lors de jours définis pour la collecte. « La clientèle se présente avec ses propres contenants pour emballer la commande », explique Marion Demers. Les produits sont biologiques, équitables et offerts au prix d’un produit ordinaire au supermarché. « Nousrire, c’est une expérience. Une de nos missions, c’est de rassembler les gens. On a voulu ramener l’humain au centre de l’approvisionnement », dit Mme Demers.

Laure Caillot

Depuis cinq ans, Laure Caillot est à la tête d’une famille zéro déchet. Après avoir lu le livre de Bea Johnson, une Américaine dont la famille produit moins d’un litre de déchets par an, Mme Caillot a décidé de se lancer dans l’aventure. Premier geste : elle s’est rendue dans une boutique, près de chez elle, qui vendait des produits ménagers en vrac. Couches lavables, achats en vrac, produits d’hygiène dans des contenants remplissables, peu à peu, la famille a changé ses habitudes pour diminuer le plus possible les déchets. « Il n’y a pas de recette pour le zéro déchet », estime-t-elle, sinon celle d’y aller à son rythme, par étapes.

Simon Gosselin-Barbeau

Simon Gosselin-Barbeau, 21 ans et charpentier de formation, a lancé Vrac sur roues il y a un an. C’est un service d’achat en vrac où on commande sur l'internet. La livraison se fait, par la suite, à vélo. Bien sûr, vous devez fournir vos propres contenants à l’arrivée. Le service est donc garanti zéro déchet et zéro gaz carbonique. « Quand je parlais de la philosophie zéro déchet autour de moi, la principale objection des gens, c’était qu’ils ne voulaient pas courir à plusieurs endroits pour faire l’épicerie. C’est pour ça que j’ai lancé mon entreprise, pour amener le zéro déchet chez les gens ! » résume-t-il.

Mélissa de La Fontaine

La Montréalaise vit depuis près de cinq ans en produisant très peu de déchets : au cours d’une année complète, elle ne produit généralement que trois petits sacs poubelles. Elle achète en vrac, apporte ses contenants chez les marchands, cuisine beaucoup et fabrique elle-même ses produits d’hygiène personnelle. « Je mange mieux, je cuisine plus, et c’est meilleur pour ma santé. En plus, il n’y a aucun produit chimique chez moi », dit-elle. Au global, vivre sans déchet fait également économiser de l’argent, a-t-elle calculé. « Par exemple, je paie 400 $ de moins par an en produits cosmétiques. Je fais mon propre déodorant et mes produits ménagers », dit-elle.

Un paradoxe en verre

Moins consommer de plastique, d’accord. Mais par quoi le remplacer ? Généralement, par du verre. Or, où finit la grande majorité du verre placé dans votre bac de recyclage ? Au dépotoir.

Les experts s’entendent pour dire que le verre est la matière idéale pour remplacer le plastique. D’abord, parce que les contenants de verre sont facilement lavables et réutilisables. De plus, ils sont recyclables presque à l’infini, car contrairement au plastique, ils ne se dégradent pas dans le processus. Un pot de verre peut facilement redevenir… un pot de verre en passant dans les fourneaux d’une fonderie. Produire une tonne de verre recyclé permet d’ailleurs d’économiser une demi-tonne de gaz carbonique.

Cependant, au Québec, le recyclage du verre pose problème depuis des années. À cause de la collecte qui se fait de façon pêle-mêle, le verre éclate généralement dans le transport. Ce faisant, il contamine d’autres matières, comme le papier, qui peuvent ainsi être plus difficilement revendues.

Le verre est lui-même contaminé par d’autres déchets, ce qui fait que les (très rares) fonderies québécoises ne peuvent utiliser une grande partie du verre issu des centres de tri. La fonderie Owens-Illinois de Montréal, par exemple, n’intègre que 30 % de verre récupéré sur le sol québécois à sa production, contrairement à 80 % dans ses installations situées en Italie.

« Cette situation est un non-sens depuis des années. »

— Karel Ménard, du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets

M. Ménard se bat notamment depuis des lustres pour que la Société des alcools du Québec, qui vend 200 millions de bouteilles de vin par an au Québec, mette sur pied une consigne. La chose est à l’étude à Québec par un groupe de travail.

Bref, qu’arrive-t-il à ces contenants de verre que vous mettez au recyclage ? Le tiers est envoyé à des recycleurs, qui l’ajoutent généralement à du béton pour le rendre plus résistant. Le reste, soit les deux tiers des contenants de verre, est réduit en poudre et envoyé au dépotoir comme « matériel de recouvrement ». Il faut savoir qu’un dépotoir est construit comme un gâteau à plusieurs couches : une strate de déchets, suivie d’une couche de matériel de recouvrement. Plutôt que d’utiliser de la terre, du sable ou du gravier, on emploie donc votre pot de sauce à spaghetti en verre ou votre bouteille de vin.

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