Le Canada de retour au Tour de l’Avenir

Le pays n’a pas participé depuis 2011 à ce mini-Tour de France mettant aux prises les meilleurs coureurs de moins de 23 ans

Les jeunes cyclistes canadiens pourront de nouveau se mesurer à l’élite mondiale de leur discipline, alors que le Canada sera de retour au prochain Tour de l’Avenir en août, a appris La Presse.

Cette course est en fait un Tour de France condensé en 10 étapes et met aux prises les meilleurs coureurs du monde âgés de moins de 23 ans. Chaque pays participant envoie une sélection de six athlètes.

Selon nos informations, l’équipe sera majoritairement constituée de cyclistes québécois.

La dernière participation du Canada remonte à 2011. Cette année-là, David Boily avait terminé deuxième du classement général. Parmi ses coéquipiers, on retrouvait Antoine Duchesne et Hugo Houle, deux futurs participants du Tour de France.

Le Tour de l’Avenir constitue en effet un tremplin privilégié pour les coureurs vers la Grande Boucle. Dans l’actuel Tour de France, Egan Bernal (Ineos), David Gaudu (Groupama), Warren Barguil (Arkea) ainsi que Marc Soler et Nairo Quintana (Movistar) sont tous d’anciens champions du Tour de l’Avenir.

« C’est la course la plus prestigieuse du monde chez les U23. De ramener le Canada au Tour de l’Avenir est bon pour l’image du sport et montre notre engagement envers nos jeunes athlètes. »

– Kevin Field, gestionnaire du programme route à Cyclisme Canada

Ex-directeur de la haute performance à Cyclisme Canada et aujourd’hui entraîneur indépendant, Pierre Hutsebaut décrit carrément comme un « passage obligé » une participation au Tour de l’Avenir pour les cyclistes qui veulent décrocher un emploi dans une grande équipe européenne.

Il donne l’exemple du Québécois Nickolas Zukowsky, vainqueur du dernier Grand Prix cycliste de Saguenay et troisième au Tour de Beauce. Le coureur de 21 ans, qui s’aligne avec l’équipe américaine Floyd’s Pro Cycling, constitue possiblement le plus bel espoir du cyclisme canadien à l’heure actuelle.

« Lorsque j’ai contacté des équipes européennes pour savoir si elles pouvaient jeter un œil sur lui, la réponse a été unanime : on ne l’a jamais vu en Europe, donc on ne peut pas savoir s’il est bon ou pas », raconte M. Hutsebaut.

« C’est la course des moins de 23 ans que les équipes professionnelles regardent en priorité ; c’est la pépinière des équipes du World Tour », ajoute-t-il.

Une question d’argent

Ce sont essentiellement des motifs financiers qui expliquent l’absence du Canada au Tour de l’Avenir depuis 2012.

Près de la moitié du financement de Cyclisme Canada est fourni par l’organisation À nous le podium, qui vise depuis 2010 à stimuler la récolte de médailles canadiennes aux Jeux olympiques. Or la part du lion revient au cyclisme sur piste, qui présenterait un plus haut potentiel de médailles.

« Le Canada ne croit aucunement au vélo sur route. »

– Kevin Field, gestionnaire du programme route à Cyclisme Canada

Cyclisme Canada n’a donc plus eu les moyens d’envoyer une délégation au Tour de l’Avenir. Sa participation cette année a été rendue possible par un don de la Fondation de cyclisme sur route Hamilton 2003, organisation créée après les championnats du monde tenus dans cette ville ontarienne et dont l’objectif est d’encourager le développement des jeunes cyclistes.

Administrateur de la Fondation, Pierre Hutsebaut affirme avoir évoqué le Tour de l’Avenir en janvier dernier. Selon lui, l’appui aurait été immédiat.

Pour réduire les coûts, l’entraîneur a usé de ses contacts en Europe pour assembler une équipe technique en France et ainsi limiter les frais de transport de personnel et d’équipement. Ainsi, un directeur sportif, deux masseurs et un mécanicien français seront sur place, avec à leur disposition un camion-atelier et une voiture pour suivre les cyclistes pendant la course.

M. Hutsebaut souhaite que ce projet stimule l’intérêt de Cyclisme Canada et que la participation de jeunes coureurs d’ici à cet événement d’envergure puisse se répéter de manière pérenne.

« Parfois, pour s’adapter, ça prend plus qu’une année, et les coureurs de 20 ou 21 ans peuvent y participer plus d’une fois, fait-il remarquer. Et si le Tour est au programme chaque année, ils peuvent l’inscrire dans leurs objectifs de l’année suivante pour s’y préparer le mieux possible. »

L’identité des six coureurs qui composeront l’équipe canadienne sera dévoilée au cours des prochains jours.

La 56e présentation du Tour de l’Avenir s’amorcera le 15 août prochain à Marmande, en Nouvelle-Aquitaine, pour se conclure le 25 août au Corbier, en Savoie.

Pinot maître des Pyrénées

Le Français continue sa remontée au classement général

FOIX — Les Pyrénées, une affaire française : Thibaut Pinot a dominé la montée finale de la 15e étape du Tour de France, hier, au-dessus de Foix, où Julian Alaphilippe a faibli pour la première fois mais sauvé son maillot jaune.

Deuxième de l’étape au lendemain de sa victoire du Tourmalet, Pinot a seulement été précédé par Simon Yates. Le Britannique a enlevé son deuxième succès en quatre jours dans le massif pyrénéen, mais en dehors de la lutte pour le classement général.

