Violence en ligne contre les femmes

Des messages crus lus à l’Assemblée nationale

« Maudite folle » ; « ostie de plotte sale criminelle et corrompue » ; « si j’étais ton fils ou ta fille, j’aurais honte de ma mère » ; « allez vous rhabiller ou suicidez-vous » : ce ne sont que quelques-uns des messages reçus par les cinq femmes du caucus de Québec solidaire et que la députée Christine Labrie a lus, hier, à l’Assemblée nationale.

L’intervention de la députée de Sherbrooke s’inscrivait dans le cadre d’une motion présentée conjointement par des élues de tous les partis et par deux indépendants sur la violence contre les femmes faite en ligne, initiative du Cercle des femmes parlementaires. Elle a été relayée sur les réseaux sociaux et visionnée plusieurs milliers de fois, hier.

« Quand on parle de la violence en ligne, on entend souvent parler de messages haineux, mais ça ne veut pas nécessairement dire grand-chose pour les gens qui n’en reçoivent pas, a expliqué Mme Labrie, au téléphone. Je trouvais ça important de montrer réellement ce que c’est. »

La motion présentée par Chantal Soucy, de la Coalition avenir Québec, a été adoptée. Elle prévoit notamment que l’Assemblée nationale prenne acte d’une étude qui révèle qu’un tweet haineux serait transmis à une femme toutes les 30 secondes et que la cyberintimidation « prend une forme particulière lorsqu’elle est dirigée vers les femmes en s’attaquant notamment à leur intégrité physique ».

« C’est très insidieux quand c’est en ligne »

Le phénomène des messages haineux est « difficile à changer », note Christine Labrie. « C’est juste une autre plateforme qui est utilisée pour commettre de la violence envers les femmes. C’est très insidieux quand c’est en ligne, parce que c’est envahissant, on a moins le contrôle sur ce qui peut arriver, et il y a l’abondance des messages, mais ce que j’ai voulu faire, c’est vraiment mettre en lumière ce type de violence. »

Elle a bien précisé que la violence en ligne, à notre époque, n’est pas réservée aux femmes. Sauf que celles-ci en font plus souvent les frais. « Elle vise à les dévaloriser, à les traiter comme des objets », a-t-elle précisé, ajoutant que cette violence occasionnait elle aussi des souffrances.

Selon elle, ces commentaires peuvent aussi viser à créer un climat d’insécurité pour inciter les femmes à quitter l’espace public.

La députée, en poste depuis un peu plus d’un an, dit avoir reçu un élan de solidarité des autres élus, mais aussi du public. Certains se sont montrés surpris par les propos crus transmis. « Ça ne me surprend pas que les gens soient surpris, c’est tellement banalisé », a-t-elle réagi, notant que les femmes, elles, se sont montrées beaucoup moins étonnées par les propos.

La motion adoptée hier faisait partie des gestes pour 12 journées d’action contre la violence faite aux femmes, du 25 novembre au 6 décembre, date de la tuerie de Polytechnique, dans laquelle 14 étudiantes ont été assassinées.

Course à la direction du PLQ

Cusson se dissocie du courant anti-Anglade

Alexandre Cusson se porte à la défense de Dominique Anglade, que certains libéraux croient incapable de se faire élire en région parce qu’elle est noire. L’adversaire de la députée dans la course à la direction s’est dissocié sans ménagement de ce courant, mercredi.

« Des gens qui pensent comme ça, ils ne sont pas [les] bienvenus autour de moi », a-t-il déclaré en entrevue.

« Il n’y a personne qui m’a parlé de ça, a-t-il ajouté. Il n’y a personne qui m’a dit que c’est épouvantable, qu’une femme noire ne pourrait jamais se faire élire première ministre. Personne ne m’a parlé de ça parce que cette personne, je peux vous le dire, elle se rappellerait de moi. »

Le maire de Drummondville s’est lancé dans la course à la direction du Parti libéral samedi. Il est le seul adversaire déclaré de Mme Anglade dans la campagne à la succession de Philippe Couillard.

Le jour où il a annoncé sa candidature, des commentateurs ont fait état d’un mouvement « anybody but Anglade », soit « n’importe qui sauf Anglade », au sein du PLQ. Ceux qui y adhèrent estiment que le Québec des régions ne voudra rien savoir d’une Montréalaise issue des communautés culturelles.

