Présidentielle américaine

Les partisans de Trump toujours loyaux

Les bonzes du Parti républicain ont beau réclamer sa tête, ses partisans, eux, sont toujours derrière lui. Un sondage publié hier révèle que malgré le nouveau tollé soulevé par d’anciens propos misogynes, les électeurs républicains veulent que Donald Trump poursuive sa campagne. Hillary Clinton, pendant ce temps, peut dire merci à cette nouvelle controverse, qui éclipse le dévoilement de ses discours prononcés devant Wall Street. Explications.

DES PARTISANS FIDÈLES

Les ténors républicains sont de plus en plus nombreux à lui demander de se retirer de la campagne. Mais Donald Trump pourra dire que ses partisans lui sont fidèles. Hier, un sondage mené par Politico/Morning Consult a révélé que pas moins de 74 % des électeurs républicains considèrent que le parti doit continuer de soutenir Trump. Le sondage a été réalisé samedi, au lendemain du dévoilement par le Washington Post de cette vidéo tournée en 2005 dans laquelle Trump se vante notamment de pouvoir attraper les femmes par le sexe parce qu’il est une « star ». Les gens sondés ont visionné la vidéo en question avant de se prononcer.

« On voit que la base lui pardonne à peu près tout, et c’est étonnant, commente Charles-Philippe David, président de l’Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal. En même temps, quand on parle aux pro-Trump, on réalise qu’ils ne croient pas ce qu’on raconte sur lui. Ils n’ont aucune confiance dans les médias et dans l’establishment du Parti républicain, et cette controverse l’illustre bien. »

TRUMP TECHNIQUEMENT INDÉLOGEABLE

Trump peut-il se retirer de la campagne à ce point-ci ? Le Parti républicain, en tout cas, ne peut le forcer à le faire malgré ses appels en ce sens. Les règles du parti prévoient une procédure pour remplacer un candidat pour des raisons de santé ou s’il se désiste lui-même, mais il n’existe aucune façon de pousser un candidat vers la sortie contre sa volonté. Le principal intéressé a réitéré n’avoir aucune intention d’abandonner. Si Trump en venait à changer d’idée, les délégations de chaque État devraient être convoquées au moins cinq jours à l’avance afin de voter pour un autre candidat. Le colistier de Trump, Mike Pence, serait alors sans doute le choix logique. Mais même si tout ça survenait, il faut garder en tête que des millions d’Américains ont peut-être déjà voté pour Trump – soit par anticipation, soit parce qu’ils résident à l’étranger. Selon le Time Magazine, les bulletins de vote affichant le nom de Trump sont d’ailleurs déjà imprimés, et il pourrait être trop tard pour les changer tous.

LES DISCOURS D’HILLARY

La controverse sur les propos dégradants de Trump a éclipsé ce qui aurait pu être un embarras important pour sa rivale Hillary Clinton : le dévoilement vendredi par le site WikiLeaks des discours qu’elle a prononcés devant les dirigeants de grandes banques et qu’elle a toujours refusé de publier. L’équipe de Clinton n’a ni confirmé ni infirmé l’authenticité des documents. Ceux-ci se présentent comme une analyse interne faite par le camp Clinton de certains extraits qui pourraient embarrasser la candidate s’ils étaient dévoilés. Clinton laisse notamment entendre aux dirigeants des grandes banques qu’elle est en faveur de l’autorégulation du milieu financier. « Les gens qui connaissent l’industrie mieux que quiconque sont ceux qui travaillent dans l’industrie », aurait-elle dit devant la banque Goldman Sachs en 2013. Clinton affirme aussi que les politiciens doivent parfois avoir « une politique publique et une politique privée » sur certaines questions. Elle s’avoue également « un peu éloignée » des défis de la classe moyenne en raison des « fortunes » que son mari et elle possèdent.

« Je ne suis pas heureux d’avoir été piraté par les Russes dans leur désir de faire élire Donald Trump. Je n’ai pas le temps de déterminer quels documents sont vrais et lesquels sont faux », a commenté sur Twitter John Podesta, chef de la campagne de Mme Clinton.

Hillary Clinton aurait reçu environ 26 millions US pour des discours prononcés devant des dirigeants de Wall Street. Son rival à l’investiture démocrate, Bernie Sanders, l’a talonnée à répétition sur le sujet, l’incitant à dévoiler le contenu des allocutions.

COÏNCIDENCE ?

L’expert Charles-Philippe David croit que ce n’est peut-être pas un hasard si la controverse sur les propos tenus par Trump en 2005 éclate au même moment que les révélations de WikiLeaks.

« C’est une interprétation personnelle, mais je pense que le camp Clinton savait très bien que les fuites de WikiLeaks s’en venaient, dit-il. La divulgation de la vidéo de Donald Trump a probablement été coulée par des gens associés aux démocrates pour faire en sorte que cette nouvelle surclasse l’autre. »

Selon l’expert, les révélations de WikiLeaks « ne seront pas aussi dommageables pour Mme Clinton que le seront les déclarations machistes et quasi misogynes pour Trump ».

AVANTAGE HILLARY

Le plus récent sondage Politico/Morning Consult accorde 42 % des votes à Hillary Clinton, contre 38 % pour Trump. Et si le sondage montre que les électeurs républicains n’ont pas perdu confiance en Trump au cours de la dernière tempête, Charles-Philippe David souligne que les indécis, eux, ont sans doute été rebutés par les dernières grossièretés du républicain. Et ce sont eux que les candidats à la présidence doivent convaincre actuellement.

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