Mer de Chine

Une décision judiciaire pourrait irriter Pékin

Demain matin, la Cour permanente d’arbitrage de La Haye rendra sa décision dans le conflit territorial qui oppose la Chine aux Philippines en mer de Chine méridionale. Les experts s’attendent à une victoire au moins partielle des Philippines et à un regain des tensions dans la région. La Presse s’est entretenue avec Benoît Hardy-Chartrand, politologue au Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale à Waterloo, qui suit le dossier depuis trois ans.

Qui devrait gagner ?

Depuis que les arbitres ont décidé, l’an dernier, que la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS) s’appliquait aux demandes des Philippines, la plupart des experts pensent qu’elles vont être accueillies. Les Philippines ne gagneront peut-être pas sur les sept points soulevés, mais probablement sur la principale question en jeu, l’application d’une zone économique de 200 km autour des récifs mentionnés.

Comment réagira la Chine ?

Elle a toujours dit qu’elle ne respecterait pas la décision de la cour de La Haye. Mais elle risque d’accentuer ses actions pour établir sa souveraineté. J’étais à Washington récemment, et beaucoup craignent que la Chine ne décrète une zone militaire aérienne sur toute la mer de Chine méridionale, comme au-dessus de l’île de Senkaku [occupée par le Japon et revendiquée par la Chine].

Quel impact aurait une zone militaire aérienne ?

Concrètement, ça ne change rien. Pour l’île de Senkaku, les avions de ligne transmettent leurs plans de vol aux contrôleurs chinois et aux contrôleurs japonais [les lignes aériennes japonaises ne les transmettent pas aux contrôleurs chinois]. Des avions militaires américains survolent régulièrement Senkaku sans avertir les contrôleurs chinois. Mais c’est certainement une autre étape dans les revendications chinoises.

La Chine souligne que les autres pays qui ont des revendications en mer de Chine méridionale ont aussi des bases.

Oui, mais avec l’agrandissement qu’elle a fait de plusieurs récifs, elle compte maintenant une présence militaire beaucoup plus importante que les autres pays.

La Chine empêche le ravitaillement par bateau d’un navire échoué depuis 1999 sur le récif Scarborough, qui est occupé par des Marines des Philippines. Les États-Unis envisagent-ils de faire une opération de « liberté de navigation » comme ils ont fait près d’autres îles revendiquées par la Chine ?

Le bateau doit en effet être ravitaillé par hélicoptère. Les États-Unis ont fait deux opérations de liberté de navigation avec des navires militaires, à l’automne et au printemps, et ont annoncé qu’il y en aurait d’autres, mais n’ont pas indiqué de plans pour Scarborough. L’Union européenne a aussi dit qu’elle participerait aux opérations de liberté de navigation en mer de Chine méridionale.

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