Refusant d’être associé une seconde à ce courant de pensée, il a publié une lettre ouverte hier pour affirmer sans détour que « la couleur de la peau ne doit pas être un enjeu ». Il a appelé à ce que les « insinuations » à l’égard de Mme Anglade cessent sur-le-champ. « Ces propos, qui semblent avoir été faits sous le couvert de l’anonymat, sont insultants pour tous. Ils le sont pour les Québécoises et les Québécois en les qualifiant pernicieusement de racistes. Ils le sont pour Dominique Anglade en la réduisant à la couleur de sa peau. »

— Extrait de la lettre ouverte d’Alexandre Cusson, candidat à la direction du PLQ

Mme Anglade et plusieurs de ses partisans se sont dits persuadés, ces derniers jours, que le Québec était ailleurs, et que les origines haïtiennes de la candidate ne seraient pas un obstacle hors des centres urbains.

En entrevue, M. Cusson a abondé dans le même sens. Il souhaite que la course à la direction se joue sur les idées des candidats, et non sur leurs origines.

« C’est important pour moi d’exprimer mes valeurs, ce qui est important pour moi, a-t-il dit. Et [de toute évidence], le débat n’est pas une question de couleur, d’être Blanc, d’être Noir, d’être des régions. Ce n’est pas ça, le débat. »

Nouveaux appuis pour Anglade

Dominique Anglade a par ailleurs recueilli de nouveaux appuis, a appris La Presse mercredi. L’ancien député de Maskinongé Marc H. Plante a démissionné de son poste d’attaché politique de la whip du PLQ pour se joindre à sa campagne. Il sera le directeur de la campagne pour l’est du Québec.

M. Plante, qui a été défait en octobre dernier, affirme que c’est la Charte des régions proposée par Mme Anglade qui l’a convaincu d’appuyer sa candidature et de prêter main-forte à son organisation.

L’ex-député, qui a grandi à Sainte-Angèle-de-Prémont, en Mauricie, s’est dit convaincu que le Québec des régions sera réceptif aux idées de la députée de Saint-Henri–Sainte-Anne. Il assure que ses origines haïtiennes ne seront pas un facteur.

« Les gens ne sont pas là, a-t-il dit. Les gens veulent des candidats qui ont des idées. Ils choisissent en fonction des idées, en fonction de ce que les politiciens proposent. »

L’organisation de Mme Anglade sera dirigée par un autre vétéran de la politique québécoise. Claude Lemieux sera en effet le chef d’orchestre de la campagne. Ce libéral aux longs états de service a conseillé Robert Bourassa, Daniel Johnson, Jean Charest et Philippe Couillard.

Science

Un physicien montréalais a les astronautes à l’œil

Plus de la moitié des astronautes qui séjournent dans une station spatiale ont des problèmes avec leurs yeux. Cela complique les plans pour une mission habitée vers Mars. La NASA va utiliser une technique de mesure de la rigidité de l’œil mise au point à Montréal pour déterminer quels astronautes sont les plus à risque.

Les yeux des astronautes

Quand les astronautes passent plus d’un mois d’affilée dans l’espace, leur globe oculaire se déforme souvent, et des plis dans leur rétine peuvent apparaître. « Dans certains cas, ça se résorbe au sol, dans d’autres cas, non », explique Santiago Costantino, physicien de l’Université de Montréal et de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. M. Costantino a mis au point une technique non invasive permettant de mesurer la rigidité de l’œil. Il s’agit de la première technique de mesure non invasive dans ce domaine. Cette technique a attiré l’attention de la NASA. M. Costantino ira l’an prochain à Houston, siège du programme des astronautes de la NASA, pour évaluer la rigidité des yeux d’une douzaine d’astronautes. Ensuite, il va suivre l’évolution de cette rigidité de l’œil après une mission spatiale de ses cobayes. « On sait que ça a un lien avec l’apesanteur, avec la distribution de la pression sanguine. On pense qu’un œil plus rigide va résister mieux aux changements de pression intracrânienne et à l’extérieur de l’œil. »

Mars en vue 

Ces travaux sont d’autant plus importants que les séjours plus longs dans l’espace semblent occasionner plus de problèmes, un enjeu majeur alors que tous les yeux sont rivés vers la planète rouge. « Pour aller sur Mars, ça prend sept mois, alors c’est important de voir qui est le plus à risque », dit M. Costantino. Ne serait-il pas intéressant d’évaluer la rigidité des yeux des astronautes qui sont allés dans l’espace par le passé ? « Ça serait intéressant, mais je ne suis pas sûr que la NASA va nous donner cet accès », estime toutefois le physicien.

