ACTIFS AU QUOTIDIEN

Mais comment fait-elle ? Souvent, voilà la première question qui surgit lorsqu’une personne arrive à concilier toutes ses obligations avec un entraînement assidu. Parce que tous les sportifs ont leurs secrets, Pause rencontre chaque semaine un mordu qui arrive à garder sa motivation, malgré les aléas du quotidien.

Bouger pour soi et pour inspirer les jeunes

Jasmine Goerlach, 31 ans
Enseignante en éducation physique au collège Sainte-Anne à Lachine
En couple, sans enfants

Jasmine enseigne l’éducation physique au collège Sainte-Anne, à Lachine. Mais elle ne se contente pas d’observer ses élèves, elle prend part à l’action. Son implication la fait passer plusieurs heures par semaine à bouger, et comme si cela n’était pas assez, elle s’entraîne en plus la fin de semaine. Portrait d’une enseignante qui joue un rôle de modèle pour les jeunes qui la côtoient.

Qu’est-ce qui vous pousse à bouger autant au quotidien ?

C’est mon métier qui fait la particularité de mon quotidien sportif. Je fais partie d’un programme qui s’appelle DéfiSport, qui est axé sur le fait de faire bouger les jeunes plus qu’à la normale. Ce n’est pas comme un sport-études, c’est plutôt un programme qui fait découvrir aux jeunes plusieurs sports complètement différents dans le but de sortir de leur zone de confort. Les jeunes sont divisés en trois groupes. Le groupe pour lequel j’enseigne pratique, entre autres, le kayak de rivière, la plongée sous-marine, le paraski, le cross-country, le ski de fond et le volleyball de plage. Ce sont donc des cours qui n’ont rien à voir avec ceux d’éducation physique conventionnels, qui sont ajoutés à l’horaire régulier des jeunes. Puis, avec certains de ces jeunes, on planifie un gros voyage tous les deux ans, qui est axé sur le dépassement de soi, dans un contexte d’activité physique. Dans le passé, il y a eu l’ascension jusqu’au camp de base de l’Everest, et cette année, c’était la traversée du Viêtnam à vélo.

Combien de séances d’entraînement cela représente-t-il pour vous chaque semaine ?

Seulement l’entraînement avec les jeunes du programme DéfiSport, ça représente des séances cinq jours sur sept. Ensuite, je m’entraîne trois soirs par semaine avec les jeunes qui font le voyage. Donc c’est déjà beaucoup, et j’essaye de ne pas me surentraîner, mais j’aime quand même en faire aussi à la maison, pour moi-même. J’ai récemment découvert une application que je suis quelques fois par semaine, en plus de mes autres séances avec les jeunes.

Puisque vous accompagnez ces jeunes dans les voyages, c’est vraiment nécessaire de faire les entraînements vous aussi ?

Absolument, et non seulement ça, on agit comme modèles et sources de motivation pour eux. Les jeunes n’embarqueraient pas ni ne nous feraient confiance si on ne le faisait pas avec eux. On devient aussi quelque part leurs idoles. À cet âge, ils nous voient comme très vieux et ils se disent que si on est capables à notre âge, ils doivent l’être aussi.

Est-ce que le sport a toujours occupé une aussi grande place dans votre vie ?

Oui. J’ai joué plusieurs années au rugby. J’ai fait de la natation de compétition, j’ai joué au soccer longtemps aussi. Donc c’est surtout le sport d’équipe qui a pris beaucoup de place dans ma vie. Pour chaque discipline, par exemple le rugby, c’était trois entraînements par semaine, en plus de séances au gym, et des matchs. Donc m’entraîner presque tous les jours est une chose à laquelle je suis habituée. Même que ma vie a longtemps tourné autour de ça. Aujourd’hui, je m’entraîne encore beaucoup, mais je ne pratique plus une seule discipline alors c’est différent. Et l’entraînement à la maison, c’est nouveau pour moi. C’est vraiment l’école et mon métier qui sont devenus ma source première de sport.

Qu’est-ce que le sport vous apporte dans votre vie ?

Ce que ça m’apporte le plus, c’est de la sérénité. Je suis beaucoup plus calme après un entraînement. Ça me fait réfléchir aussi. Ça me fait même sourire. Ça m’apporte de la satisfaction, ça me rend bien dans ma peau. Je sais que tous les moments difficiles que j’ai vécus dans la vie, je les ai traversés grâce au sport. Toutes les fois dans ma vie où j’ai été blessée et où je n’ai pas pu faire de sport, ce sont les moments où j’ai été plus fragile psychologiquement. Il y a aussi le côté adrénaline que je vais chercher. Je ne considère pas pousser ça à l’extrême par contre, il y a des gens pas mal pires que moi. Mais quand même, ce que ça fait à mon cerveau de réussir à aller chercher ces petits moments d’adrénaline dans ma vie est indescriptible.

Et en vieillissant, ce que j’apprécie, c’est que ça vient chercher mon mental. Ça vient énormément chercher ma capacité à me dépasser et à faire les choses même si ça ne me tente pas, mais les faire vraiment pour moi, pas pour les autres. Le sport d’équipe, comme je le faisais auparavant, c’est vraiment pour les autres. Tu veux plaire à ton entraîneur, tu veux le faire pour tes coéquipiers, mais rarement pour toi-même. Maintenant, ce que j’essaie de faire, c’est de faire les choses pour moi. Et c’est aussi ce que j’essaie d’inculquer à mes jeunes. Je veux faire valoir le sport par la motivation intrinsèque des gens. Ma façon d’être un modèle pour les jeunes, c’est de leur montrer que je n’ai pas besoin de me prouver à personne, c’est plutôt une forme d’autosatisfaction.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.