En mai 2013, La Presse a eu le privilège de se rendre dans le penthouse de Michal et Renata Hornstein. La visite a permis d’admirer leur collection de peintures qu’ils ont décidé de léguer au Musée des beaux-arts de Montréal, plutôt que d’en faire don à leurs enfants ou de la vendre. Il s’agit d’une collection de 80 œuvres d’art ancien estimée à plus de 75 millions. Des œuvres qui font l’envie de collectionneurs renommés, avait raconté Michal Hornstein à La Presse. Des toiles en grande partie flamandes de peintres de l’Âge d’or tels que Pieter Claesz, Jan Van Goyen ou Joos de Momper.

Michal Hornstein voulait que sa collection léguée au MBAM soit dignement exposée. Il avait demandé à l’ex-ministre des Finances Raymond Bachand qu’il facilite la construction d’un nouveau pavillon. Ce qui fut fait. Le Pavillon pour la paix Michal et Renata Hornstein sera inauguré en novembre, rue Bishop. « Tout heureux, Michal avait pu visiter récemment son pavillon en chantier, explique Nathalie Bondil, directrice du musée. Si ce don majeur a justifié la construction de notre nouveau bâtiment, c’est aussi par l’héritage qu’il laisse à notre ville, à la province et au Canada que la contribution de ce grand citoyen se démarque totalement. » 

De confession juive, Michal Hornstein est né en Pologne en 1920. Son père possédait une importante usine de chemises qui fut confisquée par les nazis en 1939 et confiée, notamment, au célèbre Oskar Schindler. Arrêté en 1943, déporté à Auschwitz, il est parvenu à s’enfuir et à rejoindre le maquis. Après la guerre, il a rencontré sa femme Renata. Ils se sont installés à Rome. Émigrant au Canada en 1951, il a créé à Montréal l’entreprise Federal Construction, qui lui a permis de faire fortune, de réunir sa collection de peintures et de faire profiter la communauté des fruits de ses talents d’entrepreneur.

Grand amateur d’art, Michal Hornstein avait choisi de donner de son temps au musée qu’il aimait. Ayant donné des centaines d’œuvres d’art au Musée des beaux-arts de Montréal, il siégeait à son conseil d’administration depuis 1970 et présidait le comité d’acquisition d’art international d’avant 1900 et des cultures anciennes depuis 1982. Le MBAM était « comme sa seconde maison ». Un attachement qui a largement contribué au rayonnement international du musée. Le couple a donné des centaines d’œuvres, dont un grand nombre de tableaux majeurs de la Renaissance, des natures mortes hollandaises, des œuvres impressionnistes et un important fonds de l’artiste suisse Ferdinand Hodler. Pour une valeur de 100 millions.

Retour en cinq temps sur la vie de Michal Hornstein, et aussi sur celle de son inséparable compagne, Renata, indissociable de ses choix artistiques comme de ses élans de générosité.

Michal Hornstein n’aura pas seulement marqué la métropole par son engagement auprès du Musée des beaux-arts de Montréal. Florissante, sa société immobilière d’appartements et de centres commerciaux a contribué au développement économique de la ville qui, en retour, a profité de sa réussite financière et de sa générosité. Son soutien financier a été notable dans le domaine de l’enseignement supérieur. Il a aidé des universités montréalaises et a soutenu la recherche clinique en milieu médical. Il a notamment permis la création, au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), du Centre d’évaluation Renata-Hornstein, spécialisé dans la maladie de Parkinson.