Personnalité de la semaine

Anthony Coady

Après des mois sombres au cours desquels une détresse psychologique intense l’a empêché de jouer au sein des Alouettes de Montréal, le footballeur Anthony Coady est maintenant guéri et n’hésite pas à raconter ce qu’il a vécu avec courage. Pour sa franchise et sa volonté d’aider les autres, La Presse le nomme personnalité de la semaine.

« Dans le fond, pour moi, le football, c’est très important, mais c’est aussi une plateforme pour véhiculer un message », dit-il.

Natif de Montréal, l’athlète de 25 ans a commencé à jouer au football à l’école secondaire.

« Comme bien des enfants, je pensais qu’un jour, je serais joueur de hockey dans la LNH, mais l’équipement de hockey coûtait très cher et mes parents faisaient déjà des sacrifices pour nous envoyer, mon frère et moi, à l’école privée. En première secondaire, au début de l’année, j’ai vu le football comme une occasion de connaître d’autres élèves. Dès le premier entraînement, j’ai compris que j’avais des aptitudes malgré ma petite taille, et mes parents m’ont vraiment encouragé là-dedans. »

Avant de jouer professionnellement, il a évolué au sein de l’équipe des Spartiates du cégep du Vieux Montréal, puis de celle des Carabins de l’Université de Montréal, avec qui il a remporté en 2014 la première Coupe Vanier de leur histoire. Au terme de cette saison exceptionnelle, il décide de tenter sa chance au repêchage de la Ligue canadienne de football, malgré une blessure à l’épaule subie en finale du championnat. Il est alors repêché au dernier tour par les Alouettes.

« Je ne pouvais pas demander mieux que de jouer ici, dans ma ville. »

— Anthony Coady

Après le camp d’entraînement, une année au sein de l’équipe d’entraînement et une saison où il joue surtout sur des unités spéciales, il commence à craquer.

« Pendant des années, je n’ai pas arrêté de vivre des choses intenses, dit-il. Il y a eu la mort de mon grand-père, la Coupe Vanier, puis deux années où je n’ai pas joué autant que je le voulais. J’ai réalisé que pour moi, le terrain était un endroit pour évacuer mes émotions et que j’en avais besoin. Je voulais quasiment devenir un surhomme pour pouvoir jouer plus. Je me suis mis trop de pression sur les épaules pour la première fois de ma vie. »

Il commence alors à souffrir d’insomnie, ce qui perturbe son état physique et mental.

« J’avais toujours été quelqu’un de positif, prêt à porter l’équipe sur ses épaules, et je me suis retrouvé en position où je devais gérer des problèmes à l’intérieur de moi. » 

« J’allais de moins en moins bien et ça a fini par exploser en crises de panique et d’anxiété. Je ne savais plus quoi faire. »

— Anthony Coady

Ses proches le convainquent d’aller à l’hôpital en mars 2016. C’est le début d’un long processus.

« C’était l’apocalypse à l’intérieur de moi, mais je me disais que j’avais encore le temps de récupérer avant le camp d’entraînement. Je continuais à m’entraîner, car c’était ma bouée de sauvetage. Tout le reste, c’était des idées noires. Des pensées de mort, j’en ai eu. Ne pas dormir et s’entraîner malgré tout, c’est mauvais. J’étais en train de me détruire. »

Le diagnostic : anticipation anxieuse. Il décide de se présenter au camp d’entraînement malgré l’avis de son psychiatre, mais il n’y passera qu’une journée.

« Je me disais que si je n’y allais pas, ce serait fini. J’étais sur le point d’exploser. Mes camarades ont bien vu que ça n’allait pas du tout et l’ont signalé au médecin de l’équipe. Juste avant que je parte pour l’hôpital, l’entraîneur-chef, Jim Popp, est venu me voir et il m’a dit d’aller me soigner et que je ferais encore partie de l’équipe. »

Rassuré, l’athlète se donne alors enfin le droit de prendre le temps de guérir, avec un mois et demi d’arrêt complet.

« J’ai pris une vraie pause, dit-il. J’ai fait du yoga plusieurs fois par semaine, avec le propriétaire de Yoga Wanderlust, Éric Giasson. Ça m’a beaucoup aidé. Je suis allé avec mes parents à notre camp de bois rond en forêt. J’ai réintégré les Alouettes très progressivement, un pas à la fois. J’ai maintenant arrêté de prendre des médicaments. »

Le footballeur estime que cette expérience lui a permis de grandir.

« Grâce à cela, j’ai évolué et je peux comprendre et rejoindre plus de gens. Je sais que je ne suis pas à l’abri d’une rechute, mais je sais maintenant reconnaître les signes. Je suis plus à l’écoute de mon corps. »

Il s’apprête à participer au programme Ensemble à l’école des Alouettes, qui lui permettra de parler aux jeunes et de raconter son histoire.

« Dans toute ma carrière, j’ai tellement été concentré sur mon projet sportif que je n’ai pas eu beaucoup l’occasion de redonner. Mon histoire a touché beaucoup de monde, et j’espère pouvoir aider les autres. C’est le début d’une période où je vais redonner. »

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