COMMERCE DE DÉTAIL

Metro achète les citrouilles d’un jeune entrepreneur

Du haut de ses 13 ans, l’agriculteur Émile Gariépy a un parcours qui a de quoi faire rougir plusieurs entrepreneurs. Le garçon a déjà séduit les investisseurs de l’émission Dans l’œil du dragon. Il a été nommé Personnalité de l’année par le journal local de sa région. Il a aussi remporté un prix de la relève entrepreneuriale remis par la MRC de Montcalm. Son parcours ne s’arrête pas là. La semaine dernière, les épiceries Metro ont annoncé qu’elles achèteraient toute sa production de citrouilles d’ici 2021.

Émile Gariépy a le virus de l’agriculture depuis qu’il est tout petit. Or, sa passion ne lui vient pas tout à fait de ses parents. Son père possède une entreprise en automatisation et sa mère est professeure d’éducation physique.

Comme il a grandi dans un secteur agricole, à Saint-Roch-de-l’Achigan, Émile a toujours eu l’habitude de visiter les fermes voisines. À 3 ans, il cultivait même un jardin dans lequel il faisait pousser du blé d’Inde.

« Mon grand-père était producteur agricole et ma grand-mère, qui est maintenant décédée, adorait les plantes. Elle faisait pousser plein d’affaires et moi, je me rappelle que je la suivais partout », raconte Émile, assis à la table de la salle à manger de la maison familiale. Son père l’accompagne, mais il laisse Émile répondre aux questions et l’aide parfois à compléter ses réponses.

Il y a trois ans, une occasion s’est présentée à l’entrepreneur en herbe. Un voisin annonce à Émile qu’il veut cesser sa production de citrouilles pour se concentrer sur les carottes, les betteraves et les navets, des légumes plus faciles à cultiver grâce à la machinerie. Un déclic s’opère et Émile décide de prendre la relève.

UN PASSAGE À LA TÉLÉ REMARQUÉ

Dès sa première année en affaires, il produit 800 citrouilles qu’il vend principalement devant chez lui, à la campagne. Le bouche- à-oreille fait son effet et l’histoire d’Émile commence à susciter l’intérêt de journaux et de chaînes de télévision.

Il y a deux ans, le jeune entrepreneur est pressenti par l’émission Dans l’œil du dragon. Après sa présentation, Serge Beauchemin annonce qu’il paiera les études du garçon aussi longtemps qu’il sera sur les bancs d’école. Tous les dragons se réunissent également pour accorder un prêt de 10 000 $, à un taux d’intérêt de 8 %, qui servira à acheter un tracteur. Du moins, c’est ce qu’Émile espère !

Deux ans après son passage remarqué à l’émission, Émile a bel et bien fait l’acquisition d’un tracteur, mais il n’a pas touché à un sou de son prêt. Il a plutôt puisé dans ses profits pour acheter le véhicule.

« Je n’ai pas encore utilisé mon prêt parce que j’étais correct avec ce que j’avais. Mais je pense que je vais l’utiliser au printemps. »

« Je compte m’acheter un entrepôt réfrigéré pour avoir des plus belles citrouilles pour Metro. C’est correct quand les citrouilles ne sont pas au froid, mais elles se conservent mieux dans un endroit réfrigéré. »

— Émile Gariépy, entrepreneur

Lorsqu’on demande à Émile où il compte installer son entrepôt, il montre le côté de la maison familiale. Puis, il regarde son père. « Je pense qu’on va l’installer là, mais je ne sais pas encore. Je n’ai pas demandé à mes parents ! »

QUAND LES PARENTS ENCOURAGENT L'ENFANT

Quand Émile s’est lancé dans l’aventure des citrouilles, ses parents, Patrick Gariépy et Mélanie Lafortune, l’ont soutenu tout en lui rappelant qu’il s’agissait de son propre projet.

« C’est lui qui mène, explique Patrick. S’il doit appeler quelque part pour des semences ou de l’engrais, c’est lui qui le fait. C’est aussi lui qui a négocié avec l’acheteuse de Metro. Ils étaient assis ensemble et moi, j’écoutais. Elle lui a offert un prix et Émile a répliqué qu’il voulait plus. Il y a eu une négociation et c’est correct comme ça. Je ne veux pas qu’il l’ait trop facile. En même temps, Metro a été correcte, car Émile a le prix qu’un autre agriculteur aurait obtenu. »

Dans toute cette histoire, Patrick rappelle qu’Émile demeure un enfant. Même s’il adore s’occuper de ses citrouilles, le garçon joue aussi au hockey et passe du temps avec ses amis.

« C’est impressionnant de voir ce que les enfants peuvent accomplir quand on leur donne une chance et des outils. Si on le fait à leur place, ils ne l’apprendront pas. C’est une devise qui fonctionne dans ma famille, mais je pense qu’elle fonctionne avec tous les enfants », dit Patrick.

Le jeune Émile semble destiné à cultiver des citrouilles pour le reste de sa vie, mais le principal intéressé réfute cette supposition lorsqu’on lui pose la question. Quand il sera plus grand, le garçon sera agriculteur, mais il fera pousser des céréales ou des légumes qui se travaillent avec des tracteurs, contrairement à la citrouille, qui demande presque exclusivement un travail manuel.

Mais les cinq prochaines années, le jeune entrepreneur continuera à faire pousser des citrouilles… comme convenu dans son plus récent contrat.

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