Du plaisir et des points sur la neige

Le cycliste Raphaël Gagné a profité de son long séjour hivernal en Europe pour participer au Snow Bike Festival, première course de vélo sur neige sanctionnée par l’Union cycliste internationale. Celui qui a pris le deuxième rang raconte son expérience et évoque les perspectives d’avenir d’une telle discipline.

Créé en 2015, le Snow Bike Festival est une épreuve composée de quatre étapes autour de la chic station suisse de Gstaad. Pour l’édition 2019, les coureurs ont avalé 130 km et réalisé une ascension totale de 4000 m. Dans les descentes, souvent spectaculaires, ils ont parfois atteint des vitesses de 80 km/h.

« Ça m’a beaucoup fait penser à une compétition de vélo de montagne, mais dans l’eau et la boue. Ce sont des conditions glissantes et techniques. J’étais en terrain connu parce que le Québec est considéré comme la Mecque internationale du vélo sur neige. J’en ai fait souvent dans ma jeunesse et dans les récentes années », raconte le Québécois Raphaël Gagné, présent aux Jeux olympiques de Rio et médaillé d’or des derniers Jeux panaméricains.

Gagné a fait preuve de constance en terminant sur le podium de chacune des quatre étapes. Sa deuxième place lui a permis d’empocher 100 points au classement de l’UCI et, donc, d’améliorer son rang de départ lors des prochaines épreuves de Coupe du monde. Il a aussi fini l’épreuve suisse avec deux points de suture au menton en raison d’une chaussée capricieuse.

« On est arrivés dans le bas d’une descente qui était bien dégagée et bien asphaltée. Mais on est passés d’une surface d’asphalte noir à de la glace noire que je n’avais pas vue. Je ne suis pas le seul à avoir fait une chute dans des circonstances similaires. »

— Raphaël Gagné

Cette course s’intégrait parfaitement dans son calendrier puisqu’il peut passer jusqu’à deux mois en Europe pour son entraînement hivernal. Il espère y retourner l’an prochain en compagnie de quelques Québécois et Canadiens. Cette année, il était le seul coureur nord-américain parmi les 42 participants de niveau élite.

« Pour un coureur nord-américain, c’est assez dispendieux de se rendre en Europe pour une seule course. Mais si je peux joindre l’utile à l’agréable et inclure une compétition comme ça dans mon entraînement, je ne dis pas non à refaire cette épreuve. Les organisateurs sont ouverts à attirer des coureurs internationaux, particulièrement d’Amérique du Nord. Je leur ai parlé du Pentathlon des neiges de Québec [vélo, course à pied, ski de fond, patin à glace, raquette] qui attire beaucoup de monde, ainsi que des courses par étapes de vélo de montagne l’été au Québec. Peut-être qu’ils seront en contact avec des organisateurs du Canada et d’Amérique du Nord. »

Dans un communiqué diffusé le 1er février, l’UCI a énoncé son désir d’organiser une Coupe du monde de descente sur neige à partir de 2020. Qu’en est-il des perspectives d’avenir pour les épreuves par étapes comme celle de Gstaad ?

« Ça me surprendrait que ça se développe davantage en termes des points cross-country olympiques donnés par l’UCI. […] Le vélo de montagne est un sport d’été, un sport olympique, et le calendrier de compétition est déjà bien garni du mois de février/mars jusqu’à octobre.

« Par contre, le fat bike ou le vélo sur neige ont beaucoup de potentiel et sont en effervescence au Canada et particulièrement au Québec. Est-ce qu’il y aura un calendrier international un jour ? Je ne sais pas, mais il ne faut pas oublier que le vélo de montagne est un sport jeune qui est apparu aux Jeux olympiques en 1996. La réalité et les calendriers changent. »

Les Jeux en tête

L’équipe pour laquelle Gagné compétitionnait depuis un an, Silverback-OMX, vient de cesser ses activités en raison d’un manque de commanditaires. Le Québécois, qui possédait un contrat jusqu’aux prochains Jeux olympiques de Tokyo, a trouvé un plan B puisqu’il courra sous les couleurs de l’équipe canadienne en 2019.

« Cette année, on va voir quelques Coupes du monde qui vont compter pour les Jeux olympiques. Il y a aussi les championnats du monde au Mont-Sainte-Anne au début du mois de septembre. Je n’en démords pas quant à mon objectif. C’est un rêve d’être aux Jeux de Tokyo et je fais tout au chapitre de la compétition et de l’entraînement pour y être. »

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