Pour la deuxième fois en deux jours, le vainqueur sortant, le Gallois Geraint Thomas, a lâché du lest. Tout comme le Néerlandais Steven Kruijswijk, il a cédé une cinquantaine de secondes à Pinot, le grand bénéficiaire de la séquence pyrénéenne, d’autant qu’il a trouvé hier pour finir les conditions météo qu’il affectionne, une température plus fraîche et de la pluie.

Au classement général, Pinot est remonté de la sixième à la quatrième place. Il s’est rapproché à 3 s seulement de Kruijswijk, et surtout à 15 s de Thomas. Dans les Pyrénées, il a gommé ainsi sa boulette de l’étape d’Albi, en début de semaine, quand il avait perdu 1 min 40 s sur une « bordure ».

« Il faut faire attention à ne pas donner trop de temps à Thibaut Pinot. Il est en grande forme, mais il n’est pas le seul », a souligné Thomas, qui s’est rapproché à 1 min 35 s du maillot jaune.

Feu vert à Bernal

Pour Alaphilippe, les cinq derniers kilomètres menant au Prat d’Albis, un site pastoral inédit, ont été une longue souffrance. Le Français, grimaçant, n’a pu suivre Pinot, qui s’est affirmé une nouvelle fois comme le meilleur grimpeur.

Dans cette étape de l’Ariège entamée tambour battant malgré son profil difficile (trois montées de première catégorie) et sa longueur (185 km), Pinot est parti à l’attaque à 7500 m de l’arrivée. Il s’est débarrassé de ses rivaux un à un.

Le Colombien Egan Bernal, le dernier à tenir sa roue, a lâché prise avant le panneau des quatre derniers kilomètres. Il avait obtenu auparavant le feu vert de Thomas pour suivre le Français, en état de grâce sur ce Tour.

Dans le final, ce dernier a rejoint l’Espagnol Mikel Landa, qui avait contre-attaqué de loin, dès le mur de Péguère, avant les 40 derniers kilomètres. « J’ai repris du temps à tout le monde, c’est le principal », a commenté Pinot, qui a souligné la performance collective de son équipe, Groupama-FDJ.

« On a appliqué la tactique mise en place, ça a marché nickel. J’avais avec moi David [Gaudu], qui a fait un gros boulot encore, j’ai récupéré Rudy [Molard] et Seb [Reichenbach]. On a montré qu’on était une équipe offensive et solide. »

Alaphilippe esseulé

À l’inverse, Alaphilippe s’est retrouvé tôt esseulé, bien avant la montée finale. Il a dû lui-même aller chercher son ravitaillement dans sa voiture d’équipe faute d’autres coureurs de Deceuninck auprès de lui.

« Je ne pouvais pas faire plus », a commenté le Français, qui s’est surpassé une nouvelle fois pour accrocher la 11e place de l’étape et, surtout, limiter la perte de temps.

« [Samedi], j’ai vraiment puisé [dans mes réserves] », a-t-il ajouté à propos de sa deuxième place du Tourmalet. « Tout ce que j’ai fait, tout ce que je donne, je commence à le payer. Je cours comme j’aime courir, mais, avec le maillot jaune, il y a des responsabilités. »

Le numéro un mondial s’est projeté sur la dernière semaine, après la journée de repos programmée aujourd’hui à Nîmes : « La très haute montagne ne fait que commencer. Dans les Alpes, ça va être un chantier. »

Avant d’envisager un passage de témoin qui renforcerait ce Tour très français : « Thibaut [Pinot] a vraiment montré qu’il était parmi les plus forts des favoris. Il arrive dans une troisième semaine qui colle à sa peau, qui lui correspond bien, avec un bon état de fraîcheur. Si je suis amené à perdre le maillot, j’aimerais que ça soit lui le prochain à le revêtir. »

À Foix, la victoire est revenue à Yates, présent dans l’échappée lancée après la première heure. Si les battus des jours précédents se sont retrouvés dans ce groupe, aucun n’a eu la force de rivaliser avec Yates.

Le vainqueur de la Vuelta 2018 a réussi la sortie des Pyrénées comme son entrée : il avait gagné jeudi l’étape de Bagnères- de-Bigorre.

Les coureurs remonteront en selle demain pour une course de 177 km à Nîmes.

« Vivement une journée de repos ! »

Le Danois Jakob Fuglsang a terminé au 14e rang, hier. Les membres de l’équipe Astana se sont d’ailleurs démarqués sur le parcours et trois d’entre eux ont pris l’échappée. « Ils n’ont pas réussi à rester assez près de [Simon] Yates pour gagner l’étape. Derrière, j’ai essayé de percer dans la dernière montée. Les deux derniers kilomètres étaient très abrupts, alors j’ai essayé de forcer pour que Fuglsang attaque et rentre sur les coureurs devant, a expliqué le Québécois Hugo Houle. C’est dommage, il a manqué un peu de jambes et perdu un peu de temps, mais il s’est battu. Notre équipe a fait ce qu’elle a pu, mais il y en avait des plus fortes. Vivement une journée de repos ! » Originaire de Sainte-Perpétue, Houle a pointé au 63e échelon de l’étape. Au classement général, Fuglsang est descendu d’un rang et occupe la neuvième place. Houle est 93e.

— Sportcom

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