Salon du livre

Éditeurs étrangers cherchent succès québécois

Tous les ans, le Salon du livre de Montréal attire des éditeurs étrangers à la recherche de grands succès québécois à traduire. Le programme Rendez-vous de Québec Édition a invité cette année 14 éditeurs et des traducteurs en provenance de 10 pays pour sa cinquième édition. Nous en avons rencontré quelques-uns lors de leur passage en ville, cette semaine, pour découvrir leurs coups de cœur de la littérature québécoise.

Un prélude à Francfort 2020

Éditeurs et traducteurs allemands commencent déjà à bâtir des ponts en prévision de la Foire du livre de Francfort de 2020, où le Canada sera l’invité d’honneur. Beate Thill, la traductrice allemande de Dany Laferrière, se considère comme « une entremetteuse » et s’est personnellement engagée à rapprocher les deux cultures, se réjouissant du succès récent de Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, paru seulement depuis peu en Allemagne. « Je suis vraiment impressionnée par cette force culturelle québécoise et ce sera très important que le Québec se démarque dans le pavillon du Canada à Francfort. À notre retour, il va falloir rappeler aux journalistes qu’il y a aussi le Québec au Canada. »

Vendre la francophonie aux lecteurs italiens

Dany Laferrière n’est pas seulement la nouvelle coqueluche des lecteurs allemands, il a conquis le cœur des Italiens, affirme l’éditrice italienne Isabella Ferretti. Sa maison d’édition a déjà publié trois titres de l’académicien (Tout bouge autour de moi, L’art presque perdu de ne rien faire et Journal d’un écrivain en pyjama) et prépare la sortie de Je suis un écrivain japonais. « Les lecteurs italiens sont plutôt attirés par les auteurs de langue anglaise, et la littérature francophone n’est pas toujours facile à vendre. Mais Dany Laferrière est si charmant. Il a déjà assisté à plusieurs grands festivals en Italie et le nombre de ses lecteurs augmente avec chaque nouveau livre », confie-t-elle.

Le Québec en Finlande

« Pour moi, ce voyage a commencé lorsque j’ai acheté les droits pour La petite fille qui aimait trop les allumettes [de Gaétan Soucy], il y a bientôt 20 ans. Un livre complètement magique, bizarre, poétique, macabre, mais absolument extraordinaire », raconte l’éditrice finlandaise Anna Baijars, qui rappelle que le roman avait fait l’objet d’une adaptation théâtrale en Finlande, où l’auteur s’était rendu pour un festival littéraire. L’éditrice se réjouit de sa prochaine « aventure québécoise » – la traduction de Ru de Kim Thúy, prévue pour l’an prochain. « On a tellement d’immigrants qui arrivent en Finlande, je me suis dit que c’était peut-être le bon moment de publier cette histoire que je trouve très belle. »

La collection « Savais-tu ? » traduite en turc

Lorsqu’il a découvert la collection « Savais-tu ? » aux Éditions Michel Quintin, Acar Erdogan a immédiatement été séduit par ces albums ludiques. « C’est une série originale que j’aurais aimé lire enfant », dit l’éditeur de Mavibulut, première maison d’édition turque exclusivement consacrée à la littérature jeunesse, fondée il y a plus de 25 ans. « À part des bandes dessinées comme Tintin et Astérix, on n’a pas beaucoup de littérature jeunesse en Turquie. On a maintenant quelques nouveaux talents, mais c’est nouveau que des auteurs turcs écrivent pour les jeunes. Pourtant, avec une population de 20 millions d’enfants, on a un marché énorme. »

Des albums jeunesse qui charment les Britanniques

Greet Pauwelijn, éditrice chez Book Island au Royaume-Uni, vante la grande qualité des illustrations des albums jeunesse québécois. Sa maison d’édition a publié plusieurs albums de Marianne Dubuc (dont Le lion et l’oiseau) et un premier d’Isabelle Arsenault (Virginia Wolf). « Je crois que les illustrateurs québécois offrent un cocktail intéressant qui mêle culture francophone et compréhension du style anglais, et c’est ce qui fait que leurs œuvres ont beaucoup de succès auprès des lecteurs anglais, à mon avis. » Elle profite de son séjour à Montréal notamment pour tourner une vidéo promotionnelle avec Marianne Dubuc.

L’Argentine à la recherche de diversité

Guido Indij, éditeur chez La Marca Editora, maison d’édition argentine, s’intéresse de près au catalogue de la maison montréalaise Mémoire d’encrier. « Je connais Rodney Saint-Éloi de l’Alliance internationale des éditeurs indépendants et c’est dans mon mandat de trouver des titres qui touchent aux questions de diversité », explique-t-il. Dans sa ligne de mire se trouvent également un certain nombre d’ouvrages jeunesse québécois. L’éditeur veut par ailleurs tenter de faire découvrir à ses confrères québécois quelques titres qu’il a publiés, notamment Il hilito (Le petit fil), livre plurilingue et singulier où l’on trouve 11 langues dans une même page.

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