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Les expressions improbables de l’ère Trump

Un an après son arrivée au pouvoir, impossible d’éviter le fait que Donald Trump a fait sa marque dans la langue anglaise. Voici certaines des expressions improbables de l’ère Trump.

« Shithole countries »

La plus récente formule de Trump, shithole countries, pourrait être traduite par « pays de merde ». Plusieurs sénateurs ont dit que Trump a employé l’expression extrêmement vulgaire au sujet d’Haïti et des pays d’Afrique dans une rencontre privée dans le bureau Ovale, le 11 janvier, ce qu’a vaguement nié le président. « Quand j’ai entendu qu’il avait dit ça, ma réaction a été le contraire de la surprise », explique Rafael Jacob, chercheur associé à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM. « Chez lui, c’est tellement fréquent… Trump est connu pour son franc-parler, mais ça, c’était autre chose. Ces propos ne sont pas dignes d’un président. »

« Fake news »

L’expression préférée de Trump vient d’être consacrée « mot de l’année 2017 » par l’American Dialect Society (ADS), tout juste devant « #metoo » et « take a knee ». Trump n’a bien sûr pas inventé l’expression « fausse nouvelle », mais « il se l’est appropriée et l’utilise pour qualifier toute nouvelle qui lui déplaît », a déclaré Ben Zimmer, linguiste au Wall Street Journal et responsable du comité des nouveaux mots de l’ADS. Donald Trump a utilisé « fake news » pas moins de 154 fois sur Twitter en 2017, souvent en lettres majuscules. En 2016, Trump n’avait utilisé l’expression qu’une seule fois – au sujet d’une nouvelle de CNN voulant qu’il continuerait de travailler sur l’émission The Apprentice durant sa présidence.

« SAD ! »

Donald Trump aime conclure certaines de ses attaques sur Twitter avec un « SAD ! » (TRISTE !) bien senti, ponctué d’un point d’exclamation. Le président a employé la formule 35 fois sur Twitter en 2017. Rafael Jacob remarque que ce tic de langage est complètement original. « Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, je n’avais jamais vu quelqu’un terminer ses tweets de cette façon avant Trump. »

« Bigly »

« I’m going to cut taxes bigly, and you’re going to raise taxes bigly. » En prononçant ces mots dans un débat avec Hillary Clinton en 2016, Donald Trump a enflammé les réseaux sociaux. Que veut dire « bigly » ? Trump voulait-il plutôt dire « big league » (ligues majeures) ? La plupart des observateurs ont penché vers « big league », mais il appert que Trump n’avait pas tout à fait tort d’utiliser « bigly » : le mot est un adverbe rarement employé de nos jours qui signifie « fort, avec beaucoup de force », selon le dictionnaire Merriam-Webster.

« I’m, like, really smart »

Ben Zimmer, linguiste au Wall Street Journal, a récemment analysé que Trump utilisait « like » (comme) pour atténuer le fait qu’il est en train de faire l’éloge de sa propre personne. « Il a souvent utilisé “like” dans ses phrases depuis l’annonce de sa candidature, en 2015, a noté M. Zimmer. Chaque fois qu’il parle de son intelligence, il utilise “like” pour répondre à côté, presque comme pour désarmer son interlocuteur et passer outre le fait qu’il s’évalue lui-même comme étant brillant. »

« I have the best words »

Trump a lancé cette formule ( « J'ai les meilleurs mots ») dans un discours en 2015. Ces cinq mots lui sont restés collés à la peau depuis. « Trump parle vraiment d’une façon unique, dit Rafael Jacob. On n’a qu’à lire la phrase pour savoir que c’est lui qui l’a prononcée. Il n’y a qu’une seule personne au monde qui parle comme ça. Et il ne changera pas, parce que son succès politique a en quelque sorte validé toute sa démarche. Il ne veut pas changer. Sa base l’adore pour ça, et il est encouragé par cela. »

« Executive time »

Les médias américains ont révélé que, de 9 h à 11 h du matin, l’horaire privé de Donald Trump est réservé au « temps exécutif » (executive time). « Durant ce temps, le président est à sa résidence, regarde les informations à la télé, fait des appels et écrit sur Twitter », a écrit la BBC, qui ajoute : « Depuis, “executive time” est devenu un euphémisme pour passer du temps sur les réseaux sociaux, appeler ses amis et faire la sieste. »

« Covfefe »

Un soir de mai 2017, le président Trump a écrit sur Twitter : « Despite the constant negative press covfefe ». Un billet étrange, énigmatique, se terminant avec le mot « covfefe », qui n’existe pas. De nombreux abonnés ont cru deviner que Trump voulait plutôt parler de « coverage » (couverture), histoire de critiquer les médias. Le président a ajouté au mystère le lendemain matin en écrivant : « Who can figure out the true meaning of “covfefe”??? Enjoy! » (« Qui peut déchiffrer la vraie définition de “covfefe” ??? Bonne chance à tous ! »). Trump n’a pas effacé le tweet, qui est toujours en ligne.

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