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Des offres adaptées aux milléniaux

Les programmes de MBA, comme les employeurs, ne sont pas insensibles à la génération Y. Ajout d’une touche entrepreneuriale, passerelles pour progresser plus rapidement, méthodes audacieuses pour attirer l’attention des étudiants : l’offre s’adapte.

Les milléniaux ne sont plus si jeunes. Nés entre 1980 et 2000 environ, plusieurs atteignent maintenant la mi-vingtaine, voire la mi-trentaine, et ils souhaitent gravir les échelons rapidement. Les programmes de MBA ne manquent pas de propositions pour intéresser cette clientèle réputée exigeante et en constant besoin de stimulation.

À HEC Montréal, on a bâti pour les étudiants au MBA une proposition à partir de deux éléments qui connaissent un pic d’intérêt actuellement dans la société : l’intelligence artificielle et le démarrage d’entreprise.

Une antenne de l’accélérateur pour les entreprises de haute technologie Creative Destruction Lab (CDL), démarré par l’école de gestion Rotman de l’Université de Toronto, a été lancée récemment.

Des étudiants au MBA mettront à profit leurs apprentissages dans les projets de ces entrepreneurs.

« L’expérience de travail avec les équipes des entreprises de très haute technologie en démarrage, où les Ph. D. sont fréquents, sera particulièrement enrichissante pour les étudiants au MBA qui travailleront aussi de près avec des anges investisseurs et des entrepreneurs chevronnés impliqués dans le CDL », explique Louis Hébert, directeur du programme de MBA à HEC Montréal.

Les étudiants au MBA sélectionnés pour l’aventure – c’est un cours optionnel – ont suivi une formation intensive pour les préparer à jouer ce rôle. Ils doivent notamment émettre leurs recommandations pour sélectionner les entreprises admises dans l’accélérateur, puis ils entreront dans la phase d’accompagnement.

Susciter des idées entrepreneuriales

L’entrepreneuriat a tellement la cote actuellement que même les gens qui n’ont pas d’idée à commercialiser souhaitent se lancer. L’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM) a sauté sur l’occasion et a mis en place, avec l’École de technologie supérieure (ETS), le projet-pilote de deux cours « Innovation et entrepreneuriat : entreprendre sans idée ». Il s’adresse aux étudiants du MBA pour cadres de l’ESG UQAM et de la maîtrise en génie de l’ETS.

« Le premier cours donne des outils aux étudiants pour faire émerger des idées et leur permettre de travailler ensemble afin de se découvrir des affinités, alors que le deuxième cours explore des moyens pour développer l’idée et la financer », explique Guy Cucumel, directeur du MBA pour cadres à l’ESG UQAM.

Le projet d’une des deux équipes formées dans la première cohorte devrait se transformer en start-up prochainement.

« L’objectif, par contre, n’est pas de créer une entreprise à tout prix ; les techniques apprises pour innover peuvent être utiles en entreprise », précise M. Cucumel.

Améliorer les compétences communicationnelles

L’EMBA (MBA pour cadres) McGill – HEC Montréal a choisi pour sa part de mettre l’accent récemment sur les compétences communicationnelles.

« Gérer signifie aussi communiquer, et plus on monte dans la hiérarchie, plus c’est crucial, parce qu’on doit communiquer clairement des messages à un grand nombre de personnes qui les relayeront ensuite aux différentes équipes », explique Alain Pinsonneault, codirecteur de l’EMBA McGill – HEC Montréal.

Des ateliers ont été ajoutés pour permettre aux gestionnaires d’améliorer leurs habiletés communicationnelles. Par exemple, pour apprendre à bien structurer une présentation orale sur un problème complexe, ou encore pour établir une bonne présence devant son auditoire.

Les étudiants pourront utiliser ces outils lors d’une présentation orale évaluée qu’ils doivent faire dans le cadre d’un cours.

Les étudiants ont aussi la chance d’améliorer leurs compétences à l’écrit. On leur demande notamment de s’exercer à rédiger des sommaires décisionnels pour leurs travaux finaux.

« C’est environ une page qui résume les enjeux abordés et les principales recommandations qui doit convaincre le dirigeant de passer à travers le document, explique M. Pinsonneault. Des gestionnaires expérimentés lisent ensuite les sommaires et donnent leurs commentaires à nos étudiants. »

Avancer rapidement

L’Université Laval, qui permet de suivre un MBA complètement à distance, tente aussi de bonifier les expériences vécues par ses étudiants et de maximiser leurs résultats.

« Les jeunes aujourd’hui ont souvent commencé à travailler très tôt dans des emplois intéressants, ils ont une bonne idée d’où ils veulent aller et ils veulent avancer rapidement », remarque André Gascon, directeur des programmes de MBA à l’Université Laval.

Les passerelles, qui permettent de suivre jusqu’à quatre cours lors de différents baccalauréats qui pourront être crédités au MBA, sont l’une des stratégies mises de l’avant.

Les doubles diplômes, obtenus après une année à l’Université Laval et une année dans une université française, de même que les universités d’été offertes dans différents pays, gagnent aussi en popularité.

Mais l’Université Laval ne s’arrête pas là dans sa réflexion en vue de mieux saisir ce que veulent les milléniaux. Elle se penche notamment sur les possibilités offertes par la « ludification ».

« On commence à développer des petits ajouts non crédités à la formation, par exemple en matière de présentation orale, qui pourraient donner des badges virtuels, comme dans les jeux vidéo, explique M. Gascon. On pense que ce serait une façon efficace de motiver les milléniaux à améliorer des compétences complémentaires au programme qui sont recherchées des employeurs. On arrivera avec des propositions concrètes prochainement. »

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