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À vélo à la découverte du (bon) monde

Pendant 14 mois, Jonathan B. Roy a pédalé en Europe et en Asie pour découvrir comment vivent les humains sous d’autres cieux et dans d’autres cultures. Pas moins de 27 pays et 18 000 km plus tard, le trentenaire lance cette semaine un premier livre qui raconte son périple sur deux roues, de l’Angleterre jusqu’à la Malaisie en passant par les anciennes républiques soviétiques. Entretien avec un cycliste pour qui les rencontres humaines servent de principal carburant pour aller de l’avant.

Comment est venue l’idée de ce voyage solitaire à vélo ?

J’ai commencé à voyager presque par hasard, mais j’ai rapidement voulu partir plus loin, plus longtemps, dans des coins plus perdus. Or, j’ai réalisé que si je voulais voyager profondément dans certains pays et rencontrer des gens, je ne pouvais pas rester dans un autobus ou une auto, qui sont des cages d’acier. Le vélo m’est apparu comme le moyen de transport idéal. J’ai mis un an à me préparer et à mettre de l’argent de côté.

Un choix courageux pour quelqu’un qui ne se décrit pas du tout comme un athlète…

J’étais toujours choisi en dernier dans les équipes sportives à l’école ! Mais rouler à vélo, ce n’est pas comme participer aux Jeux olympiques ou disputer un Ironman. Tout le monde est capable de rouler sans être à bout de souffle. Moi, je n’avais aucune contrainte de temps, je ne me suis pas poussé ; j’ai roulé à 15 km/h. Mon père a 61 ans et aujourd’hui encore, il me clenche solide à vélo ! Je suis plus contemplatif que lui ! J’ai besoin de parler aux gens, de savoir comment ils vivent, comment ils mangent…

Votre livre brosse d’ailleurs plusieurs beaux portraits – en texte et en photos – de bons Samaritains croisés au hasard de la route. Un homme qui vous tend un lunch inespéré en plein ramadan en Turquie, un autre qui vous aide à réparer votre porte-bagages au Tadjikistan…

Les rencontres humaines sont le moteur de mes voyages. C’est pour cette raison que mon livre n’est pas ultratechnique. Ce n’est pas un guide de voyage non plus. C’est un livre qui me ressemble. À mes yeux, 99,9 % des gens sont gentils. Enfin, c’est ce que j’ai vécu et ressenti.

À vous entendre, on pourrait presque croire que ce genre d’aventure est à la portée de tous !

Je le crois vraiment. Il faut toutefois être bien avec soi-même et ne pas avoir peur d’aller vers les autres. Dans ce genre de voyage, on a besoin de leur aide.

Ça ne coûte pas une fortune non plus. Je posais ma tente où je pouvais. Je dépensais 25 $ par jour, soit autour de 9000 $ pour toute l’année. Une Honda Civic coûte plus cher que ça ! J’ai choisi où je mettais mon argent…

En fait, la plus grande difficulté que j’ai rencontrée n’a pas été physique, mais mentale. Je n’avais pas soupçonné que changer d’endroit où dormir chaque soir pouvait être aussi demandant sur le moral. Rendu au Viêtnam, j’étais épuisé mentalement, surtout que je roulais dans des régions très chaudes et très humides.

Avez-vous décidé de vous poser pour de bon ?

Non. Début juillet, je repars vers Singapour, puis Taiwan, la Chine, la Corée et le Japon avant de traverser en Amérique du Sud pour atteindre la Terre de Feu. Ensuite, je vais remonter vers le nord. Jusqu’où ? On verra ! La musique m’a beaucoup manqué lors de mon premier voyage, mais depuis, j’ai fait installer un support pour ma guitare sur mon vélo…

Histoires à dormir dehors

– À vélo de l’Angleterre à la Malaisie, à la rencontre du bon monde

Jonathan B. Roy

Éditions Vélo Québec

264 pages, 29,95 $

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