Stratégies

LEMAY

Fondée en 1957 à Montréal

Rachat des trois filiales québécoises d’IBI en octobre 2014

Valeur de la transaction 15 millions

Investissement de la Caisse de dépôt (sous forme de prêt)  6 millions

CHIFFRES D’AFFAIRES

Avant la transaction  18 millions

Entreprise profitable (profits non divulgués)

EMPLOYÉS

Avant la transaction  150

Compte parmi les 50 entreprises les mieux gérées du Canada, selon Deloitte.

STRATÉGIES

Lemay vise le monde

Chine, Caraïbes, Afrique, Europe, États-Unis : presque 60 ans après sa fondation, la firme d’architecture Lemay mise gros sur son acquisition récente pour pouvoir exporter ses services un peu partout sur la planète.

Le cabinet du quartier Saint-Henri a causé toute une surprise en annonçant le rachat des trois filiales québécoises du groupe torontois IBI, en octobre dernier. Du jour au lendemain, son chiffre d’affaires est passé de 18 à 45 millions de dollars, et son nombre d’employés a triplé. Plus important encore pour son président, Louis Lemay, l’entreprise s’est enfin retrouvée en bonne position pour devenir une véritable exportatrice de services à l’échelle mondiale.

« Nous, notre objectif professionnel, c’est d’exporter le talent hors Québec et de faire des projets hors Québec, dit M. Lemay en entrevue à La Presse Affaires. L’objectif qui est plus entrepreneurial, c’est de participer à créer de la richesse pour le Québec, car tant qu’on s’échange le même dollar entre nous autres, on ne crée pas de richesse, on ne fait que se l’échanger. »

En rachetant les trois filiales d’IBI – soit DAA, Cardinal Hardy Architectes et Martin Marcotte/Architectes –, la firme Lemay s’est dotée du même coup d’une présence internationale instantanée. Elle a maintenant un bureau dans les Caraïbes, ainsi qu’un pied en Chine grâce à une coentreprise conclue avec IBI.

Et ce n’est qu’un début. Louis Lemay a toute une liste de marchés potentiels où exporter le savoir-faire architectural montréalais : le Canada anglais, les marchés urbains des États-Unis, de l’Allemagne et de l’Angleterre, sans oublier le continent africain et l’immense marché asiatique.

« On pense que le gros de la croissance dans les prochaines années devrait venir des marchés hors Québec. De 15 à 20 % de notre chiffre d’affaires vient des marchés hors Québec, et on voudrait monter à moyen terme à 50 %. »

— Louis Lemay, président de la firme d’architecture Lemay

L’homme d’affaires estime que « l’approche intégrée » de son nouveau groupe – qui combine architecture, urbanisme, design urbain, architecture du paysage et design d’intérieur – permettra d’offrir des produits à valeur ajoutée attrayants dans plusieurs pays. Des efforts majeurs devront toutefois être mis pour augmenter la notoriété de Lemay à l’étranger, admet-il.

Comment y parvenir ? Louis Lemay mise gros sur la coopération entre entreprises québécoises exportatrices pour pénétrer certains marchés-clés. La firme est notamment membre du réseau QG-100, présidé par Charles Sirois, qui comprend une soixantaine de firmes québécoises de premier plan présentes à l’étranger.

Louis Lemay et son équipe en sont toujours à peaufiner le plan de développement international de la nouvelle firme. Ce plan sera achevé à la fin de l’hiver, a-t-il confié.

NATIONALISME

Cette nouvelle poussée vers l’étranger marque un contraste frappant avec la dernière expérience américaine de Lemay. En 2009, la crise financière a forcé le groupe à fermer son seul bureau aux États-Unis, qui générait environ le quart de son chiffre d’affaires. « En six mois, on a perdu tous nos clients, rappelle Louis Lemay. Ç’a été un bon petit coup. »

C’est peu après que l’entreprise fondée en 1957 par le père de Louis Lemay a commencé à regarder plus sérieusement les acquisitions potentielles. Les négociations avec IBI ont été assez difficiles et ont duré neuf mois, « le temps d’une grossesse », dit le dirigeant en riant.

La nouvelle entité devient la plus importante dans son champ d’activité au Québec, et la quatrième au Canada, en plus de figurer dans le top 100 mondial. Le groupe est passé du jour au lendemain de 150 à 480 employés.

Louis Lemay ne cache pas sa fierté d’avoir ramené la propriété de trois importantes firmes d’architecture entre des mains québécoises, plutôt que torontoises. « Il y a un volet nationaliste, dans le sens où c’est certain que moi, comme entrepreneur, toutes les fois que je vois des sièges sociaux qui quittent Montréal, qui quittent le Québec, je trouve ça dommage. Ce n’est pas comme ça que le Québec va se développer. »

Le président et son équipe se donnent encore quelque temps pour voir si les trois enseignes nouvellement acquises – DAA, Cardinal Hardy Architectes et Martin Marcotte/Architectes – disparaîtront au profit d’une appellation unique. Ils évalueront aussi la possibilité de regrouper les bureaux sous le même toit à moyen terme.

LES FORCES DE LEMAY

Multidisciplinarité et complémentarité des talents.

Possède déjà un véhicule qui permet d’exporter.

LES FAIBLESSES DE LEMAY

La perception selon laquelle la firme est peut-être trop grande pour le Québec.

Le défi de créer une culture d’entreprise unique avec quatre firmes aux personnalités distinctes.

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