HOMMAGE

Un cœur rempli d’amour

Les fondations de l’hôpital Sainte-Justine se sont fissurées la semaine passée. Onde de choc immense qui est passée inaperçue pour le commun des mortels, mais pas pour les parents et les enfants qui, un jour, ont eu le malheur de traverser les portes du Centre de cancérologie Charles-Bruneau.

Derrière ces portes se cachent le pire des pires, l’odeur de la maladie, l’air de la peur, l’aura de la mort… Mais derrière ses portes se trouvait également un ange depuis 1988. Oui, un véritable ange, que vous y croyez ou non, une personne plus grande que nature, dégageant une empathie, une compassion, une humanité à la grandeur des mère Teresa, Gandhi et Nelson Mandela. Vous pensez que j’exagère ? Non, non, non et non, vous ne comprenez pas !

Caroline Rivest, une Québécoise de chez nous, peut facilement comparer son parcours à tous les grands de ce monde, sauf qu’elle a choisi d’intervenir dans l’ombre sans jamais chercher la reconnaissance, les projecteurs ou les hommages.

Elle n’avait qu’une mission : protéger ses ti-loups et leurs parents.

La semaine dernière, le verdict est tombé.

NOTRE Caroline est malade, très malade. Le cancer, son ennemi viscéral, celui qu’elle a vu détruire la vie de milliers d’enfants, s’est attaqué à elle avec un diagnostic désastreux : elle est condamnée !

Jeudi dernier, elle est venue à l’hôpital faire ses adieux. J’y étais, en retrait de tout ce monde qui voulait l’embrasser et la remercier. Puis, elle a tenu à faire un témoignage. «  Je suis malade, très malade, mais je ne suis pas fâchée. Pourquoi pas moi et pourquoi tous ces enfants ? J’ai eu l’honneur de faire le plus beau métier du monde, de vivre dans le vrai, de côtoyer le plus beau côté de l’humanité et le plus laid en même temps. N’oubliez jamais que tenir la main d’un enfant très malade, soutenir ses parents, les accompagner parfois aux portes du paradis est un immense privilège.  »

Caroline nous avait demandé de ne pas trop ébruiter son état de santé, car elle voulait vivre ces moments très intimes avec son amoureux et ses filles. Cette semaine, je lui ai écrit en privé pour lui demander la permission de lui rendre hommage alors qu’elle est encore là, bien en vie, avec le cœur rempli d’amour. Je lui ai demandé de me faire ce dernier beau cadeau. Caroline m’a donné la permission…

Caroline, je me permets de rendre publique ton histoire, car je veux que la société entière sache qu’ici au Québec, nous avons eu la chance d’avoir une héroïne qui a sauvé des centaines de vies. Je veux que tu saches que si aujourd’hui j’accompagne ces enfants et ces parents, c’est grâce à toi et à personne d’autre. Mon implication auprès des enfants en fin de vie et tous ceux que la Fondation des Gouverneurs soutient à l’unité de cancérologie n’aurait jamais eu la même ampleur sans ton soutien permanent et rassurant.

Caroline, je veux que tu saches que plus rien ne sera pareil maintenant, mais nous sécherons nos larmes et nous poursuivrons ta mission du mieux que nous pouvons.

Les portes du département d’oncologie se sont refermées derrière toi jeudi passé ; tu poursuivras ton chemin vers les portes du paradis où des milliers d’enfants et d’adolescents te feront une haie d’honneur pour t’accueillir…

D’ici là, tu démontreras une résilience que seules les grandes âmes sont en mesure d’atteindre.

Caroline, mon amie, mon idole, mon modèle, je t’aime et mon plus grand souhait, c’est qu’un jour, ton nom soit reconnu mondialement et cité en exemple dans l’histoire, car je sais que tu es et tu seras toujours l’une des plus grandes dames que le Québec ait connues.

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