Portfolio  Laval

Reprise du secteur biopharmaceutique

Après avoir connu de mauvais jours, le secteur biopharmaceutique a amorcé un nouveau cycle de croissance depuis trois ans.

Au Centre québécois d’innovation en biotechnologie (CQIB), un incubateur d’entreprises spécialisées en sciences de la vie et en technologies de la santé, les locaux sont occupés à plus de 90 %. 

« À titre de comparaison, nous étions à 41 % en 2011 », illustre le directeur général Louis Saint-Jacques.

À la Cité de la Biotech, le nombre d’entreprises et d’emplois est stable depuis trois ans : 90 entreprises pour 5000 salariés. Autre signe qui ne ment pas : « On observe le retour des capital-risqueurs en sciences de la vie », indique le directeur Jean-Marc Juteau.

ARRIVÉE DE NEOMED

C’est la bonne nouvelle de l’année : l’Institut Neomed a ouvert à Laval un centre qui réunit des PME spécialisées dans le développement de produits biologiques et de vaccins. 

Le projet est le fruit d’un partenariat avec GlaxoSmithKline (GSK). La société pharmaceutique a fermé son centre de recherche de Laval et, en contrepartie, versera 47 millions au cours des cinq prochaines années à Neomed.

« L’investissement comprend la cession du bail de l’édifice, l’équipement de l’ancien centre de recherche et des contrats avec certaines des PME, dont quelques-unes sont des spin-off de GSK », détaille Jean-Marc Juteau. 

Selon GSK, environ la moitié des employés de son ancien centre de recherche ont été relocalisés à l’Institut Neomed.

L’ESSOR DES SOUS-TRAITANTS

À Laval comme ailleurs, on note l’essor des CRO, les « contract research organizations » nées de la profonde restructuration des pharmaceutiques, qui leur ont donné à forfait divers services qui vont de la découverte à la recherche clinique et préclinique.

Le Québec compte 73 CRO, selon le site cronetwork.org. Une CRO bien connue du public est Algorithme Pharma, justement située à Laval. 

« Le Québec est bien représenté sur l’échiquier mondial de cette industrie, entre autres grâce aux crédits d’impôt pour la recherche et le développement. »

— Charles Godbout, directeur général du groupe Transactions chez PricewaterhouseCoopers

Le marché des CRO est évalué globalement à 30 milliards US et fait actuellement l’objet d’une vague de consolidations.

ATTIRER DES ENTREPRISES ÉTRANGÈRES

Louis Saint-Jacques observe que le tiers des entreprises en démarrage qui s’installent au CQIB viennent de l’étranger, une proportion qui demeure stable depuis quelques années. 

« La grande région de Montréal est attirante en raison de la qualité et de la disponibilité de la main-d’œuvre à coût abordable, dit-il. Il s’y fait aussi une recherche de qualité dans les hôpitaux, les centres de recherche et les universités. Le coût de la vie est moindre. Enfin, plusieurs personnes parlent trois langues, ce qui facilite beaucoup les affaires internationales. »

VALEANT EST LÀ POUR DE BON

Valeant ne cesse de faire la manchette. Accusé de fraudes comptables, le géant pharmaceutique est aussi sur la sellette pour la hausse vertigineuse du prix de certains médicaments. Ses déboires auront-ils des conséquences sur ses installations de Laval ? 

Malgré les controverses qui l’affligent, « Valeant est un joueur pharma important à Laval, sinon le plus important, et va le demeurer », estime Jean-Marc Juteau, directeur de la Cité de la Biotech. La société pharmaceutique compte plus de 400 salariés au Québec, dont 300 à Laval. Cela semble peu si l’on considère les 18 000 employés de Valeant dans le monde. 

« Au Québec, et même au Canada, rares sont les pharmas qui emploient autant de personnes », rétorque M. Juteau, en ajoutant que ce sont des postes très bien rémunérés qui ont un fort potentiel multiplicateur. 

« Dans l’industrie pharmaceutique, chaque emploi créé en génère de deux à cinq autres. C’est très intéressant pour une communauté. »

— Jean-Marc Juteau, directeur de la Cité de la Biotech

Certes, Valeant a son siège social à Laval – même si les décisions sont prises depuis le New Jersey, où son président Michael Pearson a ses bureaux. 

Pourtant, ce n’est pas tant le siège social qui enracine Valeant à Laval que son usine, fait remarquer Jean-Marc Juteau. « Le fait d’avoir une usine pharmaceutique est hyper avantageux, car c’est ce qui est le plus difficile à déplacer, explique-t-il. Quand une compagnie désire transférer ce genre d’activités, la Food and Drug Administration enclenche automatiquement un audit. C’est long et compliqué, si bien que c’est comme recommencer à zéro. » 

L’usine de Valeant se spécialise surtout dans les produits dermatologiques. Au cours des dernières années, plusieurs productions étrangères y ont été rapatriées.

DES RÉPERCUSSIONS À VENIR

M. Juteau estime que les déboires de Valeant se jouent surtout sur le plan boursier. « Tant que les ventes se maintiennent, il faudra bien continuer à développer et fabriquer les médicaments. Je ne vois pas pourquoi on subirait des répercussions ici », affirme-t-il.

« Je pense que la compagnie et toutes ses divisions, qu’elles soient à Laval ou au New Jersey, finiront par souffrir de ces controverses », croit pour sa part Lea Prevel Katsanis, professeure à l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia et spécialiste du marketing pharmaceutique.

 « Valeant fait face à des problèmes qui ne se résoudront pas demain matin et, à long terme, cela pourrait bien affecter ses ventes », indique-t-elle.

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