PME Innovation

Le projet scientifique auquel personne ne croyait

Ses professeurs n’y croyaient pas. Son cofondateur n’y croyait pas non plus.

Or pour Antony Diaz, 20 ans, il ne reste maintenant plus que le grand public à convaincre que son invention pour recharger un téléphone intelligent à partir de l’énergie du corps fonctionne vraiment et vaut la peine.

C’est dans le cadre d’un projet de science en 5e secondaire que débute l’histoire d’Uvolt.

« Je voulais utiliser mon corps pour charger mon téléphone, raconte Antony Diaz. Mais mes professeurs ne croyaient pas à l’idée, ils disaient que c’était irréaliste pour un jeune du secondaire. J’ai dû tout faire à la maison. »

Assis devant son ordinateur, le jeune homme a trouvé les matériaux et les pièces dont il avait besoin, puis a suivi des cours en ligne sur l’électricité ou la soudure pour finalement produire, cinq mois plus tard, un prototype fonctionnel de chargeur de téléphone alimenté par simple contact avec la peau, grâce à la chaleur du corps.

Grâce entre autres au député Marc Garneau, qui a vu son projet dans une Expo-Sciences, il a pu présenter son projet à d’autres événements, dont la finale québécoise des Expo-Sciences, où il a reçu le prix de la Fondation canadienne de l’Institut des ingénieurs en électricité et en électronique (IEEE).

Bref, un projet de sciences parfaitement réussi. Mais pour Antony Diaz, il n’était pas question de s’arrêter là.

« Je savais que la meilleure façon de transformer mon projet en quelque chose de concret était l’entrepreneuriat. Sauf que je connaissais la techno, mais rien à l’entrepreneuriat », dit-il.

« Je comprenais qu’il fallait soit de l’argent, soit des contacts et, comme jeune immigrant [NDLR : il était arrivé de Colombie quatre ans plus tôt], je n’avais ni l’un ni l’autre. »

— Antony Diaz

Encore une fois, c’est en autodidacte qu’il aborde son projet entrepreneurial, en commençant à fréquenter les événements et les endroits de prédilection de la communauté entrepreneuriale montréalaise : MTLNewTech, maison Notman, District3, etc.

LE CÔTÉ ENTREPRENEURIAL

C’est finalement lors de la finale d’un concours organisé par la Jeune Chambre de commerce qu’il a rencontré un autre entrepreneur, Marc-Antoine Bonin, lui aussi âgé de 20 ans.

À 20 ans, Marc-Antoine en était déjà à sa deuxième entreprise. Après les vêtements de sport, il s’apprêtait à vendre À l’affût, son réseau de représentants pour les microbrasseries.

« J’ai été vraiment impressionné par le projet d’Antony. Je n’y croyais pas au début », confie-t-il.

Les deux jeunes hommes ont rapidement réalisé qu’ils comblaient des besoins mutuels et se sont lancés en affaires en juin dernier.

« C’est difficile de trouver des gens sérieux quand tu as 19 ans. Ç’a toujours été un problème dans mes deux entreprises, les gens ne travaillaient pas assez fort. »

— Marc-Antoine Bonin

Les rôles du tandem sont clairs. Marc-Antoine, qui en est à sa deuxième année de gestion à McGill, s’occupe du volet affaires tandis qu’Antony, toujours au cégep, s’occupe de la technologie.

Deux designers se sont joints à eux en échange de ristournes dans un éventuel financement participatif. Depuis janvier, grâce à sa collaboration avec l’incubateur District3, Uvolt peut aussi compter sur trois ingénieurs.

Le concept du bracelet Uvolt a aussi évolué. Le prototype fonctionnel dont dispose actuellement l’équipe utilise la chaleur du corps, le mouvement et la lumière pour recharger une pile que l’on peut retirer et brancher dans un téléphone.

Son concepteur estime que 16 heures d’utilisation du bracelet permettent de recharger environ 20 % de la pile d’un téléphone intelligent.

« L’utilisateur n’a pas besoin de faire quoi que ce soit qu’il ne ferait pas normalement », insiste le créateur.

Quelques étapes séparent encore le bracelet Uvolt de son éventuelle mise en marché. D’abord, il faut miniaturiser la technologie pour l’incorporer au bracelet. Puis il faudra trouver un fabricant et, finalement, lancer une campagne de sociofinancement, une étape devenue incontournable pour de nouveaux produits de ce genre.

QUI : Antony Diaz, Marc-Antoine Bonin et une demi-douzaine de collaborateurs.

L’IDÉE : un bracelet qui permet de charger un téléphone intelligent à partir de l’énergie du corps.

L’AMBITION : démocratiser les énergies renouvelables en les rendant accessibles dans la vie quotidienne. « Le bracelet n’est qu’un début », annonce M. Bonin.

ILS Y CROIENT ET Y ONT INVESTI DE L’ARGENT : les deux cofondateurs.

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