Glaucome

La technique mise au point par M. Costantino visait d’abord et avant tout le suivi de la progression du glaucome, une atrophie des neurones des yeux. Le test, basé sur l’imagerie médicale, est opérationnel depuis 2016. « Avant, on mesurait la pression en injectant du liquide dans les yeux. C’est très invasif, on s’en servait peu, même en recherche. » La technique de M. Costantino sera aussi utile pour l’étude de la dégénérescence maculaire et de la myopie. Et ce sera l’une des premières techniques de détection précoce du glaucome, qui ne laisse pas de trace visible et est souvent indétectable par le patient avant qu’il soit trop tard. Pourra-t-on évaluer le risque de glaucome d’un jeune adulte avec cette technique de mesure de la rigidité de l’œil ? « Pour le moment, on ne sait pas quelle est la valeur prédictive à long terme du test, on ne sait même pas comment varie la rigidité des yeux d’une personne durant sa vie. Les deux yeux peuvent avoir des rigidités différentes. »

Pression et rigidité

Les travaux soulèvent un paradoxe alors que le traitement du glaucome, pour le moment, est d’abaisser la pression dans l’œil. Mais normalement, la pression dans un espace augmente moins rapidement si ce contenant est flexible. Pourquoi alors une plus grande rigidité de l’œil est-elle un facteur protecteur du glaucome ? « Il se peut que ce soit à cause de la déformation des tissus à cause de la pression, dit M. Costantino. Normalement, ce qu’on voit, c’est que les gens qui ont des yeux plus rigides résistent mieux au glaucome. »

Budget de la Ville de Montréal

L’opposition officielle craint un mauvais entretien des rues

Les citoyens de Montréal souffriront du nouveau budget de l’administration Plante-Dorais avec des rues mal entretenues, estime l’opposition officielle à l’hôtel de ville.

À l’ouverture d’une présentation budgétaire officielle, mercredi, le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, a expliqué qu’au moins 400 millions avaient été retranchés d’une main pour faire avancer, de l’autre main, les promesses de Projet Montréal.

« C’est tout à fait irresponsable. On sait tous qu’il y a un déficit énorme dans l’entretien de notre voirie. On est en train de préparer une liste détaillée, mais ce qu’on constate, c’est qu’il y a du favoritisme selon l’allégeance des arrondissements », dénonce M. Perez.

Dans le budget présenté lundi, Montréal augmente ses dépenses de 462,9 millions en 2020, soit 8,1 % de plus qu’en 2019. Selon un coup de sonde de La Presse auprès d’analystes, la santé de l’économie jouera en faveur de l’administration municipale. Mais à la Fédération canadienne des contribuables, on parle d’une croissance insoutenable. « C’est un peu comme si l’argent lui brûlait les doigts », dit Renaud Brossard, directeur de la section Québec, à propos de l’administration de Valérie Plante. « Les Montréalais sont parmi les plus taxés au Canada », estime-t-il.

Surtout, enchaîne-t-il, que les résidants de plusieurs arrondissements subiront une hausse de taxes supérieure à la moyenne de 2,1 % utilisée pour le budget. « La promesse de ne pas hausser les taxes municipales plus haut que l’inflation a encore été brisée pour beaucoup de Montréalais. »

Économie forte

Danielle Pilette, professeure associée au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’ESG UQAM, estime pour sa part que la force du marché immobilier montréalais, stimulé par l’intérêt de gens provenant de l’étranger, va créer des entrées d’argent supplémentaires.

Mais attention, prévient la professeure. « Ce n’est pas dangereux de fonctionner comme ça tant que le marché immobilier reste vigoureux. »

« À la fin du mandat de Denis Coderre, on parlait d’un budget de 5 milliards. Depuis l’arrivée de Valérie Plante, les hausses de dépenses s’accumulent. Mais le montant des revenus réels de la Ville en 2018 a été de 6,8 milliards », rappelle Mme Pilette.

La critique la plus virulente du cadre financier montréalais est venue, mardi, de l’ex-maire du Plateau Mont-Royal, Luc Ferrandez, qui a soutenu au micro du 98,5 que la Ville peinait à contrôler ses dépenses et sa dette. Il a soutenu que la Ville était arrivée à un « point critique ».

Paiement comptant

Professeur invité à l’École nationale d’administration publique (ENAP) et ex-ministre, Rémy Trudel considère que le budget 2020 de la métropole « est bon dans l’ensemble », mais il exige des explications par rapport aux décisions de payer comptant.

