Débat des candidats à la direction du PQ
Péladeau voit le pétrole comme un « atout majeur » pour la souveraineté
La Presse
SHERBROOKE — Une divergence substantielle au sujet de l’avenir du pétrole d’Anticosti est apparue entre les prétendants à la direction du Parti québécois (PQ), hier après-midi, lors d’un deuxième débat officiel plus studieux qu’agité.
Pierre Karl Péladeau a qualifié ces ressources « d’atout majeur pour la souveraineté », alors que Martine Ouellet, Alexandre Cloutier et Pierre Céré ne veulent pas les voir exploitées. Bernard Drainville, pour sa part, attendrait les analyses scientifiques avant de se prononcer, mais semble loin d’être fermé à l’exploitation.
Leur conversation, qui s’est tenue devant 500 à 600 personnes à Sherbrooke, a été plus cordiale que lors des débats précédents. Pierre Karl Péladeau a presque échappé à l’habituel feu nourri de ses adversaires.
Il en a profité pour présenter sa vision du développement des hydrocarbures, teintée par son nationalisme économique. « Nous allons faire le tour de cette opportunité exceptionnelle pour le Québec indépendant », a fait valoir le meneur des sondages en parlant d’Anticosti. Comme dans d’autres dossiers, il a promis de consulter les Québécois sur la question. Même son de cloche du côté de Bernard Drainville.
« Les Québécois ont le droit de savoir ce qu’il y a à Anticosti. Et par la suite, on prendra la décision éclairée qu’on voudra bien prendre. »
— Bernard Drainville
L’ex-ministre des Ressources naturelles Martine Ouellet a semblé prendre ses distances du programme d’exploration lancé par le gouvernement Marois et qu’elle avait elle-même annoncé. Elle a dit vouloir mettre une croix sur le pétrole d’Anticosti, mais pas avant une nouvelle étude du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). « Il y a plusieurs qui pensent que c’est le Klondike », a-t-elle déploré, très sceptique. Selon elle, il faut prouver le contraire avant de refermer cette porte.
De son côté, Alexandre Cloutier veut clore le dossier immédiatement. Il a souligné que le pétrole d’Anticosti serait du pétrole de schiste, un hydrocarbure non traditionnel très polluant à exploiter. « Si on veut libérer le Québec du pétrole, il faut dire non au pétrole de schiste d’Anticosti qui nécessite de la fracturation hydraulique au même titre que le gaz de schiste », a-t-il lancé.
La ligne de division entre aspirants chefs au sujet de l’oléoduc Énergie Est est à peine différente : tous les candidats s’opposent clairement au projet d’oléoduc, sauf Pierre Karl Péladeau. Ce dernier veut une « consultation » des citoyens et met l’accent sur la nécessité « d’acceptabilité sociale ». Il a toutefois ajouté que le dossier était malheureusement entre les mains d’Ottawa, une situation qui ne peut être résolue que par la souveraineté.
Pierre Céré, moins présent dans le débat sur le pétrole d’Anticosti, en a surpris plusieurs en relayant sur scène des accusations d’« ethnocentrisme » envers son propre parti au tout début du débat.
Il a ajouté que la formation politique devait cesser de faire des débats « tarte aux pommes » en abordant des sujets consensuels pour plutôt s’attaquer de front à ses démons.
« Le 7 avril 2014, c’est pas un accident de parcours. Qu’avons-nous fait pour que nos enfants et nos petits-enfants ne soient pas avec nous aujourd’hui ? »
— Pierre Céré, candidat
M. Céré a aussi relaté avoir récemment discuté avec un péquiste issu de l’immigration qui lui a confié être « fatigué par l’ethnocentrisme du Parti québécois autant que par le multiculturalisme ».
Après le débat, il a précisé qu’il faisait notamment référence aux inquiétudes de Pierre Karl Péladeau concernant l’immigration et la démographie. Ce dernier s’en est excusé quelques heures plus tard.
Au moins, « ça nous a permis de faire le débat, a affirmé M. Céré. « Mais on referme le couvercle vite. »