Sondage

Jeune femme cherche homme qui lit

Amis célibataires, tenez-vous-le pour dit ! Peut-être devriez-vous ajouter vos lectures du mois et vos auteurs fétiches dans vos profils, voire vous pointer un livre à la main, lors de votre prochain rendez-vous.

Un sondage récent réalisé auprès de 930 célibataires québécois par le site de rencontres Elite Singles arrive à ce constat amusant : 42 % des utilisateurs disent trouver les amateurs de lecture plus séduisants !

Le chiffre n’est pas si surprenant, quand on sait le succès qu’a connu le phénomène Hot Dudes Reading, sur Instagram. Rappelons qu’une équipe de photographes avertis a croqué quelque 200 beaux gosses, un livre à la main, dans le « subway » de New York. Le succès a été tel qu’ils viennent en prime d’en faire un livre, publié tout récemment chez Simon & Schuster. Visiblement, le look intello est séduisant.

Pourquoi ? D’après le sondage, 58 % des femmes et 47 % des hommes disent que le fait de lire est ici « un reflet de la personnalité ».

Mieux : 89 % se laisseraient même charmer par quelqu’un qui leur parlerait de leur livre de chevet.

Si 86 % des célibataires disent aimer la littérature, plus de la moitié (54 %) affirment aussi qu’ils aimeraient que leur partenaire lise aussi.

Du côté des femmes, ce sont les polars qui arrivent en tête de livres préférés. C’est aussi le genre de livre qu’elles trouvent le plus sexy. Les hommes, quant à eux, préfèrent lire des livres informatifs, mais disent trouver les polars et les livres érotiques les plus sexy.

Il y a quelques années, un article publié sur Elite Daily (un site s’adressant à la génération Y), plaidait aussi pour la supériorité des gens qui lisent. « Why Readers, Scientifically, Are The Best People To Fall in Love With » avait amplement fait réagir sur les réseaux sociaux. Il faut dire que l’article citait ici une foule de sources scientifiques : plus gentils, intelligents, empathiques, les gens qui aiment lire seraient en prime moins narcissiques que la moyenne, apprenait-on. « Trouver quelqu’un qui lit, c’est un peu l’équivalent de rencontrer un millier d’âmes » (traduction libre), concluait la journaliste.

Que retenir de tout cela ? Nous avons posé la question à Martine Delvaux, auteure et professeure de littérature.

« Est-ce qu’on dit ça pour nous déculpabiliser ? Pour nous donner l’impression qu’on n’est pas dans la surface, la superficialité ? »

— Martine Delvaux

« Quoi qu’il en soit, il y a depuis longtemps une « tension » entre « l’extrêmement sexy et la littérature », fait-elle valoir. Nelly Arcan en est ici un merveilleux exemple.

Elle s’interroge : de quel livre parle-t-on ici ? Et si l’autre lit vraiment énormément ? « Cela peut aussi être à double tranchant. Quelqu’un qui lit énormément, ce n’est pas rassurant. Parce qu’il a tout un univers sur lequel on n’a pas de prise… »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.