« La hausse des dépenses de 8,1 % apparaît dépasser les limites usuelles. On a compris que c’est lié à l’argument des paiements comptant de travaux d’infrastructure. […] La Ville, ajoute-t-il, doit expliquer qu’est-ce qu’une bonne dette par rapport à une mauvaise dette. »

RÉGIME QUÉBÉCOIS D’ASSURANCE PARENTALE

Les parents d’enfants adoptés réclament la fin de la « discrimination »

Les parents d’enfants adoptés demandent au gouvernement Legault de respecter sa promesse d’augmenter leur nombre de semaines de prestations au Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) pour qu’ils aient le même traitement que les parents d’enfants biologiques. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, devrait déposer jeudi à l’Assemblée nationale un projet de loi pour « améliorer la flexibilité du régime d’assurance parentale et favoriser la conciliation famille-travail ». « Les familles adoptantes sont discriminées par rapport aux familles biologiques, parce que, famille pour famille, on n’a pas la même chose que les autres », déplore Marielle Tardif, secrétaire de la Fédération des parents adoptants du Québec (FPAQ) et mère de deux jeunes enfants adoptés. Lors de la campagne électorale, en septembre 2018, la Coalition avenir Québec (CAQ) a envoyé une lettre à la FPAQ indiquant qu’un « gouvernement de la CAQ augmentera le nombre de semaines de prestations pour les parents adoptants afin que ces derniers bénéficient des mêmes avantages que les parents biologiques, c’est-à-dire 55 semaines au lieu de 37 ». Au cabinet du ministre Boulet, mercredi, on a préféré ne pas indiquer si le projet de loi remplirait cette promesse.  — Hugo-Pilon Larose, La Presse

Opération anti-braconnage à Salaberry-de-Valleyfield

Une vaste opération a mis fin mercredi aux pratiques illégales de braconnage impliquant plusieurs groupes d’individus en Montérégie, principalement dans le secteur de Salaberry-de-Valleyfield, a indiqué le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec. Le réseau de braconnage s’adonnait entre autres à la pêche et à la vente illégale de différentes espèces de poissons, telles que l’esturgeon, le bar rayé, la perchaude et le doré, indique le communiqué du Ministère. Une centaine d’agents de protection de la faune ont été déployés sur le terrain pour aller rencontrer une centaine d’individus, qui sont passibles d’avis d’infraction totalisant plusieurs milliers de dollars, a expliqué Sylvain Carrier, porte-parole du Ministère. L’opération de mercredi survient au terme d’une enquête de plus de 18 mois amorcée après la réception d’une quarantaine de signalements de la part de la population. Parmi les infractions reprochées figurent la possession de quantités de poissons supérieures au contingent et la capture, la vente et l’achat de manière illégale de poissons. Six perquisitions ont été faites dans la région de Salaberry-de-Valleyfield, affirme le Ministère. L’enquête est toujours en cours.

— La Presse canadienne

« J’ai une belle vie », assure l’ex-maire Michael Applebaum

L’ex-maire Michael Applebaum a assuré être « très heureux » dans une rare déclaration publique depuis son arrestation retentissante en 2013. « Je suis bien content avec ma vie », a-t-il affirmé, sans se prononcer davantage à propos de son avenir. « J’ai une belle vie et j’en profite », a-t-il ajouté en anglais. La Ville de Montréal demande à Michael Applebaum de rembourser ses allocations de départ et de transition de 268 000 $ reçues en 2013, puisqu’il a été reconnu coupable à des accusations de corruption, de fraude, d’abus de confiance et de complot en janvier 2017. Il a été condamné à 12 mois de prison pour ces crimes commis alors qu’il était maire d’arrondissement. La Loi sur le traitement des élus municipaux a été modifiée en 2016 et 2018 pour obliger un ex-élu reconnu coupable de certains crimes à rembourser son allocation de départ et de transition. Selon Me Sarah Simard, de la Ville de Montréal, « chaque mot et chaque virgule » de la Loi s’applique au cas de Michael Applebaum. La Loi est « claire » et ne doit pas être interprétée, a-t-elle plaidé. Or, l’ancien élu montréalais n’a pas à rembourser ces sommes, puisque la Loi n’existait pas à l’époque, fait valoir la défense. « La question est : est-ce que la Loi s’applique à des événements antérieurs ?” », a résumé le juge Serge Gaudet, de la Cour supérieure du Québec. L’audience se poursuit vendredi.

— Louis-Samuel Perron, La Presse

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